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Spleen

Temps de lecture / Reading time : 4 minutes.

Je suis au coeur d’un dilemme. Grosso modo.

Je vous présente Spleen. Spleen est un artiste français qui est en train de faire son trou au moment même où je vous parle écrit. Autoproclamé (je suppose) « Nouvel enfant terrible du hip-hop français », il a remporté le troisième concours CQFD (Ce Qu’il Fallait Découvrir) du magazine Les Inrocks (souvenez-vous, le gagnant de la première édition était Syd Matters, une sorte de Sourya en plus mou), a sorti dans la foulée son premier album « She Was A Girl » et fait la première partie du 5 novembre du festival des Inrocks à La Cigale ainsi que le festival Indétendances de la Fnac, a tourné avec Keziah Jones, a chanté une piste (ou deux) de la BO des « Poupées Russes » , est super-pote avec CocoRosie et tout la bande des neo-folk/lo-fi/hippie-yeah actuels (Devendra Banhart, Antony & the Johnsons…), fait des concerts qui m’ont l’air bien sympathiques, et indique bien sur ses flyers et son site qu’il cherche un appart’.
Il a par ailleurs plusieurs cordes à son arc, vu qu’il fait également du théatre : on pouvait le trouver fin septembre/début octobre 2005 au Théatre des Abesses, jouant Jean-Michel Basquiat face à Denis Lavant (mais si, vous savez, celui qui joue un taré dans la vidéo « Rabbit In Your Headlight » de Unkle).

Par ailleurs, je ne suis en fait pas si éloigné que ça du gaillard. Car Spleen, c’est le rappeur du groupe Heez-Bus, c’est à dire probablement un pote de Claire et Hamilton, vu que Scarecrow (ancien nom de Meeting Quotations) et Heez-Bus ont partagé la cave du B’Art Alive, lors d’un des derniers concerts où nous avons été invités. C’est probablement lui qui avait, du coup, tenté ce soir-là une impro rappée avec le nouveau batteur de Scarecrow, commençant par « C’est un batteur / Il bat avec son coeur… ». Nonobstant cela, Heez-Bus a eu son petit succès, jusqu’à l’ile de la Réunion face à Asian Dub Fundation.
Mais encore, je crois bien avoir vu son album chez Mathieu ; se pourrait-il que son producteur, Jem, soit notre bon « James », dont je ne connais finalement pas le nom officiel ? Mmmh, p’tet que je cherche trop loin là… [update quelques semaines plus tard : si, c’est bien lui!]
Continuons : tout comme Claire, il a posé sa voix sur certaines pistes de l’album « If I… » du groupe (ou projet ?) Zerowatt, où officie aujourd’hui notre bon Édouard – qui doit d’ailleurs se débrouiller pour émuler toutes les voix mâles en live.

Bon, résumons-nous : Spleen est un jeune qui travaille sur son art, commence à être reconnu, et a croisé un bon nombre de mes connaissances, proches ou éloignées. Où se situe ce dilemme dont je parlais plus tôt ? C’est simple.

Sa reprise de Karma Police est à hurler de rire.

Entendons-nous bien : le bonhomme a une bonne voix, certainement de bonnes idées, et est enthousiaste. Rien de négatif là-dedans, et je lui souhaite tout le succès possible.

Mais mettons-nous en situation. Ma douce et moi nous trouvons en voiture, direction Meaux pour les 30 ans de mon grand frère. Probablement par overdose de FIP, nous avons mis Ouï FM, qui apparemment passe le samedi des sessions acoustiques. Fort bien. Le DJ de lancer, en gros, « Voici la version de Spleen de ‘Karma Police' ». En bons ex-fans de base de Radiohead, nous montons le volume pour mieux apprécier la chose. Guitare sèche, seule, les premiers accords commencent, un peu comme je le ferai sur la plage de La Londe.

Puis il se met à chanter.

Non, sérieusement, mettez-vous à notre place : même en étant ouvert d’esprit et tout, Radiohead, c’est des chansons humbles et un chant épuré. Là, notre bon ami nous a fait une reprise avec une voix tellement grave et profonde qu’à côté même Arthur H. peut donner l’impression de n’avoir jamais fumé. Oui, ce n’est pas un chant grave, mais plutôt fumeux – j’essaye de l’imiter, je m’assèche la gorge en deux secondes et suis obligé de tousser.

Surtout, connaissant apeuprè les capacités lyriques vocales du personnage, je me doute que c’est voulu : il aurait très certainement pu reprendre un chant plus aigu, mais a choisi, pour _sa_ version, de faire du Tricky puissance 10. Et, sachant cela, forcément, je me dit, « poseur ».
Oui, je me rend compte que traiter de poseur quelqu’un qui se fait appeler Spleen peut sembler être une évidence (je n’y peux rien, dans mon esprit « spleen » = Baudelaire, et quiconque tenterait de se l’approprier… bref), mais voilà, c’est la pensé qui m’est venue en écoutant cette version.

Pour LN, c’était une autre pensée. J’ai dû lui affirmer que oui c’était très sérieux, non le chanteur ne faisait pas une blague – le petit beat-box final l’avait convaincue que Spleen détournait la chanson à des fins probablement ironiques. Cela dit, c’est peut-être le cas, hein…

Donc nous y voilà. Je me mets probablement Spleen à dos en tapant cela, et avec lui quelques potes proches et éloignés, tout en m’interdisant toute velléité future d’intégrer le monde de la musique et de montrer mes non-talents de chanteur au monde, mais hop, tant pis.

Cher Spleen, bien malgré toi tu nous as mis un grand sourire aux lèvres pendant 5 minutes, au point de me faire presque rater ma sortie d’autoroute, et pour cela, nous te remercions.

Spleen, « She Was A Girl« , 18,28€ à la Fnac.

6 réponses sur « Spleen »

ton commentaire et en accord avec celui de ma femme. www.spleen-shewasagirl.com

                                           elle trouve que je ne sais pas chanter.

Bon, en tout les cas merci d'avoir fait cette critique le jour de mon anniversaire. Ce soir aura ete comme les 22 precedents decevant.

                 pardonnez moi je ne suis qu un rappeur qui se plait a chanter

                                                          humblement

                a bientot,

s.

Je trouve que ta femme est bien dure avec toi, Pascal. Et je ne suis pas de son avis, malgré ce que tu as pu comprendre dans mon texte. Je n’ai en effet jamais mis en doute tes capacités à chanter, bien au contraire : si tu me relis, tu verras « le bonhomme a une bonne voix, certainement de bonnes idées, et est enthousiaste » ou « connaissant apeuprè les capacités lyriques du personnage, je me doute que c’est voulu ». Par cette seconde phrase, d’ailleurs, je n’ai jamais voulu dire « il chante comme ça pour dissimuler son manque de talent », mais bien « je sais qu’il dispose d’une palette vocale assez large, donc son chant est certainement voulu ».
En effet, je suis convaincu que tu aurais pu reprendre la voix de Thom Yorke sans problème – seulement, ça ne t’aurai pas démarqué de la masse des zikos qui ont repris Karma Police, donc cette voix enfumée que tu as pris pour ta reprise, je suppose que c’était une manière de mettre ta marque sur la chanson.

Je ne peux en revanche pas retirer le fait qu’on était amusés : autant ton chant est juste et intéressant, autant dans notre esprit il ne cadrait pas du tout avec l’idée que nous avions de la chanson ou du groupe (d’où ma phrase, « Radiohead, c’est des chansons humbles et un chant épuré »). Nous sommes deux ex-fans de base de Radiohead, et entendre la chanson avec une telle voix, bin oui, ça ne cadrait pas, ça nous a fait un grand sourire. Donc ce ne sont pas tes capacités vocales qui sont en cause ici, mais son utilisation. Reprendre du Arthur H. comme ça, sans problème, mais du Radiohead, ça surprend trop. Ajoutons que je ne sais pas chanter, et suis bien a mal pour t’imiter avec cette voix (« j’essaye de l’imiter, je m’assèche la gorge en deux secondes et suis obligé de tousser »), tu comprendras que tu n’as rien à craindre de moi 🙂

Bon, je dois bien avouer, ton commentaire est méga-tristouille, et si tu as lu mon post le soir de ton anniversaire, je peux comprendre ton spleen, pour le coup. Je m’attendais un peu à ce que tu tombes dessus, car j’ai déjà lu une participation de ta part sur un autre blog, et que je voyais de temps à autre des gens tomber sur mon site avec la recherche Google « spleen chanteur » ou « spleen rappeur », ça ne pouvait pas rater. D’ailleurs, juste après avoir reçu ton commentaire, je suis allé voir mon outil de repérage Google, justement, et je n’y ai trouvé aucune trace d’une recherche sur ton pseudonyme. De fait, trois possibilités :
– tu as lu mon post il y a longtemps, et tu t’es décidé à y répondre ce soir. Étonnant.
– un ami t’a envoyé l’adresse du post par mail. Pas cool de sa part, le jour de ton anniversaire…
– l’outil n’avait pas encore pris en compte ta recherche. Possible.

Bref, bon anniversaire à toi, Pascal, et je te souhaite sincèrement de lire à l’avenir des articles moins railleurs à ton sujet.

-x.

J’aime bien ce type de critique à la fois drôles, respectueuse, et carrément plus intéressante que ce qui se dit dans les magasines connus

Je n’ai jamais vu ça comme une critique du disque de Spleen. Son boulot sur l’album est très varié et bon, et mon texte ne cherchait qu’à faire sourire un donnant mon point de vue sur sa reprise. Donc, non, pas critique, juste moqueur, mais gentillement 🙂

-x.

Mince alors, ce morceau ma renversé, j’en avai des frissons.
Bon d’accord c’était un peu spécial, et pas forcément très juste.
Mais putain qu’est ce que c’était rock n roll!

Ah, je n’ai jamais dit que mon avis était le seul et unique à avoir. Et il chantait juste, autant que je me souvienne. C’est juste une question de tonalité, ou un truc du genre…
Dis-le à Spleen, ça lui remontera le moral.

-x.

wow …syd matters une sorte de sourya..
Je crois que t’as de la merde dans les oreilles…Les petits boutoneux de sourya n’arrivent même pas à la cheille de ces formidables musiciens..Mais pour soutenir une tache comme spleen il faut déjà en tenir une bonne couche, alors on va dire que c’est pas de ta faute.

Wow… Un commentaire complet sur 18 mots, pour un post qui en contient 876. Pas mal.
Je crois que t’as de la merde dans les yeux… Les petits défenseurs fandebase de groupes de musique ne m’impressionnent pas, aussi formidables leurs musiciens puissent-ils être. Mais pour voir en mon post un soutient à Spleen, il faut déjà en tenir une bonne couche. Si en plus on s’en vante, ça devient de la connerie pure et simple. Et je dis ça sans haine aucune envers Colmar, hein, ne mélangeons pas.

-x.

Je viens de voir spleen sur la télé pour la première fois. Je trouve leur style rafraichissant et carré autant au niveau mise en place, mélange de style mais aussi au niveau des textes.

coucou,
de mon côté, j’ai découvert Spleen en black (ou white) session chez Lenoir. Je suis allé dans la foulée échanger quelques € contre ce 1er album ma foi plutôt bien léché. On sent que le bonhomme prend son ouvrage très au sérieux ; il ne s’agit pas de laisser filer le bébé sans avoir peaufiner jusqu’au moindre détail ! Du coup, à l’écoute du plaisir, du plaisir et encore du plaisir.
Aujourd’hui, je suis sur deezer ; et après avoir plus qu’apprécié le duo RODRIGO Y GABRIELA, je me fais une petite ressucée de Spleen. Une des choses qui révèle le talent, c’est l’épreuve du temps. Je dois reconnaitre que, à mon humble avis, « she was a girl » semble relever ce défi avec une certaine classe.
Plein de bonne chose,

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