Profiter d’un samedi ensoleillé, c’est bien. Allez jusqu’à dépenser de l’argent ailleurs que chez Amazon, c’est mieux. Surtout quand on a l’occasion de le faire chez un petit libraire. Résultat des courses :
– CD : The Mars Volta, « Frances The Mute »
– CD : Mogwai, « Mr. Beast »
– CD : Emilie Simon, « Végétal »
– BD : Larcenet, « Le Combat Ordinaire, t. 3 : Ce qui est précieux »
– Livre : Orson Scott Card, « Le Cycle d’Ender, t. 2 : La Voix des morts »
– Livre : Neil Gaiman, « American Gods »
– Livre : Neil Gaiman, « Neverwhere »
– Livre : William Gibson, « Neuromancien »
– Livre : « 40 leçons pour parler espagnol »
– Concert : 2 places pour Emilie Simon à Sannois, avec Lisa Papineau en première partie
– Concert : 2 places pour dEUS au Cabaret Sauvage
[note pour plus tard : penser à acheter des places pour Tool]
Dans l’ordre, donc.
The Mars Volta
J’avais, comme indiqué précédemment, beaucoup très aimé « De-Loused In The Comatorium », premier effort de deux survivants du crash At The Drive-In. Envollés survoltées, rythmiques inventives, gros son : beaucoup de chose pour plaire, surtout que je n’ai pas beaucoup d’albums « péchus », finalement. Beaucoup aimé, au point d’en faire mon album de repassage préféré avec « White Pony » de Deftones et « Ænima » de Tool. Rien de tel pour enchaîner deux chemises rapidement.
Bref, c’est donc les yeux fermés que « cool, l’autre album de Mars Volta ». Bon, semi à l’aveuglette, hein, j’avais, disons, déjà testé l’album grâce à des amis, voilà. Ce test m’avait convaincu de la valeur de cet album grâce aux premiers titres, notamment « The Widow », resucée convaincante de « Televators », avant-dernière piste de « De-Loused… ». Le CD en main, j’ai pu lui faire passer le test ultime : une séance de repassage, le casque sur les oreilles et la chaînes hi-fi qui tourne, vroum le fer. Rock’n’roll, quoi.
Que dire, si ce n’est que de l’écouter ainsi m’a montré combien cet album est moins efficace que le premier ? En fait, ce n’est pas la créativité ni le punch qui sont en cause – ils sont encore intacts -, mais la propension à vouloir lier toutes les chansons entre elles en un long jam de 77 minutes, et surtout de séparer les titres qui tchuent par de longues plages de sustains, bruits et autres buzz.
Prenons ce fameux « The Widow » par exemple, parfait exemple d’une chanson que ne renierait pas Scorpions, mais avec la voix de Cedric Bixler-Zavala, donc ça sonne carré plutôt que mou. Très bien. Sauf que la piste fait 6 minutes, et que la chanson dure 3 minutes et 15 secondes. Gneu ? Quid des 2 minutes et 45 secondes qui suivent ? Du bruit, mes amis, du bruit :
Quasiment trois minutes de telles variations. Avouez que quand vous êtes lancé sur un col de chemise, ce genre de soupe vous arrête en plein élan. Et cette deuxième piste (sur cinq, pour 77 minutes) n’est pas la seule : étant donné que trois des pistes sont décomposées en quatre ou cinq mouvements, vous vous doutez bien la tendance soupière se retrouve ici et là.
Alors, pour toi public, j’ai réalisé un travail laborieux : j’ai mis pris les chansons, et j’ai lancé mon CoolEditPro2 Audacity, afin de réitérer mon effort d’il y a quelques années, quand j’ai fait mon propre « Kid A.mnesiac » face au nombre de titres qui me reloutaient dans les albums de Radiohead. Mais en plus chiant : il faut découper les pistes.
Piste 1, « Cygnus… Vismund Cygnus », 13 minutes 08 : 2 minutes 47 inutiles à la fin. Le montée centrale fait 2 minutes 39, un poil long mais bon, en live ça doit être bon.
Piste 2, « The Widow », 5 minutes 57 : bon, on a déjà vu, 2 minutes 45 de bvuuuiiiiit.
Piste 3, « L’Via L’Viaquez », 12 minutes 27 : 40 secondes d’intro préparatoire. La piste ne comprend qu’une partie, mais c’est parce qu’elle est composée d’aller/retour régulier entre du bon rock qui tape et du son latino. En gros, la structure de la chanson elle-même fait A A B A B C B D. La section rock, A, dure une minute, tout comme la section latino, B. Déjà 4 minutes de casées. Vient ensuite C, sorte de pont rock intéressant avec l’apport des violons, et qui dure 1 minute 23. Retour de la section latino en version 1 minute 30, puis 3 minutes d’instrumental latino, D. La piste se termine par 40 secondes de reprise du refrain latino avec la voix seule, enrobée d’un effet, puis 35 secondes de petits oiseaux. 12 minutes 27 qu’on aurait probablement pu rendre plus efficace en suivant un schéma plus classique, mais cela ne se fait pas en prog-rock.
Piste 4, « Miranda, That Ghost Just Isn’t Holy Anymore », 13 minutes 12 secondes, avec 4 mouvements : « Vade Mecum » (A), « Pour Another Icepick » (B), « Pisacis (Phra-Men-Ma) » (C) et « Con Safo » (D). Ca commence avec une minute des petits oiseaux de la piste précédente. Au bout de celle-ci, des bruits de guitare et des vocalises se font entendre, le tout enrobé de bruit blanc et allant crescendo… pendant 4 minutes 1 seconde, au bout desquelles ont entend un accord de guitare, et l’ensemble varie en tonalité. Bon. Enfin, à 4 minutes 17, des cuivres viennent briser le tout, en superposition avec un petit arpège de guitare. Ca reste comme ça, en instrumental, jusqu’à la 5ème minute (et deux secondes), où le chant arrive. Pfiou, on ne l’attendait plus. 2 minutes 41 de chant suivent, très bien, la voix monte là où il faut. Puis pause, et reprise instrumentale et retour sur le refrain chanté et étendu. A la marque 8 minutes 55, arrêt du tout et violons, sur lesquels se superposent des petits solos guitare et cuivres, très lancinant. A 11 minutes 19, il ne reste plus qu’un reste de violon, et du souffle. 11 minutes 45, retour d’un des motifs de « Cygnus… », étouffé et avec le souffle du vent, pendant 1 minutes 26. 6 secondes de silence. Fin.
Piste 5, « Cassandra Gemini », 32 minutes et 42 secondes, et 5 mouvements : « Tarantism », « Plant a Nail in the Navel Stream », « Faminepulse », « Multiple Spouse Wounds », « Sarcophagi ». Bon, 30 minutes, on prend peur, mais ça commen bien, une entrée en jeu assez péchue, qui au bout de 40 secondes se transforme en une partie sympathique, avec fin de temps assez funky et gros effet sur la voix (dommage – mais elle reviendra épurée à 1’28). A 2’20, le refrain qui tchue, ça fait du bien. Il ne dure que 15 secondes, mais bon. On reprend sur la partie sympathique pendant 1 minute, puis le refrain, doublé (donc 30 »). A 4’11 », nouvelle partie assez dense, du Mars Volta assez péchu, mais sur la longueur – même s’ils ne semble pas fatigués, moi un peu. A force de faire durer le pic d’une chanson sur 5 minutes… Difficile de décrire, mais beaucoup de créativité, le rythme ne change pas beaucoup mais les parties se suivent très bien. Tentons, de toute façons ça fait longtemps que vous avez arrêté la lecture. 4’46, instrumental péchu, dans la continuité, genre Omar il déchire à la gratte, le batteur tue, bon. Retour du chant. 5’33, les guitares se saccadent et s’accompagnent de violon. 5’45, on se calme dans l’ampleur, riff de guitare efficace, ça tourne.
Bon, en fait, sérieux, ça me saoule de faire du minutage à ce niveau – et vous aussi, j’en suis sûr. Sachez juste que c’est très complexe, tout le monde s’éclate pendant cette demie-heure : basse, guitare, batterie, chant. C’est très travaillé et carré, à se demander comment il font en concert pour reproduire la chose.
Bon, comme d’hab, je ne sais faire resortir que les points négatifs de l’album, en gros : longueurs inutiles, bruits et, euh, longueurs. Mais c’est du prog-rock affiché, je suppose qu’il faudrait que je compare à King Crimson ou le Floyd pour me former un avis définitif sur la longévité potentielle de la chose. Pour l’heure, je parlerai juste en tant que simple consommateur qui a vraiment accroché le premier album : je suis sûr qu’en enlevant 20 minutes de « gras », ils auraient obtenu un album beaucoup plus sec et efficace. Ils n’en sont pas moins d’excellents musiciens avec des idées très abouties et souvent bien prise de tête comme on les aime, et qu’on aimerait apprécier en concert. D’ailleurs c’est probablement l’objectif de cet objet : donner à l’acheteur les sensations qu’il aurait en écoutant TMV en live, mais depuis son iPod (que je n’ai pas).
On me dira sans doute que je ne me suis pas penché sur les paroles, ou que mon approche trop rapide ne fait pas la part belle à certains aspects, voire que je n’ai pas compris l’album et ses superbes plages de sons magiques. Mais en définitive, ce n’est pas cet album qui m’aidera à repasser mon linge plus vite. Zut.
Dans l’autre main, je ne parle longuement que de ce qui me passionne. Sortez vos calculettes à déductions.
Ah, et je me rend compte en fait que le CD lui-même compote 15 pistes, et non 5 comme je le pensais (because je fait cette critique avec la version de « test », légale désormais vu que j’ai acheté l’album, HAHA!), donc toute mon étude tombe à l’eau. Bouh.
Bon, ce post est déjà cinq fois trop long, je publie et je parlerai du reste après. Pour ce qu’on me lit, de toute façon, hein…