[oui, bon, ce second article sur le sujet arrive un peu un mois++ après les faits, mais il faut bien que, et les moins malins d’entre vous n’ont pas vu les vidéos de cette journée. dont acte]
[rappel : le vendredi]
Samedi, donc. Après avoir passé la journée du vendredi à aller de-ci de-là à la rencontre de groupes et même de gens qu’on n’avait plus vu depuis, pfiouuu, au moins notre précédent passage à Rock en Seine (salut Mo’!), l’idée principale du samedi était somme toute plus claire : se placer au bon endroit pour pouvoir attendre le passage de Radiohead sans devoir pour autant passer six heures debout sous la pluie (qui s’annonçait).
Vue la foule amassée devant la scène dès notre arrivée (16h), cela ne semblait pas gagné d’avance. Fort heureusement, l’expérience des années passées et des camarades précocement placées, notre vue sur la scène principale et le supplice de plusieurs milliers de fans furent imprenables.
Confortablement installés, et même presque au sec, nous n’avions qu’à attendre que les jongleurs et trapézistes viennent nous divertir. Il ne fallut pas attendre longtemps, le premier se présentait déjà :
J’ai pas bien vu.
Aaaah, d’accord. Jeu : retrouvez la conversation qui a suivit.
Pendant ce temps jouaient les p’tits gars de The Dead 60’s, qui furent sympathiques mais bon. Ils suivaient, dans l’ordre, Take Back Sunday dont on retiendra surtout les éléments dessinés sur la scène, et Phoenix qui ont apparemment ajouté une couille à leur paire actuelle : un son plus rock/péchu, saibien. Suit Beck.
Aaaah, Beck, c’est une vieille histoire d’amour. Découvert pour ma part avant tout pour son album mélancolique (à savoir, Mutations) et son prédécesseur Odelay!, j’avais eu du mal, forcémently, avec le suivant, Midnite Vultures. Quoi ? De la fonk ? De la soul, baby, soul ? Du bonheur et de la joie de vivre ? Oh !, je recherche un fix en attendant le prochain Radiohead, moi, pas du bonheur en tranche !
J’ai cependant été con-vain-cu de cette direction de la part du sieur Hanson en allant le voir au Zenith, où c’était la teuf sur scène comme dans les gradins. Le bonheur, c’est bon, mangez-en. J’ai été reconvaincu par sa prestation très mélancolique (la pluie aidant) lors du Homecoming Gig de Radiohead, à Oxfort en 2001. Beck, c’est bien en concert quand ça part en délire. Et cette fois encore, il n’a pas déçu.
Non content de se trimballer avec un hulubrius geekique sur scène qui n’a apparemment d’autre rôle que de se donner en spectacle et kiffer la vibe, la scène ajoutait un petit théâtre de marionnettes, où chaque musicien avait sa représentation, et dont les mouvements, synchronisés avec ceux des vrais musiciens, étaient filmés par des caméras DV et retransmis sur écran géant, alternativement d’avec, donc, les vrais zikos. Vous suivez ? Exemple en images.
Bref, tout comme au Zenith, Beck offre une prestation délirante et travaillée, et si tout dérapage reste nettement contrôlé, le public y trouve quand même la fraîcheur et candeur nécessaire à sa bonne appréciation. À chaque concert, de ce que j’ai lu, les marionnettes ont droit à un petit film pendant que les zikos font entracte, et ça n’a pas manqué : se baladant dans Paris, blagues à deux balles à l’appui, les marionnettes ont bien fait rire tout le monde, surtout quand on les voit saccager la loge de Radiohead en maugréant « this is what you get when you mess with us ». Good times.
Retour sur scène, Beck avec sa guitare acoustique pendant que musiciens dînent en se faisant servir par le geek de ci-dessus. Quelques chansons mélancoliques puis Clap Hands :
Petit riff de rien du tout sur lequel les autres musiciens (et leurs marionnettes) improvisent des percussions sur la vaisselle, la table et tout ce qui est à portée. Ici encore, il le font à chaque fois, mais comme on ne les a pas vus ailleurs, youpla. Beck enchaîne sur One Foot In The Grave, titre où il chante, joue de l’harmonica et pousse des petits cris pendant les parties d’harmonica.
Et retour à Clap Hands. Meilleur moment du concert, peut-être. Pour finir, un petit bout de Where It’s At :
Bon, reste Radiohead, hein. Genre, tout le monde n’est venu que pour ça, le reste du parc et des concerts est totalement déserté, plein de gens qui poussent et nous qui, pfiouloulou, devons nous lever pour mieux voir, bloquant du coup la vue des VIPs installés derrière nous, mouaha.
Radiohead, pour le coup on parle de vieille histoire. Même si j’ai été tardif sur le sujet, en l’occurrence avec OK Computer en 1997 (mais bon, je suis venu à la musique tardivement, probablement avec le premier album d’Alanis Morissette en 1995, en tout cas sûrement via le Club Dial), j’ai été rapidement pris à la gorge (au point de me rabattre sur Muse en voyant que le successeur d’OKC ne viendrait pas avant quelque temps), et ai parcouru bien des kilomètres pour les voir en concert.
Tiens, faisons la liste : concert pour Amnesty à Bercy (1998), Tibetan Freedom Concert à Amsterdam (1999), Arènes de Fréjus (juin 2000), Grand Rex (juin 2000), Nulle Part Ailleurs/C+ (2000), deux concerts sous chapiteau à St Denis (2000), concert privé Canal+ (2001), Homecoming gig à Oxford (2001), San Sebastian (2002).
Dix, donc, si l’on compte les passages télé. J’ai raté le concert semi-privé pour Arte au Réservoir, car je le croyais super-privé, et j’ai cordialement évité celui de Bercy, car bordel c’est pas un endroit pour jouer de la musique. Ca fait donc depuis 2002 que nous n’avions pas vu ce petit groupe, et ma foi nous étions curieux, même si depuis San Sebastian et les derniers albums nous avions été sensiblement ébranlés face à leur incapacité récurrente à nous toucher autant que pendant la période pré-Kid A. Mais bon, Thom Yorke a fini par sortir son album solo, donc nous avions bon espoir qu’en sortant ses claviers du son du groupe, le bon rock allait revenir.
Et nous voilà donc, comme deux milliards de péquins, à attendre LE groupe de ce festival, celui que tout le monde attend, celui qu’on n’a pas vu depuis pfiouloulou, et pouvoir juger sur pièces avec ce onzième concert en 8 ans.
Nous avions été « un peu » déçus par leur prestation à San Sebastian – enfin, surtout la combinaison « trop de Thom au piano » et « trop de pouffes qui dansent comme Shakira dans la salle ». Quid, alors, quid, ô grand Xavier que t’es un vieux de la vieille ? Verre à moitié vide ou à moitié plein ?
Bah, moitié. D’où je suis (et avec un arbre du surcroît), filmer ne permet que d’apprécier les jeux de lumière, donc voici les vidéos, aucun montage, j’ai commencé à filmer quand je sentais que les lumières allaient devenir intéressantes.
Du coup, ça vous étonne si je vous dis que je n’ai filmé que les vieilles chansons, quasiment ? Mais surtout, pas une nouvelle ? Bin oui, on était bien contents d’entendre en live de vieux titres datant même de The Bends – même si un live de Rh se transpose facilement d’une ville/année à l’autre, le seul truc qui change étant l’ordre de passage et les commentaires de Thom Yorke – mais nous avons été plus qu’underwhelmed par les nouvelles chansons. Molles du genou. Même une superbe chanson comme Big Ideas (pardon, « Nude ») est devenue inintéressante dans sa dernière incarnation, à croire qu’ils veulent la foutre en l’air comme ils ont massacré Motion Picture Soundtrack. Enfin, je vous laisse seuls juges : Nude (Rock en Seine 2006).
Mais on ne va pas faire notre fine bouche, hein : show très pro, comme d’hab, pas un pet de travers, pas non plus de grands délires, comme d’hab, et ça fait toujours plaisir de constater qu’une grande partie de notre adolescence, de mon adolescence, LE groupe qui m’a formé musicalement, et avec qui j’ai appris à jouer de la guitare, tourne toujours, est toujours créatif, etc. Comme l’a dit Billy Corgan, « a real fan is someone who gives the next album a chance » (ou un truc du genre). Sur ces bons mots, la fin des vidéos, et désolé de vous avoir forcé à tout lire.
Et j’ai fini de taper tout ceci en écoutant non pas Radiohead, mais Explosions in the Sky. Mangez-en, et tirez les conclusions que vous voulez.