Il est mal rasé. Pas dans le genre « ça fait trois jours que je ne me suis pas rasé », mais plutôt « je me suis rasé, mais avec la buée sur la glace, je ne voyais rien, alors j’ai fait ce que j’ai pu ».
Il a de grosses chaussures aux pieds, ce qu’on pourrait appeler des « écrases merde », probablement des Caterpillar, recouvertes par un jean’s bleu foncé terminé d’ourlets visibles.
Il porte un blouson en cuir foncé, ou simili, trop grand pour lui et informe, ce qui ne le met pas particulièrement en valeur. Je vois, dépassant de sa poche intérieure droite, un exemplaire de 20 minutes plié en deux dans le sens de la hauteur, coincé par un gros livre de poche dont la couverture gris métalisé m’indique qu’il provient d’un éditeur de S.-F./Fantasy bien connu.
Il a des écouteurs d’iPod aux oreilles, branchés dans une Nintendo DS. À son pouce gauche, je découvre le plastique noir servant à jouer sur l’écran tactile.
Il ne fait pas attention à son entourage, sauf peut-être à la jeune fille assise en face de lui, très rapidement, le temps du changement de niveau peut-être.
Je crois que ce soir, j’ai passé mon trajet de retour assis près d’un geek.
Il descend du train en même temps que moi.
Ou alors, un moi avec des gadgets en plus dans les poches.