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24 ans + 1

Temps de lecture / Reading time : 2 minutes.

Ce lundi 27 juin a marqué le passage du quart de siècle pour celle qui détient nombre de parts dans l’entreprise de mon coeur (snif).

Que me sois donné ici l’occasion de lui témoigner tout mon soutient pour cet épreuve, et la rassurer sur ce qui arrive. Les cheveux qui tombent, les bougies dures à souffler, les McDo qui ne se digèrent plus que mal sont autant la marque d’une maturité soumise à rude épreuve que celle d’une sagesse acquise à force de patience (celui de laisser passer quelques années). Du haut de mes 28 ans, j’observe et comprend ma belle amie qui, comme moi, préférerait certainement qu’on évite de la voir comme passant un cap.

Ce qui n’aide pas, évidemment, ce sont les sempiternelles publicités pour des offres « pour vous les jeunes de moins de 25 ans », les affiches du cinéma indiquant que « votre heure est venue », un inconnu dans la voiture d’a côté qui apprend à qui veut l’entendre que « l’horloge a tourné »… Rassure-toi mon amour, à l’arrivée de tes 26 ans, si tu n’es pas encore tombée dans une dépression, la SNCF t’annoncera pas courrier que « vous êtes trop vieux », manière subtile et très commerciale d’annoncer que si tu ne l’avais pas remarqué, tu n’as plus droit à la carte 12-25 (en plus de toutes les autres réductions liées à l’âge et aux études). Peu après, ce seront les impôts, et avant que tu n’ais eu le temps de dire « JE SUIS JEUNE BORDJEL! », paf tu as trente ans 😉

Mais que diable, foutons-nous des numéros! Je ne suis pas de ceux qui regardent la carte d’identité pour constater la vivacité d’un esprit, et je sais que coule toujours en nous, et pour quelque temps encore, cette sève fébrile qui anime nos jours et remue nos nuits, cette envie de profiter des moments que nous partageons, et cette étincelle de malice qui démontre que nous ne serons pas vieux avant de l’avoir décidé. La jeunesse de l’esprit doit être plus fort que le passage d’une date qui en fait ne correspond pas à grand-chose. Profitons!

Bon anniversaire, jeune fille 🙂

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Postrock envy

Temps de lecture / Reading time : 4 minutes.

« Rhâh, où j’ai foutu ma sangle ».

Cela fait une poignée de semaines que je me suis enfin décidé à rejouer dans un groupe. Mon expérience précédente (la première en la matière) m’a beaucoup apporté, surtout humainement, mais s’est terminée de manière si explosive que je ne me sentais probablement pas de rebâtir sur ces ruines fumantes.

Après avoir entré une annonce sibylline parmi celles du site Zikinf, je cherche pour ma quenotte de quoi mordre, via le tapage de mots-clefs comme « postrock » ou « explosions in the sky » dans leur moteur de recherche. En effet, s’il serait amusant de jouer simplement dans un groupe de reprises pop-rock et de ne pas trop se prendre la tête, j’ai quand même envie de faire fonctionner le ciboulot, et trouver un groupe qui corresponde à mes goûts musicaux devient donc un prérequis pour mon grrrand retour sur la Scène Musicale Française.

J’ai donc répondu à une annonce qui me semblait extrêmement aguicheuse, la coquine, jugez donc :

« groupe sans basse »
Bonjour, le groupe est composé d’un guit., d’un batt., d’une groove box et d’un chanteur. Nous voulons monter un groupe aux influences post rock/émo/stoner.
(inf : explosions in the sky, far, sigur ros, radiohead, queens of the stone age, PJ harvey).

_Nous aimons les ambiances entre accalmie et montée en puissance.

_Nous voudrions donc développer quelques idées et composer toujours plus mais… à 5.

_Donc si vous êtes intéressés, n’hésitez pas.

Dernière précision, nous avons 24/26 ans.
Merci.

Miam! Bon, mis à part que je ne connais QOTSA que via leurs récents singles, et que Far ne m’évoque qu’un gâteau breton (hahaaa…), tout ceci semble pile-poil pour mes petits doigts graisseux. Emo, Stoner, bon, des styles de musiques qui ne me sont que faiblement connus, mais je suis quelqu’un d’extrêmement très ouvert malgré un aspect bourru, mais néanmoins sympathique lors des premières rencontres, aussi me dis-je que, allons, vaille que vaille, la vie ne vaut d’être vécue qu’une seule fois, et pas avec le dos du dès à coudre, si possible. Je mail.

La réponse arrive, les discussions préliminaires se font, les identifiants MSN s’échangent, ainsi que les fichiers musicaux pour juger des capacités de chaque partie. Enfin, rendez-vous est pris, dimanche à 22h, pour un répèt’ de 2 heures dans un studio du Blanc-Mesnil nommé « La Cuisine ». Soit, écourtons nos crêpes dominicales pour la sauvegarde de l’exception musicale française.

Et me voilà donc, 10 minutes avant de prendre la voiture pour faire rugir son moteur sur l’A86 sauvage quoiqu’urbaine, en train de chercher la sangle de me basse. Que je ne trouve pas. Que je pars sans elle, tant pis, je pourrais sûrement en emprunter une à l’accueil du studio, comme à la Luna Rossa. Bah.

Je me mets en route, pile pour la durée de l’itinéraire donné par mappy, ‘pas le droit de me planter de direction.

Bon. Je me plante, je prends la sortie juste avant, téléphone, « lol oukejvé ptdr!!! », j’arrive, je me gare dans la parking, on me dirige vers le studio du fond, j’entre.

Gros blanc.

– « Bien le bonsoir, c’est vous qui attendez un ‘Xavier’ ? ». Sourire, avoir l’air cool et pas relou. Bassiste, quoi.

OK, c’est le bon studio, je m’installe, pas de sangle à l’accueil mais des boules Quies, c’est déjà ça, mais j’ai vais devoir jouer assis, pas très rock’n’roll. Papotage de la part du batteur, tête de geek/metaleux mais en fait pas du tout geek, les deux autres font leurs réglages, bon.

Ils jouent, un morceau, deux morceaux, je suis du mieux que je peux, ça reste dans les variations de Ré (l’accordage de la guitare – enfin, dropped-D, quoi), j’aime bien. Particulièrement une chanson que j’accroche bien. On termine par une « impro » lancée par moi : le gratteux m’a entendu tester mon son avec le riff de « Wandering Star » de Portishead, me demande de partir là-dessus, ils enchaînent, c’est cool.

Minuit passé, séparation sur le parking, ils me tiennent au courant, z’ont l’air satisfaits, bon. Content moi aussi, ils sont dans le même esprit que moi, tant musicalement que dans les objectifs (= fun + scène, pas franchement pour être pro).

Boulot le lendemain, pour voir je vais sur le site d’annonce, on ne sait jamais, d’autres fans de postrock ? Tiens, un groupe cherche un bassiste, je clique pour voir (voui, vu mon échec cuisant lors de mon audition pour Sourya (bien mérité), je me sens p’tet plus de tester en tant que bassiste que guitariste. Question de confiance dans son jeu. Mmmph).

La même annonce. Genre même référence, mêmes phrases, même tout. En gros l’annonce à laquelle j’ai répondu, remise en ligne le _lendemain_ de mon audition. I have a bad feeling about this. Vérifions :

Hello,

Dois-je prendre ça comme un « ça ne va pas être possible ? »
Ou continuez-vous de faire passer des auditions ?

Xavier

Aucune réponse. Je finis par croiser le sampleur sur MSN, qui me dit que non, c’est juste qu’ils veulent continuer à voir des bassistes avant de prendre une décision… Fair enough, j’aurai aimé qu’ils soient clairs là-dessus, mais bon, c’est comme ça que ça marche quand un groupe cherche un nouveau membre. Je ne suis pas fan d’être vu comme plan de secours, mais les mp3 de la session qu’il m’envoie me bottent, donc ça reste cool.

Et jeudi tombe la réponse :

salut xavier,

pour répondre à ton e-mail, lorsque nous avons republié l’annonce c’était surtout pour continuer à rencontrer d’autres bassistes en attendant de prendre une décision.
Depuis nous avons eu le temps d’en parler, et je peux te le dire à présent officiellement, la répète était bien, mais nous cherchons quelqu’un avec un son peut-être plus personnel (effets etc…).
Voilà, merci et bonne continuation.

En langue entreprise, ça se traduit comme ça :

Monsieur Borderie,

Merci pour votre candidature pour un poste de bassiste chez nous.
Nous regrettons de ne pouvoir y donner suite, du fait que nous cherchons quelqu’un que se prenne plus la tête avec son instrument, tout en ne cherchant pas à devenir professionnel.
Bon courage dans vos démarches.

Avec nos salutations les meilleures.

Voilà, c’est la loi des auditions, ils voulaient quelqu’un avec une basse ET des pédales, ç’aurait été cool de le préciser, mais je ne vais pas leur courir après. Reste ce mp3 que j’aime beaucoup, que je me passe dans la tête ici et là, c’est con, j’aimais bien.

Mais ne nous arrêtons pas là et rendons la chose publique :

JH 28 TTBM ch grp postrock infl. EITS, Mogwai, Slint voire GY!BE pr jouer guitare/basse. Sérieux acceptés, sachez simplement je veux pour le moment juste remettre un pied dans la musique, ça me démange. Le fun avant tout, la scène si possible, passer pro euh ne rêvons pas trop loin.

Ecrire au journal qui transmettra.

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ParisCarnet23

Temps de lecture / Reading time : 3 minutes.

[défi : écrire en 5 minutes un bidule sur ParisCarnet]

Les blogs sont formidables. Les réunions mensuelles du ParisCarnet en sont la preuve. L’on y retrouve des gens qui ont appris à être vrais, la plupart du temps, et qui font fi de ce qu’ils sont au quotidien pour de nombreuses gens. Blogger serait-il un révélateur de personnalité. Suis-je plus intelligent, plus intéressant, plus sociable parce que je blog ? Ou le blog est-il au contraire le résultat de ces états de fait en moi (car, ne nous voilons pas la face, je SUIS très intelligent, ce qui fait de moi quelqu’un de très intéressant, et par extension les gens sont attirés vers ma conversation comme une étoile vers un trou noi… euh, comme une abeille vers le pistil. Tout s’enchaîne).

Tout s’enchaîne, donc. Et de la manière la plus naturelle qui soit, car quel intérêt de se cacher, ou de s’inventer même, face à des gens qui, potentiellement, lisent déjà les pensées publiées, et en on tiré une interprétation sûrement plus proche de la réalité, que ce qu’une Missed Connection de Craigslist SFO pourrait apporter. Tiens, il est plus petit que sur son blog/son wiki/sa webcam. Tiens, c’est lui qui écrit ces textes acerbes et géniaux, mais on dirait un geek mal dans sa peau! Boudi, pourquoi n’étais-je pas éveillé de la sorte à leur âge ? Diantre, parlerai-je aussi librement à un gamin inconnu comme moi quand j’aurai son âge, ou finirai-je vieux con imbu de lui-même ? Fichtre, on me lit, on connaît même mon nom, vite, dire quelque chose d’intelligent, say something, ANYTHING.

Ce grand brouhaha social et houblonné qu’est la réunion Paris Carnet mélange les genres (dans tous les sens du terme), les âges, les couleurs, les goûts, les croyances. Il sont volubiles, timides, affamés, abreuvés, geek, poètes, photographes, dessinateurs, amoureux. Quand certains sont au centre d’un groupe et de ses attentions, d’autres errent à la recherche d’un visage connu ou qui le reconnaîtrait, voire restent debout, là, à apprécier de faire parti de cet ouragan équitable. Les groupes se forment, se dissolvent, passent d’un sujet à l’autre, échangent des expériences, des idées, des envies, des savoirs! Sans autre règle que d’être là.

– Bonjour, vous venez pour les blogs ?
– Euh, non, je viens boire un verre.
– Sans problème, c’est par là.

– Bonjour!
– Euh, bonjour. Je viens juste boire un verre.
– C’est par là, au fond à gauche.
– Euh… C’est une soirée spéciale, y’a un mot d’passe ?
– Nonon, allez-y, on prend juste le frais.

– Bonsoir.
– Bonsoir ?
– Vous étiez au ParisCarnet ce soir, non ?
– Euh, oui, vous aussi ? Vous avez un blog ?
– Oui, bonsoir, « xavier.borderie.net », gn.
– Ah, c’est sur la page de ParisCarnet ?
– Oui. Bon, nous habitons la même ville donc 🙂
– J’irai voir votre blog.
– Moi aussi.
– Bonne soirée.
– Vous aussi.

Est-ce un mensonge ? Sommes-nous réellement tous des amis, capables de s’entendre sur tous les sujets possibles, et d’autres impossibles. Partageons-nous simplement un idéal de liberté dans les relations sociales et l’épanchement collectif ? La magie se briserait-elle si nous les rencontrions plus souvent ? Sommes-nous à part ? Sommes-nous une révolution sans préjugé, un avenir sans faille, ou connement, des gens qui ne se prennent pas la tête à savoir qui tu es, d’où tu viens, ce que tu as fait ?

Tu as une histoire à raconter ? Je suis tout ouï, assieds-toi, parlons.
Tu as entendu un mot-clef, qui titille ton envie d’écouter ? Voici une chaise, joint toi à nous.

Tout est tellement simple. Pourquoi ne pourrions-nous pas entrer dans une conversation et en sortir aussi simplement dans La Vie Réelle ? Pourquoi se cantonner à laisser traîner une oreille dans le métro, un regard dans la foule, une pensée sur un comportement ?
Peut-être ces réunions marquent-elles un nouvel élan de la sociabilisation humaine, un renouveau dans l’échange de savoirs ou, tout simplement, de connaissances. La gangrène prend, petit à petit. Ceux habitués à ne pas avoir voix au chapitre prennent part à la discussion mondiale, que ce soit pour parler de tricot, de lapins ou d’eux-mêmes. Je pense car je suis, et vice-versa.

[7 minutes, 32 secondes. L’art d’écrire sans réfléchir]