J’apprends beaucoup sur les chats ces derniers temps.
Contextualisons : une partie de mes amis a décidé de prendre une semaine de congé pour aller au ski, à Avoria’, comme on dit. Ils étaient pressés de partir, comme le prouve cette capture d’écran, et je peux les comprendre.
La semaine en question est celle qui se termine en ce moment même. Ils sont même probablement sur le chemin du retour (pour les chanceux qui ont pris la voiture) au moment même où je tapote ces lignes. Même ? Même.
Le chat, donc. Parmi ces joyeux drilles se trouve un couple de mes amis, qui ont un chat et pas envie de lui payer un forfait ou de le laisser au club Mickey. Solution : le laisser sur place. Problème : il est encore trop jeune pour savoir se nourrir tout seul. Solution : confions-le à des amis qui n’ont pas la chance de partir au ski !
Plus réellement, lorsqu’ils nous ont annoncé leur séjour au ski, nous nous sommes spontanément proposé d’héberger leur boule de griffes poils.
La veille de leur départ, ils sont venus déjeuner chez nous et poser le chat, sa litière et quelques croquettes, et lui dire au revoir. La soirée fut courte, car j’étais éteint et qu’ils devaient se lever à 5/6h (’vais pas les plaindre non plus, oh). Nous avons pu alors découvrir l’animal dans son environnement inhabituel.
Quelques constatations, donc :
– Un chat aime ses maîtres esclaves et son chez lui. Corrolaire : un chat n’aime pas forcément être ailleurs que chez lui, en particulier si les indigènes locaux de l’endroit ne sont pas ses serviteurs. Pas du tout, même.
– Un chat, placé dans un territoire inconnu, peut passer un long moment à inspecter chaque recoin du sol pour être sûr qu’il lui est bien destiné. Ceci fait, il passera le reste de la nuit a explorer le reste de l’endroit (à savoir, diverses étagères, le haut du buffet, le dessus du panier à linge sale, le dessous du lit…). Pour lui, c’est passionnant (je suppose) ; pour ceux qui veulent dormir, c’est un peu stressant. Un peu.
– Un chat peut manifester d’une manière assez vive son besoin de caresses. Assez tranchée, pourrait-on dire. Ca cicatrise encore au moment où j’écris ceci.
– Le chat, même dans son habitat naturel (où il est retourné pas moins de 5 heures après être arrivé chez nous) aime mettre le dawa, particulièrement quand il s’agit de sa litière. Et faire comme si de rien n’était. Après tout, il est chez lui ; si t’es pas content, c’est pareil.
– Si le chat peut se montrer agressif face à de nouveaux esclaves potentiels, il comprend vite où est son intérêt une fois le premier repas servi. Autant il peut être impossible à vivre les quelques heures passées chez l’estranger, autant chaque fois que celui-ci s’est décidé à lui tenir compagnie dans l’appartement de ses maîtres, il n’est pas avare en léchouilles, calins, caresses et ronronnements. On me dit que le labrador de ma famille se vendrait pour une gamelle ; en fait, les chats ne semblent pas moins prostiparépatétiputes que les chiens… La seule différence réside probablement dans le fait qu’un chien sait où réside son intérêt.
– Même après avoir adopté de nouveaux maîtres, le chat reste seul maître de la situation : il ne faut pas le caresser, c’est lui qui se frotte à la main ; il ne faut pas le dépasser, il fera tout pour vous surplomber.
– Passez peu de temps avec lui (45 minutes : nettoyer son bordel quotidien le temps qu’il mange, puis mumuse parce que je ne suis pas rancunier pour un sou), il vous donnera toute son affection. Passez la soirée avec lui (« le pauvre, on ne va pas le laisser tout seul »), il comprendra vite et finira par vous snober, voire se remettre à faire tomber des objets placés en hauteur. Si possible de manière très ostensible. Je vais finir par croire que là où on compte l’âge humain du chien en multipliant ses années de vie par sept, on trouve celui du chat en divisant sa température anale par le même chiffre.
– Si vous venez tout seul, il ronronnera pour vous seulement. Si vous venez à deux, il passera de l’un à l’autre sans arrêt. Je suppose qu’il cherche à convaincre l’un d’entre nous de rester. No such luck, buddy.
Le petit Athanagore Würlitzer* nous en aura donc fait voir des pommes vertes et des mures mûres en quelques heures, au point de nous faire appeler son maître au beau milieu de la nuit, et le faire venir pour récupérer sa sympathique bestiole (non sans avoir rangé prestement les divers ustensiles contondants qui auraient pu servir de Plan B s’il n’était pas venu).
La suite s’est passée sans problème, à venir tous les soirs le voir, être rassuré en entendant son miaou derrière la porte, le nourrir, vider sa litière (ce dont il se chargeait déjà bien de son côté, mais il est trop petit pour tout mettre à la poubelle), passer un coup de balai, pour enfin être récompensé par quelques minutes d’intérêt de sa part, résultant en léchages râpeux, coups de boule affectifs et ronronnements pavloviens.
J’ai toujours aimé les poissons rouges. C’est sympa, un poisson rouge. Je pourrai l’appeler Nemo. Comme le sous-marin. Ouais.
* oui, c’est bien son nom, et il ne le trahit pas : une créature qui n’a pas été « coupée » peut devenir incontrôlable sous certaines conditions.