[défi : écrire en 5 minutes un bidule sur ParisCarnet]
Les blogs sont formidables. Les réunions mensuelles du ParisCarnet en sont la preuve. L’on y retrouve des gens qui ont appris à être vrais, la plupart du temps, et qui font fi de ce qu’ils sont au quotidien pour de nombreuses gens. Blogger serait-il un révélateur de personnalité. Suis-je plus intelligent, plus intéressant, plus sociable parce que je blog ? Ou le blog est-il au contraire le résultat de ces états de fait en moi (car, ne nous voilons pas la face, je SUIS très intelligent, ce qui fait de moi quelqu’un de très intéressant, et par extension les gens sont attirés vers ma conversation comme une étoile vers un trou noi… euh, comme une abeille vers le pistil. Tout s’enchaîne).
Tout s’enchaîne, donc. Et de la manière la plus naturelle qui soit, car quel intérêt de se cacher, ou de s’inventer même, face à des gens qui, potentiellement, lisent déjà les pensées publiées, et en on tiré une interprétation sûrement plus proche de la réalité, que ce qu’une Missed Connection de Craigslist SFO pourrait apporter. Tiens, il est plus petit que sur son blog/son wiki/sa webcam. Tiens, c’est lui qui écrit ces textes acerbes et géniaux, mais on dirait un geek mal dans sa peau! Boudi, pourquoi n’étais-je pas éveillé de la sorte à leur âge ? Diantre, parlerai-je aussi librement à un gamin inconnu comme moi quand j’aurai son âge, ou finirai-je vieux con imbu de lui-même ? Fichtre, on me lit, on connaît même mon nom, vite, dire quelque chose d’intelligent, say something, ANYTHING.
Ce grand brouhaha social et houblonné qu’est la réunion Paris Carnet mélange les genres (dans tous les sens du terme), les âges, les couleurs, les goûts, les croyances. Il sont volubiles, timides, affamés, abreuvés, geek, poètes, photographes, dessinateurs, amoureux. Quand certains sont au centre d’un groupe et de ses attentions, d’autres errent à la recherche d’un visage connu ou qui le reconnaîtrait, voire restent debout, là, à apprécier de faire parti de cet ouragan équitable. Les groupes se forment, se dissolvent, passent d’un sujet à l’autre, échangent des expériences, des idées, des envies, des savoirs! Sans autre règle que d’être là.
– Bonjour, vous venez pour les blogs ?
– Euh, non, je viens boire un verre.
– Sans problème, c’est par là.
– Bonjour!
– Euh, bonjour. Je viens juste boire un verre.
– C’est par là, au fond à gauche.
– Euh… C’est une soirée spéciale, y’a un mot d’passe ?
– Nonon, allez-y, on prend juste le frais.
– Bonsoir.
– Bonsoir ?
– Vous étiez au ParisCarnet ce soir, non ?
– Euh, oui, vous aussi ? Vous avez un blog ?
– Oui, bonsoir, « xavier.borderie.net », gn.
– Ah, c’est sur la page de ParisCarnet ?
– Oui. Bon, nous habitons la même ville donc 🙂
– J’irai voir votre blog.
– Moi aussi.
– Bonne soirée.
– Vous aussi.
Est-ce un mensonge ? Sommes-nous réellement tous des amis, capables de s’entendre sur tous les sujets possibles, et d’autres impossibles. Partageons-nous simplement un idéal de liberté dans les relations sociales et l’épanchement collectif ? La magie se briserait-elle si nous les rencontrions plus souvent ? Sommes-nous à part ? Sommes-nous une révolution sans préjugé, un avenir sans faille, ou connement, des gens qui ne se prennent pas la tête à savoir qui tu es, d’où tu viens, ce que tu as fait ?
Tu as une histoire à raconter ? Je suis tout ouï, assieds-toi, parlons.
Tu as entendu un mot-clef, qui titille ton envie d’écouter ? Voici une chaise, joint toi à nous.
Tout est tellement simple. Pourquoi ne pourrions-nous pas entrer dans une conversation et en sortir aussi simplement dans La Vie Réelle ? Pourquoi se cantonner à laisser traîner une oreille dans le métro, un regard dans la foule, une pensée sur un comportement ?
Peut-être ces réunions marquent-elles un nouvel élan de la sociabilisation humaine, un renouveau dans l’échange de savoirs ou, tout simplement, de connaissances. La gangrène prend, petit à petit. Ceux habitués à ne pas avoir voix au chapitre prennent part à la discussion mondiale, que ce soit pour parler de tricot, de lapins ou d’eux-mêmes. Je pense car je suis, et vice-versa.
[7 minutes, 32 secondes. L’art d’écrire sans réfléchir]