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Deux extraits de « Amusing Ourselves to Death »

Temps de lecture / Reading time : 4 minutes.

En ce moment je lis (tant bien que mal car trop lentement) Amusing Ourselves to Death, de Neil Postman.

Oui, je le fais un peu après tout le monde — le livre a été publié en 1985. Une seconde édition est parue 20 ans plus tard, en 2005, avec une préface du fils du désormais feu l’auteur, qui écrit « Can such a book possibly have relevance to you and The World of 2006 and beyond? I think you’ve answered your own question. » Et en 2013, ma foi, ça marche toujours.

Pour tout vous dire, la première fois que j’ai entendu clairement parler de ce livre, c’est au travers de ce court récit dessiné par Stuart McMillen, mettant en image les mots Neil Postman. Si vous ne l’avez pas lu, je vous l’invite à le faire, maintenant : c’est très court, et frappant.
Après l’avoir lu, je l’ai ajouté à ma liste Amazon, et il est arrivé chez moi à l’occasion du Secret Santa Reddit pour Noël 2011, accompagné d’une édition de Brave New World de Huxley — une occasion de me replonger dans ce classique.

Sous-titré « Public discourse in the age of show business », ce livre explore la chute dramatique de l’importance du « fond » du discours public, remplacé par l’omniprésence de la forme de ce discours, essentiellement due à l’arrivée de nouveaux médias, et à la globalisation des informations. L’auteur passe une grande partie de ses premières pages à nous conter (d’un point de vue purement américain, bien sûr) la pureté de l’approche de l’information par le public du XIXe siècle : extrêmement locale, purement textuelle, et un public avide d’en savoir plus.

L’un des exemples les plus parlants qu’utilise l’auteur est celui des débats entre Abraham Lincoln et Stephen Douglas : 7 séances dans autant de villes de l’Illinois entre août en octobre 1860, dans le cadre des élections du sénateur de l’état. Le débat fonctionnait ainsi : un candidat parlait 60 minutes, l’autre lui répondait pendant 90 minutes, et le premier candidat avait ensuite droit à 30 minutes de réponse.
Trois heures de débat politique ! Et non seulement les habitants de la région venaient en nombre y assister, mais les journaux du lendemain s’arrachaient littéralement, chacun avec sa retranscription plus ou moins partisane ! Ce n’est même pas concevable aujourd’hui.

Cette déperdition du QI collectif, pourrait-on dire, ne s’est évidemment pas faite en jour, et l’auteur prend le temps d’indiquer les avancées technologiques qui ont mené à ce que nous sommes. Moi qui suis féru d’histoire et plongé dans ce média qu’est Internet, ces chapitres ont été passionnants, au point que j’en partage deux captures sur Instagram (que personne n’a lues, probablement). Permettez-moi de les mettre ici. Et attention chérie, ça va spoiler…

Tout d’abord, la première avancée technologique significative : le morse.

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The solution to these problems, [the vast distances and spaces separating American communities from one another in the time of the frontier] as every school child used to know, was electricity. To no one’s surprise, it was an American who found a practical way to put electricity in the service of communication and, in doing so, eliminated the problem of space once and for all.  I refer, of course, to Samuel Finley Breese Morse, America’s first true « spaceman. » His telegraph erased state lines, collapsed regions, and, by wrapping the continent in an information grid, created the possibility of a unified American discourse.

But at a considerable cost. For telegraphy did something that Morse did not foresee when he prophesied that telegraphy would make « one neighborhood of the whole country. » It destroyed the prevailing definition of information, and in doing so gave a new meaning to public discourse. Among the few who understood this consequence was Henry David Thoreau who remarked in Walden that « We are in great haste to construct a magnetic telegraph from Maine to Texas; but Maine and Texas, it may be, have nothing important to communicate. . . . We are eager to tunnel under the Atlantic and bring the old world some weeks nearer to the new; but perchance the first news that will leak through into the broad flapping American ear will be that Princess Adelaide has the whooping cough. »

Thoreau, as it turned out, was precisely correct. He grasped that the telegraph would create its own definition of discourse; that it would not only permit but insist upon a conversation between Maine and Texas; and that it would require the content of the conversation to be different from what Typographic Man was accustomed to.

(on notera le petit coucou qui fait plaisir à Thoreau et son livre Walden)

Le deuxième extrait que je veux partager avec vous est plus long (si si!) et sans doute d’un intérêt moins évident, mais il m’a fait le même effet de « waouh, il a raison, dans quel monde vit-on ? »

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It may be of some interest to note, in this connection, that the crossword puzzle became a popular form of diversion in America at just that point when the telegraph and the photograph had achieved the transformation of news from functional information to decontextualized fact. This coincidence suggests that the new technologies had turned the age-old problem of information to manage on its head: Where people once sought information to manage the real contexts of their lives, now they had to invent contexts in which otherwise useless information might be put to some apparent use.
The crossword puzzle is one such pseudo-context; the cocktail party is another; the radio quiz shows of the 1930’s and the 1940’s and the modern game show are still others; and the ultimate, perhaps, is the wildly successful “Trivial Pursuit.” In one form or another, each of these supplies an answer to the question, “What am I to do with all these disconnected facts?” And in one form or another, the answer is the same: Why not use them for diversion? for entertainment? to amuse yourself, in a game »

Il y aurait tellement plus à dire (surtout que j’en suis rendu à peine plus loin que la moitié du livre), mais je vous invite très fortement à le lire vous-même, et vous faire une idée de ce que les médias actuels, et la manière dont les informations sont digérées avant de nous être servies, nous rapproche à chaque nouveau lointain conflit en spectateurs apathiques. L’ami Kwyxz en fait un bonne critique sur Sens-Critique.

Je dirai bien que je suis content de m’être débarrassé de mon téléviseur l’année dernière, mais au final, j’ai toujours un écran face à moi, et c’est bien lui qui me nourrit de distractions…

(back2blog, jour 8/10)

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La courbe de PJ Harvey

Temps de lecture / Reading time : 18 minutes.

[note : blogpost entamé fin 2007, abandonné, repris, étendu, oublié, remanié, oublié, et enfin terminé en catastrophe vu l’arrivée prochaine du nouvel album (30 mars)… Excusez-moi donc si certaines parties sentent le réchauffé / déjà-lu]

Quand on apprécie un artiste – quand on l’apprécie vraiment -, on suit son évolution avec plaisir, malgré les écarts parfois extravagants qui peuvent y avoir entre deux périodes de son œuvre. Je parle bien sûr de musique, mais cela s’applique à tous les arts, je suppose. Je crois que c’est dans une FAQ d’un site non officiel sur les Smashing Pumpkins où j’ai vu l’explication suivante :

Q: What is a true fan?
A: A true fan is someone that will give the band’s next record a chance. Not just one listen, but a few, just to make sure they really don’t like it.

[update: FAQ retrouvée, texte corrigé]

Ma fannitude était dernièrement particulièrement mise à l’épreuve par Radiohead, dont les livraisons depuis OK Computer ne dévoilaient leur intérêt, selon les titres, qu’au bout de plusieurs écoutes – et j’ai même été jusqu’à réaliser mon propre Kid Amnesiac tant certains titres me semblaient faibles. Leur dernière livraison, In Rainbows, est sans doute leur album le plus calme et le moins « rock », mais également leur album le plus cohérent depuis OK Computer, et mérite sans doute d’être au moins sur la 3e marche du podium de leurs meilleures productions… mais j’en ai déjà parlé ailleurs.

Q Magazine : Lick My Legs cover
Q Magazine : Lick My Legs cover
Comme le titre de cet article vous laisse présager, l’idée ici est avant tout de parler de PJ Harvey – qui a également livré récemment son album le calme et le moins rock, au premiers abords : White Chalk [note : sortit le 24/09/07, donc un « récemment » tout relatif désormais]. De fait, un écart violent avec son précédent album, Uh Huh Her, qui frappait par son âpreté et son aspect d’urgence.

Tout nouvel album de la part de PJ Harvey est une nouvelle confirmation d’une de mes théories, basée sur ce que ma demoiselle m’a appris d’elle : Polly-Jean fait volte-face à chaque album. Ma théorie est que cette volte-face est de plus en plus violente avec le nombre des années – et des albums.

Plutôt que de vous assener vigoureusement ma science, traitons le sujet par la méthode sénéchale : voguons d’album en album afin d’en extraire une possible substantifique moelle…

Si vous avez raté le début du film…

desire11Polly Jean Harvey n’est pas une débutante : partie de son Dorset profond et natal, elle s’est lancée à tâtons dans la chanson en fin d’adolescence (19-22 ans), et a eu la chance d’être très vite repérée par le regretté critique et homme de radio John Peel, qui sera un peu son parrain tout du long de sa carrière. Forte d’un premier single, Dress, très bien reçu par le public indie-rock briton, et du support de John Peel, elle enchaîne avec un second titre, Sheela-Na-Gig, qui est tout aussi bien reçu. Ces deux titres donnent les premiers accents d’une artiste indé forte, jouant sur l’humour noir, la sexualité et sa propre image. Bonheur.

1992 vient, et avec lui son premier album.

Dry (1992)

Dry
Dry
Premier album, donc, et déjà elle fait montre d’une force d’écriture, tant musicale qu’au niveau des textes, très affirmée. Souvent émotionnelles, PJ amplifie l’impact de ses chansons par une voix qui, si elle n’a pas encore gagné en puissance, s’habille en fonction des personnages qu’elle raconte. Musicalement, c’est une base de rock indé assez typique du début des années 90, en y mêlant des touches de punk ou de blues, voire de grunge, le tout servit par un son très sec, une guitare rêche et une image très riot grrrl – notamment suite à des photos d’elles montrant ses poils aux aisselles (à noter cependant qu’elle a toujours rejeté toute étiquette féministe). La couverture de l’album a été réalisée par Maria Mochnacz, qui réalisera par la suite quasiment toutes les couvertures de ses albums, ainsi que la plupart de ses vidéos.

Outre Dress et Sheela-Na-Gig, que l’on retrouve sur l’album, trois titres à retenir principalement sans doute : Water, Plants and Rags, et Oh My Lover, qui ouvre superbement l’album.

Côté vidéo, c’est Dress qui a eu cet honneur (avec même une vidéo live de promo, apparemment), puis Sheela-Na-Gig (avec des extraits du même concert de promo, dirait-on). Stylistiquement, ça reste très « fin des années grunge ». Quelques années plus tard, Victory en concert.

Rid of Me (1993)

Rid of Me
Rid of Me
Après une guerre de labels pour reprendre son contrat, ce deuxième album est placé sous la houlette du producteur Steve Albini, à qui l’on devait déjà le son d’albums fondateurs tels que Surfer Rosa (Pixies), Pod (Breeders) et In Utero (Nirvana) – et celui des malheureusement moins connus Slint (Spiderland). Donc, pour ceux qui ne connaissent pas son style de production : de la guitare  rêche et brute de décoffrage, un son très « prise directe » et rentre-dedans. Enregistré à peine un an après Dry, il rentre dans une certaine continuité sonore, en poussant plus loin l’âpreté du chant et l’abrasivité du son.
Iconographiquement, sa collaboration avec Maria Mochnacz fait encore des étincelles, avec une couverture où l’on retrouve PJ balançant une chevelure pieuvresque dans une baignoire – séance photo qui aurait duré plusieurs heures, à tremper dans un bain froid, ce que je rapproche un peu de la création de l’Ophelia de Millais, en moins dramatique heureusement…

Points culminants de l’album : l’intro Rid of Me (dont je vous refile également l’excellente version en concert à l’Olympia, qui date de 2001 et dont le final donne la chaire de poule), et Man-Size.

[audio:https://xavier.borderie.net/blog/wp-content/uploads/2009/03/01-rid-of-me.mp3]

Au niveau des vidéos, ça se cherche encore, avec 50 Ft Queenie (bof) et Man-Size (que j’aime beaucoup beaucoup).

La même année que Rid of Me, l’album 4-Track Demos présente 8 « brouillons » de titres inclus dans son prédécesseur, ainsi que 6 nouveaux titres. Seule au chant et la guitare, PJ joue sans le mur d’âpreté monté pour elle par Steve Albini. D’aucun préfèrent d’ailleurs ces versions à celles produites pour Rid of Me

To Bring You My Love (1995)

To Bring You My Love
To Bring You My Love
Séparée de sa section rythmique entre les sorties de Rid of Me et 4-Track Demos, PJ se lance en vrai solo plutôt qu’au sein de ce trio à son nom. Libre de jouer tant avec son écriture qu’avec son image, elle se distance clairement des brûlots que sont ses deux premiers albums pour mélanger blues-rock (To Bring You My Love, C’mon Billy), électro-rock (Down By The Water), lourdes rythmiques (Long Snake Moan, Meet Ze Monsta)…

Derrière les manettes, de nouveaux influenceurs vont apporter leurs contributions à ce son : Flood (alors déjà responsable de nombreux albums-phares pour Nick Cave & The Bad Seeds, U2, Nine Inch Nails, Depeche Mode, et The Smashing Pumpkins), John Parish (avec qui PJ avait collaboré dans un groupe précédent), et PJ elle-même, enfin… Le son devient léché, plus clair, voire « plein » ; les synthétiseurs et violons apparaissent, tout comme de la boite à rythmes.

"I enjoy looking like a tart and thinking like a politician"
"I enjoy looking like a tart and thinking like a politician"
Cette recherche musicale se voit également dans la voix : PJ a pris 8 mois de cours avec deux chanteurs d’opéra retraités de son village. L’amplitude vocale se fait grande : meilleure tenue, meilleur contrôle de ses modulations, PJ introduit sa voix comme instrument dans cet album, et non plus comme un vulgaire outil à raconter ses rêves et névroses. Ce qu’elle perd en méchantes guitares, elle gagne en intensité de chant. PJ n’est plus une songwriteuse affirmée, c’est aussi une chanteuse pouvant adopter de nombreux styles, pour mieux coller à ses ambiances et textes.

Cet album, sorti en 1995 et paré d’une couverture où PJ flotte en surface dans une robe rouge écarlate – image directement tirée de la vidéo pour Down By The Water -, lui fera recevoir le surnom de « diva du rock ». Son image passe de trash/riot/sex à beaucoup plus habillée/maquillée – parfois à outrance, surjouant la femme fatale. La musique devient théâtre, pas si loin du grotesque.

Ma sélection : To Bring You My Love, et Send His Love To Me. Et bien sûr Down By The Water.

The Dancer peut aussi être trouvé dans une version très « flamenca », que je vous refile également (ma générosité me perdra).

[audio:https://xavier.borderie.net/blog/wp-content/uploads/2009/03/pj-harvey-rare-22-the-dancer-acoustic.mp3]

Côté vidéos, ça s’est déjà nettement amélioré. Bon, bien sûr nous avons celle de Down by the Water, assez graphique et introduisant le look « rouge à lèvres outrancier » de la miss, mais aussi C’mon Billy et Send his Love to Me.

Arrive le temps des collaborations, à commencer par son apparition remarquable dans l’album Murder Ballads de ce dernier, sorti en 1996. Tout le monde a retenu Where the Wild Roses Grow en duo avec Kylie Minogue (chanson qui incidemment a bien boosté sa carrière tout en lui donnant une crédibilité musicale indie que Confide In Me, malgré toutes ses qualités, n’offrait pas), mais vous souvenez-vous du duo PJ-Nick sur Henry Lee, avec la tout aussi superbe vidéo ? Très simple mais très puissante, les amants de l’époque s’y regardent au plus profond des yeux, s’effleurent, se touchent et dansent… Moi j’aime.

Avec John Parish à la composition, elle écrira et chantera en 1996 les textes de Dance Hall at Louse Point, qui n’est pas vu comme faisant partie de la discographie de PJ mais comme une collaboration, dont on retiendra quand même That Was My Veil (tiens, je découvre qu’il en existe une vidéo). Pour PJ, cet album reste la source d’une énorme progression dans son écriture et son travail vocal.

Autre résultat de collaboration, cette fois avec Eric Drew Feldman en 1997 pour la compilation Lounge-a-Palooza, une superbe reprise de Zaz Turned Blue. A l’origine une création du groupe Was (Not Was) avec Mel Tormé, la différence entre les versions est énorme, et la reprise, étrangement peu « lounge » vu le titre de l’album, voit PJ chanter dans trois registres différents, déjà… Superbe. Je vous recommande d’écouter d’abord la version originale avant la reprise de PJ, afin de mieux apprécier le travail accompli – et comprendre qu’au final, la version lounge, c’est l’originale…

[audio:https://xavier.borderie.net/blog/wp-content/uploads/2009/03/zaz-turned-blue-polly-jean-harvey-eric-drew-feldman.mp3]

Is This Desire? (1998)

Is This Desire?
Is This Desire?
Avec 4 albums en 3 ans, il faudra attendre 3 ans (1998) pour voir arriver un nouvel opus : après le succès de To Bring You My Love et la longue tournée qui a suivi, la miss s’est isolée chez elle. Elle en ressort avec un album à l’ambiance forcément plus intimiste, dans lequel on ne retrouve ni complètement la force de ses premiers albums, ni toute la théâtralité du précédent – même si certains titres s’en approchent, comme The Sky Lit Up ou Catherine. C’est à la fois totalement différent, et dans une certaine continuité.

Avec des mélodies et riffs toujours très justement placés, elle peut murmurer dans Electric Light ou The Wind tout comme elle peut hausser le ton dans Joy ou No Girl So Sweet, offrir une superbe balade au piano comme The River et produire un son très électro/trip-hop avec My Beautiful Leah

C’est selon moi un album qui résume parfaitement PJ Harvey, toutes ses approches du son, tous ses antagonismes, ses influences… Malgré cela ou par cette faute, l’album n’aura pas un très grand succès, tant critique que commercial. Les cons.

Deux titres (dur d’en choisir deux choisir ici encore) : je dirai The River et bien sûr le single A Perfect Day Elise, qui laisse présager de la suite.

Des vidéos, des vidéos ! A Perfect Day Elise, bien sûr, puis The Wind.

Stories from the City, Stories from the Sea (2000)

Stories from the City, Stories from the Sea
Stories from the City, Stories from the Sea
PJ revient clairement avec un objectif de succès critique et commercial pour cet album sortit en l’an 2000 : collaboration avec Thom Yorke (chanteur de Radiohead, alors au faîte du succès de la tournée pour OK Computer, et qui pouvait donc toucher n’importe quoi et le transformer en or), guitare réglée sur un son clair (plutôt qu’en distorsion), plein d’accords majeurs (joyeux, plutôt que mineurs, tristes bouh), on reste sous la barre des 4 minutes de musique pour chaque titre, tempos ni trop lents ni trop rapides, voix clair et sans hurlements (ou le minimum syndical)…

Taillé dans le roc de l’accessibilité, cet album peut difficilement déplaire aux fans de pop-rock simple, aux aficionados de PJ (et Radiohead, légions…) en attente de sa nouvelle volte-face après la noirceur du précédent. C’est beau, c’est mélodieux, ça bouge mais pas trop…

On pourrait croire que je targue PJ de faire dans le commercial, mais au contraire j’y vois une évolution sincère de ses envies, une approche qui lui correspond à ce moment présent. C’est effectivement un excellent album, qui mérite mille fois les hourras de la critique à son propos – et le très convoité Mercury Prize.

Quels deux titres, alors ? Je resterai dans la mélancolie pour le coup : We Float et Horses In My Dreams, paf.

Prends-toi ça au moral 🙂

Hop, les vidéos : Good Fortune, This Is Love, A Place Called Home. A regarder si ma sélection ne vous a pas semblé assez pop-rock 🙂

Uh Huh Her (2004)

Uh Huh Her
Uh Huh Her
Que fait-on quand on vient de sortir son album le plus acclamé depuis le début de sa carrière ? A voir Uh Huh Her, l’album suivant, on se demande si la réponse n’est pas « douter de soi, faire une petite dépression, et repartir de zéro ». Sans maquillage, sans artifice, sans vraiment de production.

Fruit encore une fois d’une longue gestation, PJ y joue tous les rôles – guitare, basse, piano -, ne laissant à Rob Ellis le soin d’ajouter des pistes de batterie qu’une fois l’enregistrement fait. Dry et Rid of Me sonnaient bruts de décoffrage ? Cet album reprend cette recette et pousse le potentiomètre jusqu’à 11.

Emblématique, le titre Who the Fuck? et ses réprimandes doublées de choeurs atonals, un « Get your dirty fingers out of my hair » à l’opposée du « I just want to sit here and watch you undress » que l’on entend dans la chanson This is Love de l’album précédent, Stories from the Sea…. De là à dire que sa vie sentimentale a pris un tournant entre les deux…

Bref, c’est souvent assez brutal, mais l’on n’y entend pas que de la guitare-brûlot, certaines pistes profitent d’un peu de guitare sèche, de clavier ou d’accordéon, voire de simili-violons pour The Slow Drug ou You Come Through.

Deux titres que je retiens : Shame et The Desperate Kingdom of Love. Et puis The Darker Days of Me & Him, tiens, pour la bonne bouche.

J’aurai bien ajouté The Letter, mais cela me permet de renvoyer vers la vidéo 🙂 Ensuite vinrent You Come Through, Shame et enfin Who The Fuck? (avec une sale pixelisation comme il le faut). Ca nous fait quand même 4 vidéos, pour un album pas facile d’accès…

White Chalk (2006)

White Chalk
White Chalk
Et nous voici en 2007, et une fois de plus son nouvel album ne peut être comparé au précédent, ou même aux précédents (pluriel, merci de suivre). Depuis le temps, les fans de PJ savent qu’il faut s’attendre à l’imprévu, mais cette fois encore la surprise, voire la claque, est au rendez-vous. L’album est produit par Flood et John Parish, sans que l’on ressente trop fortement leur présence – cela reste du pur PJ.

Terminées les guitares enflammées, terminée la batterie sèche, terminés les hurlements et les feulements : la miss a composé une bonne partie de l’album au piano (instrument qu’elle a découvert pour l’occasion), et est allé chercher son chant dans les tessitures les plus aigües. PJ Harvey délaisse ici les salles de rock pour faire de la musique de chambre, intimiste et presque feutrée, tout en gardant des paroles assez sombres/dérangeantes. Même la couverture de l’album donne à penser que la miss a plongé son inspiration dans un autre siècle.

Un album très particulier, qui demandera au fan peut-être autant de temps d’adaptation que son prédécesseur, mais qui en vaut peut-être plus la chandelle au final. Moins brutal que Uh Huh Her, White Chalk n’en devient peut-être que plus effrayant – et donc magnifique.

Sélection personnelle : The Piano et The Devil, comme ça, mais les titres excellents sont nombreux… Before Departure, The Mountain, When Under Ether

Vidéothon : The Piano, When Under Ether. Et puisque vous avez lu jusque-là, un inédit qui a sa vidéo officielle : Evol (a priori peu à voir avec l’album éponyme de Sonic Youth).

La courbe

Quid, donc, de cette fameuse courbe promise depuis le titre ? Simplement, j’ai voulu représenter ces différentes facettes de la carrière de PJ avec des données chiffrées, et donc une courbe. Le plus dur à été de décider des valeurs de y (en x, bien sûr, les années). Dureté / douceur ? Calme / furie ? Force / fragilité ?

Comment classer un album par rapport aux autres ? Au début, c’est facile, mais vers la fin… White Chalk est plus feutré que Stories…, et pourtant moins commercial, plus difficile d’accès car toujours très tourmenté, donc au final… Pas simple. Faut-il ne garder que son impression propre de l’album en tant que tout, ou devrait-on prendre en compte l’intention de l’auteur ?

C’est d’autant plus dur qu’en définitive, les thèmes abordés par PJ dans ses textes restent largement connexes, et donc les albums de ce point de vue gardent une certaine continuité. Dès lors, peut-on qualifier un album uniquement par rapport à sa musique / son interprétation, ou doit-on garder en vue l’écriture ?

Sans pour autant chercher à répondre, l’intérêt de cette courbe pour moi est de prévoir un peu à quoi pourrait ressembler le prochain album. Vu le passé avec White Chalk, on imagine le prochain teigneux à souhait, peut-être encore plus rude de Uh Huh Her, ou un retour aux sources de Dry/Rid of Me, pourquoi pas ? Ou simplement, un album très rock, simplement un poil plus grunge que Stories from the City…, tout en gardant l’aspect assez commercial absent des deux derniers albums.
Ou alors, l’hypothèse trop facile, une replongée dans les méandres de la saturation, peut-être pas aussi fort que Uh Huh Her, mais assez profond néanmoins… Cela reste peu probable je pense, car trop prévisible désormais.
Dans tous les cas, je m’attend à des guitares qui crachent.

Voici donc la courbe, selon moi. Au final, chacun mettra ce qu’il voudra dans les y, on a compris ce qu’ils signifiaient… Je mets Dry comme niveau de base, à zéro, et place les autres albums par rapport à cette base.

Courbe de PJ

Discuss.

En concert au Grand Rex

Tout ce que je vous raconte, et mon intérêt pour la PJ, je le dois à ma demoiselle, grande fan devant l’éternel :

  • c’est elle qui m’a parlé de la version live de Rid of Me, parce qu’elle était au premier rang de l’Olympia ce soir-là, contre la barrière ; que cette chanson lui a alors laissé un souvenir impérissable ; notamment du fait qu’elle n’a pas pu supporter les coups de semonce de la foule dans son dos sur la chanson suivante, This Wicked Tongue ;
  • c’est elle qui m’a parlé de la version flamenca de The Dancer , parce qu’elle l’a chantée en trio avec Salomé et Ansaphone (je crois), avec Matthieu Z. à la guitare, lors de la mise en place des Nepasavaléennes, premières du nom (mondieumondieu, 2001, quelle année !) ;
  • c’est elle qui m’a parlé de Zaz Turned Blue et de sa ligne vocale particulière ;
  • c’est elle qui m’a fait adorer Plants and Rags.

La vraie fan, c’est elle – je n’ai fait que retranscrire ses divines paroles afin de les partager avec la plèbe bêlante et vociférante que vous êtes – et reprendre ces paroles à mon compte, aussi, oui.

De fait, imaginez la déception quand elle découvre, mais un peu tard, que son concert solo au Grand Rex est déjà complet, deux jours après la mise en vente des billets. C’est affreusement cher (79 euros!), mais PJ Harvey en solo au Grand Rex, ça ne se rate pas – même si c’est aussi cher que Björk qui se la raconte à la Sainte Chapelle (en 2001, là encore, décidément)…

Nous étions déjà allés la voir lors de son passage au Zénith (avec Graham Coxon en première partie ! Ainsi que deux autres groupes insignifiants), et la distance combinée avec le mauvais réglage sonore nous avaient rebutés. Mais là c’est solo ! Au Grand Rex ! Sans première partie (a priori) ! Et vu l’album (White Chalk), ça promet d’être très intîmes ! MUST GO !

Que faire dans ce cas-là ? On fouille sur eBay, pardi ! Après une première tentative pas trop chère mais pas trop bien placée, avortée pour cause d’erreur de jugement et de sniper de dernière seconde, on trouve deux places « Carré d’Or » abordables. Le combat fut rude, et nous nous en sortons pour presque deux fois le prix de base (!!!), mais nous avons les places !

« Carré d’or », je ne savais pas trop ce que ça voulait dire exactement (d’ailleurs impossible de trouver une définition précise sur le Net), mais je l’ai appris : ces places chères payées nous donnaient droit à deux places au deuxième rang de la fosse ! L’avantage d’être aux pieds de l’artiste sans l’inconvénient des barrières dans les côtes… Pour vous donner une idée de la situation, un petit schéma…

plan-grand-rex

But wait, there is more! Non seulement nous étions très bien placée par rapport aux pauvres (ou radins, c’est selon), mais en nous installant, nous découvrions la disposition des instruments sur la scène :

photo-disposition

Dans les faits, nous étions idéalement placés : nous avions toujours une vue parfaite de PJ, qu’elle se trouve au piano ou à la guitare. Ca se présente bien ; nous trépignons d’impatience.

S’éteignent les lumières, et elle arrive, dans une robe équivalente à celle de la poche de White Chalk, mais noire. Ca change l’argent de sa robe très échancrée sur laquelle bavait Bernard Lenoir en 2001.

J’allume mon appareil photo pour film : je n’étais pas là en 2001 pour surkiffer Rid of Me en première chanson, mais si elle refait un coup pareil ici, je veux graver se souvenir (numériquement parlant).

Elle s’avance donc seule avec sa guitare, se la cale sur l’épaule et la règle, et lance le riff de To Bring You My Love. Vociférations de la salle, puis dans un silence d’église, la chaire de poule…

[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/x3j9xg_pj-harvey-to-bring-you-my-love-au-g_music[/dailymotion]

Suivit pendant une heure et demie un concert assez exceptionnel, non seulement parce que solo, mais surtout parce que la diva du rock n’a pas été avare de paroles :

  • Vanter les mérites des (il est vrai excellents) sièges du Grand Rex, « in fact if I was one of you I might even nod off – even at my own show! » avec son accent du Dorset, juste avant d’entamer When Under Ether au piano ;
  • Avant de se lancer dans Angelene : « Very often when I’m writing songs at home, they start off as very simple things, with very… unfashionnable drumbeats with them, and… So, as I’m playing on my own at the moment, I’m using some of the original forms of the songs with the funny little drum patterns that they started with, so… You get a taste of how they ever began life. » ;
  • Enchaîner Angelene et Beautiful Leah sur le même motif de boite à rythmes : elle lâche la guitare, se dirige vers le clavier à droite de la scène, change quelques réglages, attrape une baguette en bois qui servira pour frapper l’unique cymbale pendant la chanson… L’impression d’entrer dans son studio personnel, avec tous ses jouets à portée de main… Concert intimiste, on vous dit ! « I brought my own disco for that song.« , elle tape sur machine qui ne veut pas s’arrêter, « Stop it! It’s my portable disco, it’s a lot cheaper than renting one. » ;
  • Elle présente Nina in Ecstacy : « This is a lovely little song, I didn’t realise how much I liked untiil 10 years after I wrote it. So it was actually put down on a b-side, and now it has become one of my favorite things. So I’m going to play this for you. » ;
  • Tandis qu’LN et moi nous regardons avec un « totally worth it » extatique après avoir entendu Shame, elle se lance soudainement dans une version de Snake assez brutale et surprenante, voire choquante dans le cadre de ce concert – the rock’n’roll is strong with this one… ;
  • Problèmes de cheveux assez amusants juste avant Big Exit, « There are some… bugs, insects on the loose in my hair, falling in my face! Hang on! Where’s Ian? » Survient le roadie, et sous les sourires de la salle, « Can you just hold it at moment? » en lui tendant sa guitare et en se farfouillant dans son impressionnante composition capillaire pour la faire se maintenir en place, « I haven’t got a mirror up here, I don’t know if it looks funny, I can feel falling over my head! » Un cri dans la foule pour la rassurer, et elle enchaîne. Une fois la chanson terminée, elle en rajoute une couche sur tout l’arrangement de sa coiffure et de sa robe, « It seems so much more elegant on [Days of our Lives?!].  The actual truth is you can’t really move any other way, ’cause the materials don’t allow it » ;
  • Elle lâche sa guitare pour s’installer sur une chaise (non sans replacer mainte fois sa robe), et prendre un instrument peu courant : une autoharpe. Parce que l’objet est assez lourd, elle place une petite serviette sur sa cuisse, qu’elle nous montre (voir la photo de Rober Gil) : « This does actually have a function. It’s call my ‘cat mat’, and it’s to stop the end of the autoharp going into my leg, which is what happens. It’s ‘the cat mat’ because it says, ‘Bigger cats are dangerous‘, that’s the tiger, ‘but a little pussy never hurt anyone‘. That’s the little pussy there« , montrant du doigt le dessin en souriant, et la salle de rire et d’applaudir. Le premier titre joué à l’autoharpe est le magnifique Down By The Water, réinterprété de manière sympathique, puis Grow Grow Grow ;
  • Rid of Me, finalement, pour la première chanson du premier rappel. Je ne vous mets pas la vidéo, car je trouve cette version inférieure à celle du Zénith de 2001, mais n’hésitez pas à insister… ;
  • Pour The Piano, elle s’assied, découvre sa jambe (sifflements appréciateurs) et s’en explique : « This is for a reason too: I have to see where my foot is going on this machine. I’m not just showing you my leg. As much as I would like to. » ;
  • Second rappel, elle ne sait pas quoi chanter, puis jouer Horses in my Dream – que je n’ai pas eu en vidéo (ou si peu), et je m’en mords les doigts.

Ceux qui veulent peuvent écouter l’intégralité du concert sur la radio du site français pj-harvey.net (ça m’a d’ailleurs bien aidé pour me remémorer tout les instants du concert), mais je vais me permettre de vous refourguer une sélection parmi les vidéos que j’ai prises (toutes ne sont pas en ligne).

When Under Ether
[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/x3jaoy_pj-harvey-when-under-ether-au-grand_music[/dailymotion]

Angelene
[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/x3jcz0_pj-harvey-angelene-au-grand-rex-200_music[/dailymotion]

Big Exit
[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/x3jjd5_pj-harvey-big-exit-au-grand-rex-200_music[/dailymotion]

Down by the Water
[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/x3jjjl_pj-harvey-down-by-the-water-au-gran_music[/dailymotion]

Quelques autres reviews ici, ou et .

Allez, et pour maximiser les mots-clefs dans Google, la set-liste complète :

  1. To Bring You My Love ** ¤
  2. Send His Love To Me ¤
  3. When Under Ether **
  4. The Devil ¤
  5. White Chalk
  6. Mansize * ¤
  7. Angelene **
  8. My Beautiful Leah *
  9. Nina In Ecstasy *
  10. Electric Light
  11. Shame * ¤
  12. Snake
  13. Big Exit **
  14. Down By The Water ** ¤
  15. Grow Grow Grow
  16. The Mountain
  17. Silence
    ————
  18. Rid Of Me * ¤
  19. Water * ¤
  20. The Piano * ¤
  21. The Desperate Kingdom Of Love ¤
    ————
  22. Horses in my dreams ° ¤

* : les chansons que j’ai en vidéo ;
** : les vidéos que j’ai mises en ligne ;
° : bouhou juste une vidéo de 2 secondes, batteries de merde.
¤ : fait partie de ma sélection ! 10/21 ! 🙂

Et maintenant ?

Attendons son prochain album pour vérifier mes dires ! Cela étant je me rends compte que je ne prends pas trop de risque en fin d’article, là où au début je disais « Ma théorie est que cette volte-face est de plus en plus violente avec le nombre des années – et des albums. » Comme quoi en 2 ans une théorie peut s’émousser…

Addenda du 22 mars : nouvel album bientôt dans les bacs !

A Woman a Man Walked By
A Woman a Man Walked By
Bon, cela depuis le début du mois que je suis au courant de la sortie prochaine du nouvel album de PJ, intitulé A Woman a Man Walked By, dont la sortie est prévue le 30 mars (il était temps que je termine cet article !). Le petit coquinou a même sa page Wikipedia, et le premier single, Black Hearted Love, est disponible en ligne depuis pfiouloulou…

Qu’en dire ? Il s’agit d’une nouvelle collaboration avec John Parish, suivant le même principe que Dance Hall at Loose Point : musiques par John, textes par PJ. On retrouve Eric Drew Feldman aux claviers (ce qui, vous l’aurez compris, est une bonne chose), ainsi que Flood à la production. Ces trois zigotos ont déjà oeuvré sur White Chalk. De fait, on a l’impression qu’elle a en ce moment envie de revivre ses années 95-97 (TBYML en 95, DHALP en 96, ZTB/LAP en 97) – et ma foi, ce n’est pas moi qui vais la blâmer – mais ce sera pour un autre article 🙂

Dire également que je n’ai même pas eu l’heur d’écouter le fameux single (il n’est pas sur Spotify, bouh !), mais en traduisant Wikipédia on découvre qu’il serait « …espiègle, sérieux, élégant et poétique, et doté d’une puissance brutale – il est peu probable que vous entendrez cette année un album aussi débordant de maestria créative et d’inventivité musicale », ou encore « un ensemble de contes populaires, de chansons funéraires et de chansons où l’amour est comme piégé, enchevêtré… génial. » A priori, ça ressemble à album qui irait sur partie supérieure de mon graphique…

Justement, qu’en tirer comme conclusion vis-à-vis de ma mirifique théorie ? Les plus attentifs parmi vous aurons noté que je n’ai pas inclu DHALP dans mon graphique. En effet, PJ en a certes écrit les textes, mais j’estime que ma théorie ne peut tenir que si elle compose également. Notons par ailleurs que l’album fait moins de 40 minutes (exactement 38 min 07 s, soit 1 minute 47 de moins que DHALP 13 ans auparavant), mais reste plus long que White Chalk (33 min 57). Ce n’est pas encore aujourd’hui que PJ nous remplira un CD en entier (pour rappel, 74 minutes).

Je déclare donc cet album indemne face à ma prophétie (enfin, le contraire est plus vrai), et j’attends toujours le prochain album purement pjharveysque.

Hop, comment s’en tirer avec une pirouette ! 🙂

(photos et scans de cet article en provenance de jphuntley.co.uk et pj-harvey.net)

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Ma foi, Radiohead arrive toujours à faire de bien jolies chansons

Temps de lecture / Reading time : 18 minutes.

Je crois avoir déjà bien documenté ici mon attachement de longue date au groupe Radiohead. Pour ceux qui auraient manqué des épisodes, je vous renvoie vers nodata, site que j’ai co-tenu (avec Caleb) et dont nous avons fait, à l’époque, LE site francophone d’actualités sur Radiohead, en concurrence cordiale avec le fanclub officiel. Quand je compte, ça n’a vraiment duré qu’un an, de mai 2000 à mai 2001 – un arrêt brutal suite à la fin de mon célibat 🙂 – mais cette période m’a donné l’impression d’avoir duré au moins deux ans tant j’étais impliqué dans la communauté française du groupe – notamment, pour les happy few, la Forêt Magique…

Je passais quasiment toutes mes fins de soirées à mettre à jour nodata, à chercher et retranscrire les dernières informations, à une époque (2000-2001) où Google News n’existait pas (qui se souvient de Net2one ?), où les blogs n’étaient pas encore monnaie courante (et encore moins les flux RSS) et donc où tout se faisait à la main… et à une époque aussi où je pouvais me coucher à 2h et me lever à 7 sans trop le ressentir le lendemain 🙂 J’écrivais déjà beaucoup à l’époque, et prévoyait même une biographie exhaustive (merci encore à Caro pour le prêt des nombreux bouquins) pour une mise à jour complète du site, qui n’est jamais venue, fin du célibat oblige 🙂

Bref, je les connais un peu sur le bout de doigts, ces petits garçons de Rh.

Après OK Computer, ce ne fut pas facile d’être fan de Radiohead. Déjà, ils ont pris leur temps entre cet album, énorme, et son successeur, Kid A (double successeur si l’on compte Amnesiac, tiré des mêmes sessions d’enregistrement), et le résultat n’était pas franchement à la hauteur de mes attentes. Je n’ai vraiment apprécié qu’une moitié de chacun de ces deux albums, au point de compiler mon propre Kid Amnesiac (le 23 février 2004, si j’en juge par la date de création du dossier sur mon disque-dur). Tiens, je vais vous en filer la trackliste, hop, cadeau :

  1. You And Whose Army?
  2. How To Disappear Completely (and never be found) k
  3. Optimistic k
  4. The National Anthem k
  5. Dollars & Cents
  6. Idiothèque k
  7. Morning Bell k
  8. I Might Be Wrong
  9. Pyramid Song
  10. Knives Out k
  11. Life In A Glasshouse
  12. Like Spinning Plates

Je me suis limité à 74 minutes de musique (9e Symphony oblige), donc forcément il y a certains choix drastiques. Par exemple, j’adore la version démo de Motion Picture Soundtrack, mais la version de Kid A est toute nase à côté selon moi (tiens, allez, cadeau, je vous la file, de toute évidence ils n’exploiteront pas cette version commercialement, ce n’est donc pas du piratage). Aucun regret par contre pour Treefingers, In Limbo, Kid A (la chanson), Packt Like Sardines in a Crushd Tin Box (même si la version en concert déchire sa génitrice, aussi transcendée que Planet Telex), Pulk/Pull Revolving Doors, Morning Bell/Amnesiac (‘faudrait voir à pas nous prendre pour des poissons rouges)…

Tiens, amusant, du coup, je pensais vaguement que je préférais globalement Amnesiac à Kid A, et taper cette liste me permet de vérifier cela : 7 titres viennent d’Amnesiac, les 5 autres de Kid A (les k) – et encore, je ne suis pas un grrrros fan de Knives Out ni Optimistic, qu’aujourd’hui je remplacerai sans doute par Everything in It’s Right Place et la démo de Motion Picture Soundtrack (cqfd).

Bref, ce n’était pas facile d’être fan de Rh après OK Computer, tout d’abord parce qu’ils ont mis trois ans à sortir Kid A (1997 – 2000, Amnesiac en 2001), et que le gamin de 20 printemps que j’étais en 97, qui avait littéralement passé les mois de juillet à décembre 97 à ne faire qu’écouter en boucle OKC dès qu’il rentrait d’Epita, en était venu dès 98 à chercher des alternatives en mesure d’épancher sa soif de rock alternatif, justement. Et de chercher dans toutes les directions, parfois divergentes, mais toutes conséquences logiques d’un album grandiose (et de son prédécesseur, The Bends) :

  • le post-rock de Godspeed You! Black Emperor avec F♯A♯∞ (1997), puis celui d’Explosions in the Sky avec Those Who Tell the Truth Shall Die, Those Who Tell the Truth Shall Live Forever
  • le stadium-rock grandiloquent de Muse avec Showbiz (1998, eux on peut dire qu’il sont arrivés pile au bon moment)
  • le rock psyché/expérimental de Mercury Rev avec Deserter’s Song (1998)
  • le génial space-rock de The Flaming Lips avec The Soft Bulletin (1999)
  • la pop ciselée de Travis avec The Man Who (1999, produit par Nigel Godrich, déjà responsable d’OKC) ou de Coldplay avec Parachutes (2000)
  • ou simplement le rock alternatif d’Elbow avec Asleep in the Back (2001 – bof) ou de Mansun avec Attack of the Grey Lantern (1997 – enfin, surtout la chanson Wide Open Space, seule valable au final).

Dans mon esprit, les copies ne manquaient pas, mais rien ne remplaçait l’original ; des succédanés du grand succès de ces années (yeah, trop fort) ; des ersatz de larsens (mouais) ; des scories de mon high-score (ok, j’arrête là). Il a fallu faire preuve de beaucoup de patience.

Patience qui faisait monter la pression, et qui a mené à une certain déception face à deux demis-albums (Kid A et Amnesiac), tant le groupe (enfin, Colin Greenwood – le bassiste – dans une interview, si je me souviens bien) avait annoncé que « ce serait dans la lignée de Talk Show Host, face B de OKC sortie pour le film Romeo+Juliet, chanson qui déchirait toutes les mamans du Gloucestershire, et qu’au final je me retrouvais à devoir défendre la qualité de certaines chansons malgré moi (genre, le riff principal de Knives Out n’est pas repiqué directement de Paranoid Android…).

Tiens, hop, anecdote : je faisais partie de la trois-centaine de valeureux insomniaques à assister au premier webcast de Radiohead. Aujourd’hui, les webcasts de Radiohead sont de véritables barnums, annoncés longtemps à l’avance (parfois une semaine! quel luxe!), tournés avec du matériel professionnel capable d’accommoder des milliers de netspectateurs, et mis en ligne le lendemain sur tous les sites de partage de vidéo. C’était une autre histoire en ce jeudi 9 décembre 1999 (review de Greenplastic.com, auquel j’envoyais pas mal de news à cette époque, au point de me retrouver remercié entre Mel de w.a.s.t.e. et Max K., ce qui ne parlera qu’aux happy fewsma review ici, en bas, au 16 mai, date de la reprise de nodata) : à cette époque, la vidéo avait la taille d’un timbre poste, et passait par un serveur Real Player incapable de tenir la charge. De mon côté, je comptais sur mon modem US Robotics Sporster 28.8 et ma connexion à Infonie pour suivre tout cela. Après de longues sessions de disque-jokeying, à passer des disques pendant que la webcam tournait dans la maison qui hébergeait le webcast, le groupe s’est retrouvé autour d’un arbre de Noël pour jouer Knives Out en d’avant-première. Le webcast terminé, tout le monde se retrouvait sur le msgboard pour tenter d’attirer l’attention des membres du groupe. Je me souviens avoir laissé un message du genre « quand même, le riff de Knives Out, c’est pas une resucée de celui de Paranoid Android ? », bouteille à la mer de messages postés par la centaine de connectés, à laquelle Phil, le batteur, a eu la gentillesse de répondre : « Come on, we were just busking it« . Yeah, right.

Mais revenons à nos moutons… Amnesiac, donc, relevait à mon goût le niveau par rapport à Kid A, mais ce n’était pas encore « ça ». Hail To The Thief (HTTT), sortit en 2003, n’arrivait toujours pas au niveau d’OK Computer. Certains titres sont prenants, comme Where I End and You Begin ou A Punchup at a Wedding, voire trippants comme Myxomatosis ou A Wolf at the Door, mais d’une manière totalement différente d’OKC. Je me retrouvais alors dans un cycle Kübler-Ross classique, correspondant normalement au cycle de réactions usuelles face à la perte d’un être aimé, mais ici appliqué à l’évolution musicale non-voulue d’un groupe que l’on adore :

  1. Refus : « La moitié des chansons sont inutiles, je vais faire mon Kid Amnesiac« 
  2. Colère : « Bon sang, mais quelle idée d’utiliser un Moog pour Motion Picture Soundtrack ? C’est n’importe quoi ! »
  3. Marchandage : « J’aime bien Travis et Coldplay, ça ressemble assez à The Bends« 
  4. Dépression : « Chérie, tu devrais t’intéresser à Muse, c’est pas si mal finalement »
  5. Acceptation

…et le fait est que jusqu’à il y a quelques mois, je n’étais pas parvenu à ce 5e stade. Sans être sombré dans la dépression (chez moi, le verre est toujours bien rempli), j’étais partagé entre petite colère et marchandage, ou plus simplement Radiohead était sortit de mes groupes préférés, n’étant dans mon top 5 que pour des raisons historiques. S’il y a eu acceptation, c’est de voir Radiohead relégué au rang des groupes qu’on a aimé, et non qu’on aime ; ceux dont les nouvelles chansons ne parviennent pas à nous émouvoir comme avant, tout ça… Il y a même eu du rejet : par le jeu des relations, je me suis retrouvé à être interviewé, ainsi que deux autres aficionados, pour la sortie de Kid A par le jeune magazine Rock Sound (ou un nom du même acabit), auquel à la réponse « Quel est votre album préféré ? », je répondais « The Bends« . Mona analysa cela de la manière suivante : j’ai tellement mal accepté Kid A que j’en suis venu à revenir un album en arrière, prendre mes distances… Bah… Les faits sont là : j’attendais encore l’album qui allait me remuer de bout en bout, à nouveau.

Surtout que ceux qui ont adoré The Bends ont eu droit, pour patienter avant la sortie d’OK Computer, à la magnifique chanson Lucky, enregistrée en une journée et offerte pour l’album caritatif Help. Et nous, qu’avons-nous eu pour attendre le successeur de HTTT ? Chic, ils vont participer au nouvel album Help ; et avec quoi ? Cette déception de I Want None Of This, non mais vraiment, y’a de quoi rester au premier stade. Lâche ton clavier, Thom, il faut accepter que tu ne peux pas pondre une merveille comme How I Made My Millions tous les matins – pensa-je.

Heureusement, l’émotion reste intacte avec d’autres formations : Explosions in the Sky, Mogway, Tool, Wilco, Incubus, Eels, Elliott Smith, Blur & Graham Coxon, Ghinzu, Mud Flow, The Mars Volta, Supergrass, Girls in Hawaii, DJ Shadow, Nada Surf, PJ Harvey, Nine Inch Nails, …

Oh, bien sûr, on trouvait des fix ici ou là, temporaires mais nécessaires pendant cette époque de disette, ces albums entiers achetés dans le seul but d’entendre la voix de Thom par exemple. Rabbits in your Headlights pour l’album Psyence Fiction du projet U.N.K.L.E mené par DJ Shadow (1998) ; le duo El President pour l’album White Magic For Lovers de Drugstore (1998, et je suis même allé les voir en concert) ; l’album Terror Twilight de Pavement avec Jonny Greenwood à l’harmonica (!?!) ; cinq chansons étonnantes sur la bande originale du film Velvet Goldmine (1998) ; le décevant I Have Seens It All en duo avec Björk pour la bande originale du film Dancer In The Dark (2000) ; le duo beaucoup plus intéressant This Mess We’re In avec PJ Harvey sur son album Stories From The City, Stories From The Sea (2000)…

Mais toujours, narguant dans un coin de mémoire, cette réflexion : quand même, Radiohead, c’était mieux avant. Leur concert à Rock en Seine m’a conforté dans cette croyance. Dans un monde où la Tektonik règne et ou Skyrock ne passe que du R&B en boite, serais-je devenu un vieux con ?

Le 7e album de Radiohead, In Rainbows, a été annoncé sur le blog du groupe le 1er octobre 2007, 10 jours avant sa sortie/ »fuite officielle » – désormais libre de ses engagements envers EMI. Je ne vous apprends rien : chacun pouvait le télécharger au prix qu’il voulait. J’ai choisi de ne rien payer – 0.0 livre sterling (ou euro, ou dollar, ça revient au même hein). Ce n’est pas le premier album que je teste avec d’acheter, je n’allais pas l’acheter s’il ne me plaisait pas, même si je savais, ex fan des sixties oblige, que je finirai par l’acheter.

Je suis bientôt retourné l’acheter en ligne – mais pas pour payer les fichiers mp3s « pour bien faire », ni pour commander juste le CD, non, non : l’album au format « discbox », une boite relativement énorme (et chère, environ 60 euros), contenant le CD, un second CD (les faces B), deux disques vinyles, un livret… Et je l’ai racheté dans un magasin physique (Virgin), à nouveau, au format digipack, dès que je me suis rendu compte que le format discbox était quand même bien peu pratique. J’ai acheté deux places pour l’un de leurs concerts à Bercy mi-juillet, ainsi que deux places pour celui prévu dans les arènes de Nimes peu après, avec réservation d’hôtel et de train à l’appui. Je n’ai jamais autant dépensé pour Radiohead depuis notre court séjour à San Sebastian en 2002, afin d’assister à leur concert – qui s’est révélé pour nous être une déception assez énorme, nous faisant alors refuser d’aller les voir à Bercy quelques mois plus tard.

Pourquoi toute cette thune dépensée sans compter et avec plaisir, pour un groupe qui me lassait ? Mais parce que In Rainbows est le meilleur album de Radiohead depuis OK Computer, bordel de merde ! Mais d’une manière totalement différente, et c’est là la chose amusante : en cet album se cristallise selon moi les années de recherches et d’expérimentations qui ont données Kid A, Amnesiac et HTTT. J’y trouve du planant, du trippant, mais aussi ce truc en plus, ces ambiances qui évoluent, se construisent et montent, ce son « plein » et maitrisé. C’est très con à dire, mais cet album me semble l’aboutissement serein de la recherche fébrile d’un renouvellement (et d’un éloignement volontaire du mastodonte OK Computer). Peut-être est-ce le poids en moins de ne plus être lié à un contrat avec EMI, de ne plus avoir à livrer régulièrement des galettes qui vendent…

Nous avions de grands espoirs, mais aussi de grosses craintes vis à vis de cet album. Thom Yorke a sortit en 2006 un album solo, The Eraser, très influencé par le son électro qu’il affectionne ; tout en gardant une certaine « patte » (même producteur oblige), c’était plus du « Thom kiffe l’électro » qu’un album de Radiohead, donc on pouvait espérer que grâce à cette tangente solo, Thom aurait viré le surplus d’idée électro et de sempiternels mêmes accords plaqués au piano, qui ont miné/plombé/pourri nombre de titres des 3 albums précédents (putain mais Sit Down Stand Up, quoi, quelle erreur !). Mais quelques semaines plus tard, la prestation du groupe, au complet, lors du festival Rock en Seine, nous laisse plus que sur notre faim en ce qui concerne les nouveaux titres : ils ont l’air mou du genou, où est le rock, pourquoi ont-il encore raté une chanson à l’origine fantastique (Nude, a.k.a. Big Ideas (don’t get any), allez c’est cadeau, même réflexion que plus haut), pourquoi n’ai-je kiffé le son que pour les titres plus anciens, période The Bends ou OKC (cf. mon reportage du samedi) ? Même la version de studio de Fog (initiallement appellée par les fans Alligators in New-York Sewers) a subit le même traitement de mollitude, et seule une version live au piano (dans l’EP Com-Lag, enregistrée lors d’un concert pour Arte) nous empêche de les détester pour cela. Pourquoi cette inspiration molle ? Pourquoi ce manque de punch ? POURQUOI ????!

Tout simplement parce que je refusais encore et toujours l’évolution cherchée par Radiohead. Dans le contexte post-OK Computer, l’ancienne version de Nude (qui date de 1995/97, quand même) permettait de raccrocher les wagons à une période musicale adorée. Nude existe désormais en version définitive dans In Rainbows, et si je regrette encore la version qui « sonne » comme OKC, j’accepte désormais cette version comme légitime, car j’ai accepté avec In Rainbows les directions prises par le groupe pendant les trois précédent albums. Un album-aboutissement tel qu’In Rainbows permet au fan que je suis de mieux comprendre et assimiler le parcours laborieux documenté par Kid A, Amnesiac et Hail To The Thief.

J’me prends la tête, hein ?

C’est que la transition/acceptation a été plus rapide pour d’autres. Je pense particulièrement à Explosions In The Sky, pour moi le meilleur groupe de post-rock qui soit, qui a enchaîné son puissant Those Who Tell the Truth Shall Die, Those Who Tell the Truth Shall Live Forever par le très mélodique The Earth Is Not a Cold Dead Place – abandonnant d’un album a l’autre les guitares très saturées, pour les remplacer par un son très clair et des arpèges aériens. J’ai commencé par rejeter cette perte de puissance, que je croyais essentielle à leur musique, pour ensuite n’en apprécier que plus les incroyables mélodies qu’ils pouvaient faire sortir de leur guitare. EITS a enchaîné avec un album encore plus « mou », ai-je cru en allant les voir en concert au Trabendo (bon sang, des claviers ! Hérésie !), et puis si l’on adopte une perspective un peu différente, on se rend que le génie est toujours là, que la beauté de la musique n’en est peut-être que transcendée, et que putain qu’est-ce que ça fait chier ce cerveau qui a du mal à sortir des sentiers battus…

Voilà. Tout ça pour dire, chers membres de Radiohead, que je vous pardonne vos errements passés, et accueille avec joie cet album dans mon classement des meilleurs albums de 2007 – qui n’est pas encore fait, mais je vous promet que vous êtes parmis les 5 meilleurs, voire les 3, voire en pole position, bourdjil.

Et je ne suis pas seul à le dire. Certes, l’époque a changé, et comme on aime à le dire pour critiquer ironiquement le succès de Windows, « 15 millions lemmings can’t be wrong », mais le fait que la semaine suivant la mise a disponibilité d’In Rainbows, les statistiques hebdomadaire du site Last.fm (réalisées automatiquement à partir des écoutes des milliers de membres du site) présentaient un classement des chansons les plus écoutées, où toutes les places du classement étaient occupées par les 10 pistes de l’album – dans l’ordre. Oh, oui, bien fûr, vous allez me rétorquer, « mais forcément, nous vivons à une époque de téléchargement pirate incessant, tout le monde a vu que Radiohead sortait un album ‘gratuit’, donc ils se sont précipités dessus ». Je suis tout à fait d’accord avec cette proposition. Mais il faut quand même prendre en comte que le 26 février 2008, Last.fm annonçait que Radiohead avait foutu leur classement par terre – 18 semaines après la sortie de l’album, celui-ci occupait toujours l’intégralité du classement. A la 20e semaine, grâce à ses Grammy awards, Amy Whinehouse a réussit a placer deux titres dans ce classement, mais pour le reste, pffft, toujours Radiohead. Et si je regarde aujourd’hui, dimanche 13 avril, 8 titres sur les 10 viennent toujours d’In Rainbows, avec probablement une rébellion des fans de Muse, qui sont parvenu à hisser le titre Starlight en 7e place à force l’écouter tous en boucle (nous ne voyons pas d’autre explication), suivit du Rehab d’Amy. Excusez-moi si j’ose dire qu’il ne s’agit pas là d’un effet de mode ou d’un mouvement de foule, mais bien d’un putain d’album qui déchire tout sur son passage. Compatissons pour le blogueur de Last.fm, qui écrit « Please, somebody, anybody, release something awesome and save the charts from Radiohead! »

‘Nuff said.

(Mise à jour du 15 mai : ah, l’album gratuit de Nine Inch Nails, The Slip, a remplacé In Rainbows pour les 10 premiers titres. In Rainbows sera tout de même resté 31 semaines à squatter ce classement…)

(Mise à jour du 9 juin : bon, bah le slip n’a pas tenu, les titres de d’In Rainbows occupent 10 des 17 premières places, 6 des 10 premières, et 3 du Top 5. Pan dantagl, Trent.)

Pour autant, Radiohead n’a pas fait un disque populaire. In Rainbows au premier abord ne semble pas être l’album le plus accessible qui soit : ceux qui écouteront la première piste seront certainement rebutés par le son sciemment électro de l’intro – moi-même ça m’a gêné. Mais il faut se souvenir que c’est une coutume du groupe de commencer ses albums avec un titre un peu électro, ce depuis leur 2e album :

The Bends : Planet Telex avec des claviers pas très rock’n’roll (en live, toutes les guitares ressortent)
OK Computer : Airbag avec sa piste de batterie faite de samples, inspirée par ce que fait DJ Shadow.
Kid A : Everything in its Right Place, encore un clavier pas très rock’n’roll.
Amnesiac : Packt Like Sardines in a Crushd Tin Box, des boucles qu’on dirait tirés directement d’un claver Bontempi.
HTTT : 2+2=5, intro avec boite à rythme de location.
In Rainbows : 15 Steps, rien de bien organique dans ces 15 premières secondes.

Pour ceux qui ne suivent pas la groupe, ils ont aussi une habitude à chaque album – c’est une théorie personnelle, hein, je suis sans doute dans le faux : mettre en 2e piste le titre qui « définit » l’album, et là c’est depuis le début :
Pablo Honey : Creep, LE single, qui leur colle encore à la peau 16 ans après.
The Bends : The Bends, même titre.
OK Computer : Paranoid Android, LE single qui fera sortir le groupe de l’ombre de Creep.
Kid A : Kid A, même titre.
Amnesiac : Pyramid Song, premier single de l’album.
HTTT : Sit Down, Stand Up, euh là je n’ai pas d’explication, titre assez pourri.
In Rainbows : Bodysnatchers, putain cette intro, méga basique mais avec un son énorme, ROCK’N’ROLL!

Et les petits zigotos de Radiohead ne font pas grand chose pour aider le petit peuple innocent à aimer leur album : en titre de single, ils ont évitent une évidence telle que Bodysnatchers, et ont utilisé à la place Nude. Voici le clip, sans doute fait-maison :

Avouez que comme chanson, il y a plus « catchy » que cette litanie lancinante, qui au demeurrant est une excellente chanson qui se termine avec un montée vocale assez impressionnante, mais pas de quoi réchauffer la chaumière en ces temps de disette météorologique.

Celle pour Weird Fishes a été réalisée dans le cadre de la campagne EXIT de MTV contre le travail des enfants.

Pour le fun, un étudiant en communication visuelle a fait un remix de Nude… particulier :

Enfin, celle-ci a été réalisée par l’artiste numérique Robert Hodgin, pour le fun, puis proposée aux concours AniBoom.

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Mais vu qu’ils sont malins comme des singes, et forts de leur liberté retrouvée, ils vont chercher les fans là où ils se trouvent : sur Internet. Non contents d’avoir sans doute prouvé que l’on peut vendre un CD même s’il est gratuit (m’enfin bon, ça marche surtout si on est très connu, n’est-ce pas Saul Williams ?), les p’tits gars ont investit le net de manière assez phénoménale.

Pour commencer, ils ont remis en place des webcasts, cette fois de manière super professionnelle : plein de caméras dans le studio, widget kivabien, son nickel, large bande passante, et tout en ligne le lendemain sur leur page YouTube. Donc, dans l’ordre, les webcasts Entanglement, Thumbs Down, et Scotch Mist, dernier en date, diffusé pour le nouvel an. Puis, à la mi-Janvier, un « petit » concert dans un magasin londonien, pour le fun, également diffusé sur radiohead.tv.

On peut par ailleurs trouver une page dédiée au groupe sur Facebook, mais comme Rh n’est pas du genre à se laisser enfermer par une plate-forme trop propre pour être honnête, ils ont lancé leur propre réseau social – et là j’ai peur…

On se dit que c’est déjà pas mal. Mais c’est sans compter les possibilités offertes par le Net. Alors hop!, un concours pour réaliser un clip animé pour un titre au choix, et surtout un site pour ceux qui veulent remixer Nude (le premier single de l’album), avec à la clef, bin, heu, l’honneur d’avoir participé. Voici d’ailleurs les participations de deux camarades, Vince avec qui j’ai joué précédemment, et Sourya avec qui j’ai aussi précédemment joué, mais de manière beaucoup plus ephémère.

Mon remix « ukulele » : http://radioheadremix.com/remix/?id=1792

Remix « piano » de Vince : http://www.radioheadremix.com/remix/?id=872

Remix « electro » de Sourya : http://www.radioheadremix.com/remix/?id=864

Jeu sans gain autre que celui d’être numéro 1 du classement (et encore, la liste est par défaut présenté avec les remix les plus populaires en premier, donc personne ne va voir les nouveaux mixes qui ont besoin de vote, donc le système est cassé à la base), il s’est achevé officiellement le 1er Mai 2008.

Sans gain, sauf pour Radiohead. Pour faire un remix, il fallait acheter les 4 pistes (voix, batterie, basse, ambiance/violons) séparément sur iTunes. Plus d’un s’est arrangé pour les récupérer gratuitement ailleurs (moi le premier), mais mine de rien cette masse d’achat de Nude en diverses versions a fait largement monter le classement global de cette chanson, si j’en crois mes lectures. Après, savoir si le groupe a fait cela pour l’argent ou pour le fun, mon ex-fannitude me tend à pencher pour le seconde solution, mais qui sait, p’tet qu’ils sont en mal d’argent ?

D’ailleurs, pas de clips à 1 million de livres sterling pour Radiohead : pour l’heure, le clip de Nude est tiré d’un de leurs webcasts. Pour le prochain clip, ils ont depuis quelques mois déjà lancé un concours sur le site AniBoom, enjoignant les réalisateurs en herbe à proposer un story-board animé/monté pour l’une des chansons de l’album. A l’heure où j’écris cette ligne (14 mai, le temps passe), ils en sont à une poignée de semi-finalistes qu’il reste à départager. Le vainqueur aura tout loisir de développer pleinement son idée. Après, savoir si ça passera à la télé, pfffft.

Mais reste que cela rentre dans l’ordre d’idée « Radiohead est-il à court de thune depuis qu’ils ont quitté EMI ? » Forcément, EMI n’est plus là pour faire des avances faramineuses en sachant que le prochain album de leur poule aux oeufs d’or se vendra comme des petits pains quoi qu’il advienne, et XL Records, leur nouveau label, n’a certainement pas les poches aussi profondes qu’EMI. Mais pour autant, nous savons que les petits gars de Radiohead ont gagné bien des sous avec In Rainbows, et je les imagine mal à sec. Non, simplement, ils s’amusent. Ils savent qu’ils ont plein de fans prêts à jouer le jeu (bon, et à raquer, aussi), et donc lancent les sites et les initiatives en ligne à tout va. La dernière en date, lancée à l’occasion de leur tournée, c’est un site dédié à la promotion des meilleurs moyens de ne pas envoyer trop de CO2 dans l’atmosphère en allant à un de leur concert…

Mais bon, je déblatère, je tergiverse, je dilettante, le fait est que tout ce qui précède n’est qu’un préliminaire que je ne pensais même pas écrire, ça m’est juste venu comme ça, en me lançant. De fait, si vous avez lu jusqu’ici, acceptez toutes mes excuses pour ce temps perdu (mais pas trop j’espère). Pour me permettre de m’y retrouver, si vous avez lu jusqu’ici, merci d’écrire en commentaire le nom de votre personnage de dessin-animé préféré à l’heure actuelle. Moi ce serait Bob L’Éponge Carrée, par exemple.

Non, ce dont je voulais à la base vous parler, c’est de Phil Selway, le batteur.

Phil, c’est le membre le plus vieux membre de Radiohead.

Phil, c’est aussi un excellent batteur, carré au point d’en être métronomique. Il faut bien ça pour trouver la partie de batterie de Morning Bells, ou pour jouer celle de Airbag en live.

Phil, c’est également un mec sympa, qui dès que le groupe jouait au Japon, ne manquait pas une occasion de rendre visite à la poignée de membres de son fanclub dédié local, « Phil Is Great » (oui, ça fait PIG), où on lui servait ses plats préférés pour finir par une grande partie de bingo tous ensemble. Enfin, c’était le cas quand le fanclub existait toujours : créé parce que Phil était le seul membre du groupe à ne pas avoir SON fanclub dédié, il a été dissous face au risque d’offenser les autres membres (car ils seraient alors « not great », je suppose).

Phil, c’est un bon samaritain, littéralement : il a été volontaire dès 1987 pour une association oxonienne, The Samaritans, qui tiennent une ligne téléphone anonyme pour venir en aide aux personnes dépressives, voire suicidaires. Phil était plus d’un fois là pour répondre au téléphone à ceux qui avaient besoin de parler à quelqu’un.

Phil, enfin, a un tic. Enfin, disons plutôt une sorte de signature, vous savez, le genre de caractéristique que l’on retrouve ici ou là dans le travail d’un artiste, cet élément précis que celui-ci recrée, consciemment ou non, régulièrement ou non, mais présent si l’on y porte attention. Vu toutes les périodes aux travers desquelles les membres de Radiohead sont passés, toutes les variétés de sons et de rythmes, on peut logiquement à s’attendre, au bout de centaines de chansons, à trouver des signature ici ou là, subtiles mais présentes – tout à l’opposé de ces artistes qui prennent juste la musique d’un titre et la changent un minimum pour le refaire – Destiny’s Child et Nickelback, je vous regarde particulièrement.

Le tic, la signature, je la décris comme ceci : patapa patapa, patapoum patapoum, ou patapshi patapshi. En bref, deux séries identiques de trois coups, les deux premiers coups de chaque série étant sur la caisse claire (pata), le dernier de chaque série pouvant porter soit sur la caisse claire (pa), la grosse caisse (poum) ou la charley/une cymbale crash (pshi). Une série de trois, on appelle ça un triolet, pour info.

Ce tic de Phil, je l’ai découvert par hasard, sans vraiment y faire attention au début. C’était pendant le visionnage de la vidéo Meeting People Is Easy (MPIE pour les fans de base), où l’on voyait le groupe évoluer durant sa première tournée promotionnelle pour OK Computer, en 1997-98. Pendant la séquence « la tournée au Japon », on voit le groupe faire ses balances (apparemment, ou alors ils essayent de nouveaux titres sur la route) avec la chanson Follow Me Around, qui obtiendra rapidement un statut culte auprès des connoisseurs. Voici la vidéo de cette performance (début avec Thom seul à la guitare, suite de Thom seul coupé par des extraits typiques de MPIE, retour à la chanson quand les autres membres entrent en jeu, dont Phil bien sûr) :

Vous avez capté le tic de Phil ? Moi ça m’a sauté aux oreilles parce que je connais un peu les chansons des 3 premiers albums par coeur, mais bon, p’tet que vous aussi… Allez, je vous aide, voici les quelques secondes incriminantes :

La première fois que j’ai entendu cette chanson dans MPIE, j’ai aussitôt pensé à Planet Telex, première piste du 2e album The Bends, où on la retrouve sous cette forme :

Je n’ai plus repensé à ce patapoum patapoum depuis lors, jusqu’à l’arrivée d’In Rainbows, dont la 2e piste, Bodysnatchers, contient cette forme de la signature :

Du coup je me suis dit, « tiens, si j’écrivais un post parlant de ça, ça pourrait relancer mon blog. » Puis, « ah ouais, mais ‘faudrait que je vois si y’en a pas d’autres. » Dont acte :

Faithless the Wonder Boy (face-b de Pablo Honey, et 3e piste du fameux Itch EP) :

My Iron Lung (8e piste de The Bends) :

Palo Alto (face-b d’OK Computer, 7e piste du maxi How Am I Driving) :

Morning Bell (9e piste de Kid A) :

Et pour conclure, la fin de There There (9e piste de HTTT) :

Il y en a peut-être encore d’autres, allez savoir…

Voilà, je voulais juste parler de ça. Mais comme trop souvent, je me suis laissé emporter par le sujet. Tant pis, ça vous a fait de la lecture pour quelques temps. Et, oui, j’ai d’autres posts du même acabit sous le coude, qui attendent leurs heures, attendent, attendent…

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Try before you sell

Temps de lecture / Reading time : 3 minutes.

Fin novembre 2006, je tombe – je ne plus comment – sur le vidéo-clip pour « If you fail, we all fail », de Fields.

Jeune groupe, son « plein », choriste hippie-yeah, jolies lumières : j’approuve, ma douce également. Nous mettons donc en quête de leur album, afin de pouvoir voir de quoi il en retourne sur le Long Play. Fouillant Amazon.fr et .co.uk, nous ne trouvons que des Extended Play, notamment « 4 From the Village« , sortit en Juillet 2006 – ça faisait donc un moment qu’ils sortaient des chansons, où était l’album ?

L’explication que je trouvais à ce manque de LP se trouvait à mon avis à la télé : grâce à notre Freebouze, nous avions accès notamment à MTV et MTV2, cette dernière faisant la promotion plus précisément de groupes de rocks. Et Zeus sait que nous avons vu quantité de clips de groupes perfidalbions qui n’ont même pas eu l’occasion de passer le Rubicon la Manche.

Le jeu des labels de musique semble donc être une fuite en avant : face au méga-succès (amplement mérité) des Arctic Monkeys là où personne ne donnait un Judka Herpstu de leurs boutons d’acné, les règles classique sont modifiées, et ces labels signent à tout-va des CDDs avec les moindres groupes faisant bouger le pied gauche de l’ivrogne du coin, leur font enregistrer la chanson qui a fait bouger le pied, leur tournent un clip dans la foule (pas trop cher ni trop chiant, typiquement en studio, en concert ou dans un champ), envoient la tout à MTV2 qui passe à longueur de journée ces publicités savonnesque, le tout dans l’espoir infime que plus de 20 personnes se mettent à acheter le single, justifiant un CDD plus long et, enfin, un album. MTV a même une émission dédiée à ce mouvement : Spanking New Music, que si tu reconnais aucun des noms de groupe, c’est normal, ils sont tous inconnus mais leurs producteurs respectifs espèrent fermement qu’ils y aura autant de bouche-à-oreille pour leur poulain qu’il n’y en eu pour, donc, les Arctic Monkeys en leur temps, et oui rassurez-vous je vais bien finir par clore cette phrase, tiens hop.

En résumé : si Fields n’avait pas encore sortit d’album, c’est qu’ils étaient encore en phase de test. Il nous fallait donc attendre quelques mois pour voir s’ils avaient assez ramené de brouzoufs pour justifier plus de temps de studio, où s’ils avaient été lâchés de leur labels, comme tant d’autres avant eux. D’où, mon titre.

Agréable surprise, donc, de recevoir de la part de ma meilleure moitié un lien vers un article des Inrocks, faisant une critique plutôt positive (« …encore très perfectible mais déjà impressionnant… ») de leur album, « Everything Last Winter », dans l’édition de la semaine.

Après, si je puis dire, vient notre tour de faire du « try before you buy »…

Mais l’espoir existe, donc ! Puisqu’il en est ainsi, permettez-moi de faire éhontément la promo d’un autre petit groupe que j’aime qu’est-ce qu’y font, à savoir Blood Red Shoes. Découvert via l’éternelle source de jeunesse qu’est la Blogothèque, j’ai prestement aimé la première chanson+vidéo de ce duo grand-britons. Beaucoup plus proche du son grunge des Hole et Nirvana, que de garage/blues-rock joué par ceux auxquels ont ne manque pas de les comparer (The White Stripes, The Black Keys et The Kills), avec un brin de PJ Harvey pour les intonations de voix la demoiselle (surtout reconnaissable dans le premier clip qui suit). Et, ce qui ne gâche rien, ils sont trop choupinous.

Leur premier clip, donc, présente « You Bring Me Down » :


Blood Red Shoes – You Bring Me Down

Vint ensuite « It's getting boring by the sea », dans la même veine, avec le même réalisateur (mais trop de maquillage, si vous voulez mon avis) :


Blood Red Shoes – It's getting boring by the sea

Enfin, l’exxxxxcellent magazine Tracks en a fait le thème de son live de la semaine, je ne sais trop quand, avec une pitite interview où l’on apprend l’origine de cet excellent nom de groupe, suivit d’une interprétation live de leur autre single, « ADHD », dont le clip est je trouve moins intéressant que ses prédécesseurs, donc nous nous en contenterons :


Blood Red Shoes @ La Flèche d'Or

Voilà donc. Pour voter pour eux, tapez « 1 » après le bip visuel.

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Projet de la rentrée : ne pas aller à Rock en Seine

Temps de lecture / Reading time : 3 minutes.

[post que j’avais commencé il y a fooooort longtemp, et que je me dépêche de boucler car 1) ‘faut pas gâcher, et 2) ça commence demain 🙂 ]

Je n’ai aucune raison de bouder le festival Rock en Seine. Un vrai festival avec des artistes d’envergure, dans un parc accessible en métro/tramway/voiture, et donc offrant le luxe de rentrer dans son lit à la fin des festivités ou entre deux journées. Le tout, à la fin du mois d’Août, juste avant de devoir se replonger dans Septembre. Festival de luxe, quoi.

Je n’ai d’ailleurs pas boudé mon plaisir, ayant fait acte de présence lors de la première édition, en passant la journée ensoleillée à observer sur la grande scène K’s Choice, Morcheeba, Beck, PJ Harvey et Massive Attack se succèder, et en partant croiser sur la petite scène Keziah Jones qui s’excuse de devoir arrêter-là son show, qu’il pourrait tenir une nuit entière à jouer… Good times.

J’ai ensuite sauté les deux éditions suivantes, malgré des affiches comprenant The Arcade Fire et Franz Ferdinand à leurs débuts, Archive, White Stripes, Sonic Youth ou Hopper, entre autres.

Je ne pouvais par contre pas rater l’édition 2006, en bon Radiohead fanboy que j’ai été : Radiohead, donc, mais également Morrissey pour la miss, Beck, DJ Shadow, Nada Surf, Calexico, Clap Your Hands Say Yeah, Phoenix… Excellente édition, au point que je lui consacrasse un post pour chaque journée : le vendredi et le samedi. Car oui, rapidement le festival est passé à deux jours plutôt qu’un seul, à trois scènes plutôt que deux, à un plus grand espace… Les organisateurs ont bien compris qu’il fallait s’agrandir.

Malgré tout, je n’irai pas à cette édition 2007. Pourtant, avec rien que Tool, Björk et Arcade Fire en tête d’affiche, on pourrait se dire que je me serais précipité sur les billets. Mais non. Pour quelques raisons qui, combinées, font que la pilule passe mal.

– Déjà, le festival se déroule maintenant sur trois jours : vendredi 24, samedi 25, dimanche 26.
– Les trois têtes d’affichent passent évidemment chacune en fin de chaque journée (Arcade Fire le vendredi, Tool le samedi, Björk le dimanche).
– Il y a le même nombre de scènes, donc les journées sont remplies de groupes dont on n’a jamais entendu parler.
– Les « petits » groupes les plus intéressants (Mogwai, Emilie Simon, The Shins, 2 Many DJ’s, UNKLE) se trouvent quasiment tous le vendredi – histoire de motiver les gens à bouffer un RTT pour le festival et participer aux trois jours plutôt que juste les deux du week-end.
– Les deux autres jours disposent de « petits » groupes moins passionnants (The Fratellis, Amy Winehouse (qui a d’ailleurs annulé pour cause de séjour en désintox), Jarvis Cocker, The Jesus and Mary Chain, Erik Truffaz, CSS, Les Rita Mitsouko, Alpha), ou plus inconnus. Samedi est encore plutôt bien achalandé, vu qu’il faut attirer le clampin face à Tool certes bête de scène et de son, mais trop complexe et « métaleu » pour attirer. En revanche, Björk étant assurée de remplir le festival à elle toute seule (comme l’a fait Radiohead en 2006), la journée de dimanche est quasiment dépourvue d’autres groupes intéressants (hors Craig Armstrong et Faithless, allez) – on se paye même une tranche de rockeurs chevelus parisiens qui se lancent (Housse de Racket, Nelson et Rock&Roll), grand bien leur fasse mais sans moi.

Voilà. Tout plein de gens trouveront les « fillers » suffisants pour justifier d’être présent sur les trois jours, moi pas. Cette édition me donne plutôt l’impression que les organisateur veulent se la jouer Eurockéennes avec leurs trois jours de festivals, mais ils ne parviennent pas encore à remplir les grilles horaires aussi bien.

Ainsi, l’édition 2007 des Eurocks amène quand même des fillers plus intéressants, comme Justice (comment RockEnSeine ont-ils pu les rater ?!), Digitalism, Wu-Tang Clan, Olivia Ruiz, I’m from Barcelona, Tryo, Air, The Good, the Bad and the Queen (nouveau projet de Damon Albarn), Laurent Garnier, Abd Al Malik, Stuck in the Sound… Pour rester honnête dans la comparaison, les Eurocks ont aussi beaucoup plus de fillers (5 scènes obligent), et terminent les deux premiers jours à 3h du matin plutôt que le minuit de RockEnSeine. Disons qu’aux Eurocks, y’a toujours un groupe qui peut t’attirer à un moment donné, alors qu’en regardant le programme de RockEnSeine, je vois de looongues plages d’attente.

Bref, j’adore les concerts, mais je vais à nouveau sauter une édition de Rock En Seine, cette fois plus à cause de mon impression de me faire entuber si j’achète mes billets (pas offerts) qu’autre chose.

A l’année prochaine, j’espère.