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Pride & Prejudice

Temps de lecture / Reading time : 3 minutes.

– Bonjour, je voudrais deux places pour Raison et Sentiments siouplé.
– Voui, ça fera [super cher] siouplé.
– Ok, par carte bleu siouplé.
– Merci. Euh, c’est pour quel film ? Orgueil et Préjugés ?
– Euh, oui, haha, pardon. (grmbl, sté rikolo pourtant)

J’ai donc lu un livre ce mardi – jour béni du RTT. Lu, car tandis que je m’énervais après certaines propensions naturelles de certains personnages, ma demoiselle me soufflait « mais c’est comme dans le livre, tu sais ». Gn.

Cétébo. Non, vraiment, Keira est toujours plate comme une limande et, à ce qu’on m’a soufflé, Matthew McFedayen (il sort de Dune ?) ne vaut pas un bon Colin Firth qui, dans la même scène du petit matin en version BBC, portait apparemment fort bien la chemisette trempée par la rosée fraîche et présente, mais qu’à cela ne tienne, ça déchirait pas mal sa maman. Je le dis, P&P poutre.

Poutre, car c’est magnifiquement bien tourné. Les images sont très belles, parfois de vrais tableaux, et l’on se prend à attraper un rhume à la place des personnages qui passent des heures à marcher dans l’herbe humide, à se balader dans la campagne au petit matin, ou à deviser joyeusement tandis que la pluie tombe sur eux. Quelle abnégation pour l’Art.

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Poutre, car les personnages sont campés comme c’est qu’il le faut, yo. La grande soeur (Rosamund Pike : mon Zeus !, elle a joué la méchante au sabre dans un Bond, et un premier rôle dans… wait for it… Doom ! soupir) est effectivement la plus jolie et mariable du lot, Kiera est on ne peut plus garçon-manqué, les deux autres sont des greluches et la dernière très, euh, « élisabéthaine victorienne », la mère est à baffer et le père paisible à souhait (aaah, Donald Sutherland…), Mr. Darcy pose son regard de merlan frit sur l’univers campagnard avec un dédain superbement détestable, Bingley est en gentil gentil et Kelly (oui, elle comme Kiera sont des copines, je les appelle par leurs prénoms si j’veux) pique toutes les manières de Darcy, que c’en est à les confondre.

Poutre, parce qu’in extenso, on entre dans le jeu grâce aux acteurs. Combien de fois ai-je levé la main d’énervement ou d’impatience, alors qu’ils jouaient tel qu’il le fallait, selon le contexte historique et social ? Surtout la mère, j’veux dire. Prête à tout pour marier ses filles, et les sauver ainsi du déshonneur (et accessoirement, de la faillite) familial.

Poutre, car les quelques libertés prises avec l’oeuvre originale permettent, tout en gardant le côté triste et contrit nécessaire à tout film d’époque, de gagner en peps et, oui, en humour. Jane Austen qui fais de la comédie romantique, apparemment ça ne se fait pas, mais ça marche : on s’énerve quand ça n’avance pas, et on sourit quand tout va bien. L’essentiel du livre en fait une comédie romantique d’excellente facture, comme les anglais les font si bien en fait.
[ah, on me souffle en coulisse qu’en fait si, les livres d’Austen ne sont pas austères, mais bien des comédies romantiques. Dont acte.]

Poutre, enfin, parce que bordjel ça fini BIEN. Mais oui, pendant tout le déroulement on se dit « c’est tiré d’un bouquin écrit par une anglaise, ça va forcémently finir par un désespoir, une trahison ou un avalage de cachets, spabossib’ que ça se passe bien, tout çaaaa euh ». Et ben si, ça fini bien (attention, spoiler, au fait), et le père est magnifique, et en plus on profite de la version anglaise du flim, ce qui nous évite la fin sirupeuse de la version d’outre-Atlantique.

Donc, c’était fort bien, et j’ai apparemment une sensibilité de jeune fille. Discussion post-film :

– T’as aimé ?
– Oui, beaucoup.
– Ah ? C’est marrant, c’est plutôt un film de fille.
– Mais grâve.
– Elles viennent écraser une larme en pensant au beau Darcy.
– Clair.
– Non, c’est marrant que t’ai aimé. Limite inquiétant. Déjà que t’as aimé Brokeback Mountain…
– Bin, oui, dans les deux cas, c’est des histoires d’amour.
– Voui, du truc de midinette…
– Et bin p’tet qu’un changement en moi s’opère, que veux-tu 🙂 Je suis prêt à regarder le flim précédent, là, avec l’autre abruti…
– Bruce Willis ? 🙂
– Non, là, celui qui joue dans « Senseï Sinsimnissi »
– « Sense and Sin City » ? 😉 [d’où son « Bruce Willis ? » précédent, l’est kro forte ma nLN]
– Haha, yes, « Sense and Sim City », excellent. 😀 [oui, chacun rit d’une blague différente, là, oui]
– Encore une truc que tu vas mettre sur ton blog…
– Euh, oui.

2 réponses sur « Pride & Prejudice »

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