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Sabaidee Laos ! (deuxième partie)

Temps de lecture / Reading time : 10 minutes.

(pensez à lire la première partie)

Jour 3

Luang-Prabang, 2e jour. Levés tôt, petit déj au Couleur Café, et en route (car ça va prendre du temps pour arriver au resort) — mais non sans quelques arrêts, d’abord se prendre quelques sandwichs lao pour le pic-nic du midi, puis un tour dans un marché lao, histoire d’en apprécier l’ambiance…

…et au détour d’un présentoir, « oh, ‘faut que vous essayiez ça ! », s’installer et manger, donc, ça :

Bon alors je n’ai pas retiendu le nom, mais en gros c’est divers bidules (une cuillerée de chacun des huit bols) plongés dans du lait de coco sucré (une bonne louche), et ça défonce. A priori, il y avait de la châtaigne. Peut-être. en tout cas, même pas malade, didon !

On prend la route. Pendant 200 km, c’est du bon plat, on traverse des villages et on admire la circulation sur les routes laotiennes : beaucoup, BEAUCOUP de scooters et de vélos (où les passagères sont en amazone) et de gens à pieds, quelques touk-touk (pas les mêmes qu’à Bangkok, beaucoup plus stylés « mini camion » que « tricyle tuné »), et des camions de travailleurs/marchandises…

On sort rapidement de la zone urbanisée, et la route s’entoure de monts et vallons… Les premiers villages apparaissent…

[vimeo]http://vimeo.com/8799123[/vimeo]

Il se fait faim, garons-nous sur le bas-côté, et descendons quelques marches afin de pic-niquer devant une chouette vue.

[vimeo]http://vimeo.com/8800126[/vimeo]

Reprise de la route, qui perd un peu qualité mais le véhicule du Muang-La Resort est tous-terrains, donc nous nous rions des nids de poules ! Cot cot ? Haha !
Passage rapide dans Oudom Xay, la capitale de la province du même nom et plus grande ville du nord du Laos, encore quelques kilomètres et nous arrivons, enfin, dans le village puis le resort de Muang-La.

Et là, tout ne devient plus que luxe, calme et volupté… à commencer par la chambre.

…où Pierrot nous laisser nous poser, nous ablutionner et nous changer tandis qu’il se tient au courant des affaires du resort. La consigne : ‘faut pas trop compter sur lui, il a beaucoup de taf tout le temps, agissons comme des clients lambda et tout se passera bien.

La minute promotionnelle
Muang-La est un superbe resort, ouvert en 2007 sur les rives de la rivière Nam Phak (« nam » signifiant « rivière », donc). Le village est connu dans la région pour sa source d’eau chaude naturelle, et le resort en fait bon usage en proposant un spa avec bain d’eau chaude. Ça revigore.

Le village de Muang-La est connu principalement pour cette source naturelle d’eau chaude, ainsi qu’un Bouddha sacré, mais autrement il reste particulièrement « normal » : une rue principale parsemée de quelques maisons en bois ou bambous (et quelques-unes en dur), une végétation verte et luxuriante, et bien sûr la population très souriante, comme partout au Laos.

Le resort est en bordure de rivière, et cela joue pas mal pour le charme de l’endroit. Mais il l’a payé cher : lors des intempéries dantesques de septembre 2008 (voir le milieu de ce post sur le blog perso de Pierrot), due à un typhon exceptionnellement puissant (normalement les montagnes laotiennes bloquent les lourds nuages au Vietnam). Ces évènements sont heureusement super rares, et l’endroit a depuis retrouvé tous ses atours — et même un bâtiment en plus 🙂

Pendant ce temps-là, à Vera Cruz
La nuit tombée, il se fait faim, apéro sur la terrasse qui donne sur la rivière. Pierrot ne plaisantait quand il disait de prendre des fringues chaudes : ça caille, mais pas de quoi non plus sortir le manteau d’hiver. En revanche, le staff nous sort un brasero plein de braise (donc), et ça c’est une idée qu’elle est bonne.

L’apéro terminé, on retrouve Pierrot pour le dîner… mais vu qu’il est gérant, et bin c’est tête à tête avec Stéphanie a se raconter nos vies (on ne se connaît pas vraiment, ça fait plein de trucs à raconter), et de temps en temps on voit Pierrot, qui passe… 🙂

Il est super sérieux dans son rôle de grand chef d’orchestre, attentif au moindre détail, et dirige son staff de manière discrète et efficace (et parfois marrante). Suis impressionné par une telle éthique, là où il serait si simple de laisser faire et déconner avec nous. Bon, y’avait des clients aussi… 🙂

De son côté, la nourriture, totalement laotienne, et « mmmmh ch’est kro bon ». Sérieux, Pierrot, c’était trop bon. J’adore le riz gluant, j’en veux tous les jours. Avec le bidule au coco milk 🙂

Une fois les clients couchés (le long trajet et la fraîcheur nocturne aident à préférer l’intérieur de la chambre à la salle à dîner ouverte à l’air libre), on se retrouve à trois autour d’un verre, à raconter tout et rien ; puis, dodo, car le zigoto se lève tôt le matin.

Jour 4

Pierrot n’a pas que ça à faire de s’occuper de nous, donc il nous a programmé une sortie vers le grand marché d’une ethnie locale, en compagnie d’autres clients du resort. Ce marche se déroule tous les 10 jours, c’est l’occasion, et ça nous fera voir un peu plus de pays.

La minute culturelle : quelques ethnies du Laos

Il n’y a pas que le peuple Lao au Laos, il y a une foule de minorités ethniques, arrivée dans le pays plus ou moins récemment. Et il y a les Chinois, qui profitent « un peu » de l’indolence des Lao pour envahir le pays avec leur argent, leurs hôtels, leurs casinos et plus globalement leur produit de piètre qualité.

Les villageois que nous avons croisés pendant notre séjour sont principalement de trois groupes ethniques (ta mère, oui, HAHA, merci) :

  • Les Hmong (prononcer « mongue ») : arrivés depuis le sud de la Chine (montagneuse) au milieu du XIXe siècle, ils se sont installés dans les montagnes, généralement à haute altitude. Très présents également aux Etats-Unis, et même en France ;
  • Les Akha : également venus des régions sud de la Chine, ils ont la caractéristique de vivre dans des maisons sur pilotis, et sans fenêtre ;
  • Les Khmu (« kamou ») : très présents au Laos du nord, dont ils sont l’une des principales ethnies, et pour cause : ils sont du coin. Très isolé, ils vivent cependant souvent côte-à-côté avec les Hmong. Ils se sédentarises : beaucoup ont des maisons avec des murs en béton plutôt qu’en bambou/bois.

La question de l’altitude est important, si je me souviens bien, parce qu’ils croient en une sorte de fin du monde avec déluge biblique, et donc plus haut tu es, plus de chances tu as de survivre. Pas con le gars.
Et, non, je ne suis pas s’ils sont venus en marchant depuis la Chine — mais c’est probable.

Ah, et les Hmong se font en ce moment même déporter de la Thaïlande au Laos, sympa le traitement des ethnies…

And now, for something completely different…

THE LARCH

Euh, je veux dire, la balade. Passés les quelques kilomètres de route dégradées mais de bien beaux paysages, on arrive dans un village un peu plus gros que les autres…

…puis au fameux marché… qui n’est pas si grand que ça, mais nous y trouverons quelques trucs sympa à acheter, notamment une machette (!!)…

…et un truc qui a l’air rigolo à manger :

Mais quels sont ces animaux dans le porte-bagage de ce scooter ?

Ah, selon notre guide, John, ce serait une sorte d’écureuil/rat du coin, que les gens tuent d’un coup précis de lance-fléchettes… si j’ai bien compris. Miam !

Pendant ce temps, de l’autre côté de la rive…

Le tour du marché fait, nous nous mettons en route pour visiter un ou deux villages, perdus sur ces routes encore plus défoncées. L’aventure, je vous dis !

Accrochées à flanc de coteau, sur des pilotis ou à même le sol, les habitation marrons se démarquent de la végétation.

Les hommes et la plupart des femmes sont partis travailler, restent les animaux (beaucoup de cochons nois de poils, et de chiens apeurés), et surtout un troupeau d’enfants qui s’amusent à vous suivre, à vous imiter en train de parler, et bien sûr s’émerveillent de la technologie. Ils rechignent quasi systématiquement à être pris en photo, mais si vous prenez innocemment une maison en photo et que vous le montrez le résultat, l’attroupement se fait et il devient plus facile de les aborder. Pour eux, c’est de la magie. Pour nous, c’est tenir au bout des doigts de quoi les nourrir pendant 6 mois…

Second village, et d’autres coutumes, comme cette « balançoire » qui sert, si j’ai bien compris, à sécher le riz, et, ceci fait, à faire se rencontrer garçons et filles autour d’un jeu innocent…

Car apparemment, la drague au Laos, c’est pas trop ça : tu embrasses = tu épouses, et sinon tu peux enlever celle que tu aimes, le père ne dira rien. Je peux avoir mal compris, une fois de plus, hein 🙂

Et les montagnes qui s’étendent à perte de vue…

…et les enfants qui rient et, timides, t’imitent…

« You want see other village yes? », nous demande John. Non, ça devrait aller là… On se sent déjà suffisamment déplacés de visiter un village comme s’il s’agissait d’un musée de curiosités, au bout de deux villages ça suffit.

On reprend la route, « you want stop here for lunch ? », euh non au bord de la route bof quoi, y’a pas plus joli ? Le conducteur, après un chemin qui descend vers la rivière, nous trouve un endroit plus joli. Carrément.

Miam miam à l’ombre du camion (car la soleil donne), tandis que sur la rivière, spectacle de quatre fringants jeunes hommes qui pèchent : debout sur leur pirogue, l’un jette un filet tandis que les autres, à la manière des gondoliers de Venise, utilisent leur bâtons pour diriger l’engin flottant, puis tous tapent sur la surface de l’eau le plus violemment possible, sans doute pour abrutir les poissons ?

Reprise de la route pour un retour au resort. Ca somnole, je parlote avec John, un gamin de 19 ans qui fait le guide pour payer ses études. Il veut faire des « wessite », et pour cela il prend des cours de « STML and Jawa ». Bon, alors, en bon évangélisateur, je lui ai parlé de JavaScript et CSS, mais 1) je me suis arrêté avant de mentionner MooTools et jQuery, et 2) je n’ai pas trop insisté sur le fait que Java, c’est pas trop top pour faire un site web, car bon, c’est sa thune, hein. Et pis, p’tet qu’il deviendra consultant, qui sait ? J’aurai p’tet dû mentionner C#, alors… Mmmh…

Retour au resort, et l’après-midi est à nous, il n’est que 15h. C’est l’occasion de jouer avec Piba !

Piba

Pierrot est désormais plutôt bien implémenté au Laos, et loin de fonder une famille, il s’est quand même fait plaisir : un labrador beige ! Il l’a nommé Piba, qui signifie « fou » en Lao (en fait, « pi ba », mébon), car « chien fou! chien fou! » est une des ses grandes expressions, et en Lao ça donne « Ma pi ba », ce qui fait trop long, donc Piba it is.

Il est tout jeune, importé de Thaïlande, et avec ses grosses papattes et ses grandes n’oreilles, tout le monde l’adore, clients ou staff.

[vimeo]http://vimeo.com/8975552[/vimeo]

Autrement, le reste de l’après-midi est passé à bouquiner et papoter dans le jardin…

…parce que, bon, c’est quand même grand, il fait beau, ce serait dommage de gâcher, n’s’pas ?

Le soir, parties de carte avec un arrivage de français, dont certains de ma ville, Asnières. Bon sang de bois, c’est bien la peine de partie au Laos pour rencontrer des asnièrois ! Chance, ils ne connaissent pas mes parents, pfiou…

N’étant pas à fond dans les jeux cartes, je me balade et vous présente cette belle affiche, placée derrière le bar :

Mais de quoi s’agit-il, me demanderez-vous ? Culture-généralons-nous, grâce à notre ami Pierrot : cette affiche de 2007 célèbre 30 années d’amitié entre le Laos et le Vietnam, et 45 années de relations diplomatiques. On reconnaît à gauche le drapeau vietnamien, avec représenté l’un des forces de ce pays, les ponts ; à droite,  la laotienne et la spécificité du pays, les barrages hydro-électriques. Supair !
En parcourant Wikipedia, cependant, on se rend compte en fait que le Vietnam a depuis longtemps exercé une forte influence sur la politique du Laos, d’abord secrète, et formalisée en juillet 77 par un traité d’amitié et de coopération.

Ils continue de jouer aux cartes. Le staff est parti se coucher depuis longtemps, sauf Pierrot bien sûr, car il faut bien rester avec les clients jusqu’au bout, même s’ils souhaitent philosopher jusqu’à pas d’heure…

Je sors du resort et marche dans la nuit, au bord de la rivière puis aux limites du village. Quand je reviens, enfin la dernière partie se termine. On rentre se coucher chez Pierrot, car toutes les chambres sont prises par la clientèle. Dodo, demain Pierrot se lève tôt.

(hop, à la troisième partie)