Depuis bientôt deux ans que je travaille à Suresnes, j’ai régulièrement et délibérément choisi de ne pas déjeuner « avé les collègues » pour me prendre un sandwich et m’installer sur le quai, en bordure de Seine, à regarder les péniches plus ou moins vides passer et à nourrir les canards – et accessoirement les prendre en photos. Il y a rarement du monde, et l’endroit est si stratégiquement placé que l’on pourrait presque y bronzer les jours de soleil.
Comme aujourd’hui.
Ce n’est pas forcément la chaleur qui entre dans le train Paris-Suresnes qui indique l’arrivée du printemps, mais bien le nombre de personnes venues s’installer sur MON quai, parfois même à MA place, au mépris total du fait que je suis le seul dans les « mauvaises » saisons à m’y installer et à nourrir les canards. Un simple soleil, et pfffuit, l’endroit est envahi de badauds, cherchant de manière éhontée à grappiller un peu de MON soleil que je ME suis réservé tout au long de mois précédents – où pas un seul d’entre eux n’est venu s’occuper des couin-couins.
Obligé de me dérouter vers une place de troisième zone dont ils n’ont pas voulu (et pour cause, vu l’étron desséché mais néanmoins canin (hopefully) qui réside à proximité), je garde la tête haute, lance la lecture d’un album d’Elysian Fields, fait face au soleil, ferme les yeux et scronch’ mon sandwich crudité-poulet.
Groumpf.
Au printemps, les gens poussent comme des champignons.