Préambule
Je ne suis pas fou.
Dramaticule
Longtemps je me suis levé de pas si bonne heure, mon seul objectif restant, une fois les nuages dissipés, de me poser devant le téléviseur familial et de tremper l’une après l’autre mes deux tartines matinales dans mon mug de chocolat chaud (et matinal).
Petit-déjeuner classique, certes, à cet âge, mais petit-déjeuner de champion quand même.
Cette coutume m’a suivi une fois le nid parental quitté et le CDI trouvé. Ce dernier a d’ailleurs eu une forte influence sur mes matinées : je me devais d’arriver à l’heure au bureau malgré la distance en trains de banlieue, mais je ne voulais pas pour autant sacrifier mes heures de sommeil.
J’ai donc choisi le sacrifice ultime : fi des tartines tartinées ; fi de la poudre de cacao lactée. Juste le lait, frais, dans un verre, siroté en regardant pensivement par la fenêtre.
Toujours le même verre, bleu ; toujours le même format de bouteille de lait, avec une poignée. Consistency is key.
J’avais à l’époque cette curieuse compréhension, sans doute d’influence familiale, qu’il ne fallait pas retirer entièrement l’opercule afin de mieux préserver le lait1J’en vois qui se moquent, mais selon un sondage auprès d’une large population de pas moins de 38 personnes sur Mastodon et sur Twitter, près de 42% de la population française l’a fait (41,25%, pour être précis), voire le fait encore.. Je l’ouvrais donc seulement à moitié, versais le blanc nectar, repliais l’aluminium de l’opercule pour recouvrir l’orifice de la bouteille, et vissais le capuchon par-dessus l’opercule plié avant de ranger le tout au frigo, bien à la verticale, jusqu’au lendemain matin.
Combien de bouteilles bues ? combien d’opercules semi-ouverts ? je ne saurai l’estimer…
… si ce n’est pour cette courte période de ma vie où je les ais comptées.