Mise-à-jour : ajouté deux paragraphes, la fin était trop bancale…
Des informateurs de premier ordre, à savoir mon petit doigt et TéléPoche, m’ont annoncé une révélation douloureuse : cela ferait environ 14 jours que la seconde deuxième saison de la série Lost a commencé sur TF1 – alors que je croyais que c’était ce soir. Deux épisodes par samedi, donc, ce qui nous amène aux épisodes 5 et 6 ce soir. Avouez que pour quelqu’un qui voulait relancer la polémique sur le sujet, comme suite à mon premier post sur cette saison (enfin, surtout comme suite aux réactions attenantes), je m’en sors plutôt fort mal. Avec deux épisodes par semaine, la saison sera bouclée en 12 semaines (oui, j’ai fait un bac S), et il me reste donc un minimum de temps pour me mettre en route.
Car il faut le dire, je l’ai vue en entier, cette deuxième saison, et en anglais dans le texte, s’il vous plaît. Et j’ai pu constater que la courbe d’intérêt par épisode de la saison était sensiblement la même que lors de la première saison : ça carbure bien pendant, allez, 4/5 épisodes, où on découvre pas mal de choses, puis on a une quinzaine d’épisodes tranquilles-pépères, où l’on s’intéresse plus précisément au passé de l’un des personnages (enfin, ce n’est pas complètement vrai : tous les épisodes, sauf un, ont des flashbacks sur un personnage en particulier – c’est la marque de la série -, flashback qui bien sûr renvoie à ce qui se déroule durant l’épisode), et les 4 derniers épisodes de la saison où tout se bouleverse, et on en apprend plein de trucs, et « ptin les enfoirés maintenant il FAUT qu’on voit la saison 3 ! » Reste que, autour de l’épisode 12, on s’emmerde, et « bon, tu veux qu’on mate l’épisode suivant ou on va se coucher ? »
Donc, a priori, ce soir, épisodes 5 et 6, attendez-vous déjà à avoir de moins en moins de surprises. Déjà vous avez découvert le contenu du hatch (euh, la trappe en VF je crois), avec son occupant et une nouvelle mythologie du bouton qu’il faut presser, des chiffres mystérieux, tout ça. Bon, si, allez, c’est vraiment pour vous faire plaisir : il arrivera un truc pas cool à un personnage majeur à la fin fin fin de l’épisode 6, truc provoqué par un récent personnage majeur.
Vous ne voulez pas de spoilers ? Ne lisez pas le paragraphe suivant, regardez seulement l’image.
Shannon meurt à la fin de l’épisode 6 de ce soir, abattue par une Ana Lucia qui croyait voir en elle une Other (euh, une Autre en VF ?). Bin voui, c’est la vie, les personnages de Lost meurent, tout comme Dumbledore ou Kriss de Valnor dans les dernières éditions de leurs séries respectives. Et oulala, rassurez-vous, Shannon sera vengée, car Michaël finira par abattre Ana-Lucia de sang froid vers la fin de la saison, tuant au passage Libby, donc on ne sera jamais qui elle était, elle. Mmmh.
Donc, suite à cet évènement assez majeur, la série entame son rythme de croisière, de haine sous-jacentes, de débuts d’amourettes, et tout et tout. Pour les scénaristes, il faut bien combler les 15 épisodes à venir avant le grand final, et pour le spectateur comme nous, du coup, il faut trouver une motivation à regarder la chose, régulièrement. Et quand je dis « régulièrement », je précise que ceux qui ont découvert la saison 2 en live via BitTorrent et autres, ont dû souffrir parfois pendant 4 semaines entre deux nouveaux épisodes. Vous, petits français grassouillets nourris à la sauce TF1, aurez droit à deux épisodes par semaine, CHAQUE SEMAINE. Folie. Luxe. Satiété.
Trouver la motivation, donc. J’avais déjà dit que les flashbacks me soulaient, même s’ils commençaient à donner l’impression de se croiser. Cette saison encore, les personnages se croisent dans leurs flashbacks, mais cela reste la plupart du temps très rapide, et sans grande conséquence. On se dit alors, quel intérêt ? L’intérêt est de titiller le fan.
C’est la conclusion à laquelle je suis venue au bout de ces deux saisons, mais également en visitant régulièrement deux wikis dédiés à la série, Lostpedia et Lost Wiki. Ces deux wikis concentrent une masse assez énorme d’informations, que la plupart du temps seul un fan dévoué peut remarquer au sujet d’un épisode ou d’un personnage. Et c’est, à ce que je comprends, le seul objectif des scénaristes : maintenir l’intérêt du fan de base en lui prodiguant juste assez d’indices, ou de références, pour qu’il sente que l’épisode n’était pas vain.
Le spectateur occasionnel ou inaccoutumé à ces « clins d’oeil » des scénaristes aux fans passera totalement à côté de la chose et s’emmerdera formidablement, mais celui qui collecte toutes les références imaginables à la fameuse suite de chiffres sera comblé à chaque épisode, par exemple. Ceux qui écrivent la série ne cherchent pas à recoller petit à petit les morceaux pour nous, mais au contraire à en ajouter d’autres au puzzle.
Pour qui, sinon, seraient destinés de tels détails comme la photographie de Desmond, le fait que Locke vende une maison à Nadia ou que le docteur du premier film d’orientation a un faux bras gauche, mais dans un seul des films ? Qui va faire dix mille capture de la carte sur la porte blindée ? Qui va parcourir dans tous les recoins les sites Web liés à la série, ou le jeu téléphonique et webique The Lost Experience, pour en retirer tous les détails et les coupler à ce qu’il sait déjà de ce qu’il se passe sur l’ile ? Bin oui : le passionné frénétique et avide, tétrapilectomique et diptérosodomite.
Je ne suis pas un fan de base. Mais je me suis, après avoir découvert ces wikis, beaucoup intéressé à tout ce que nous divulguent les scénaristes, et à la manière dont cela peut être perçu par le spectateur moyen ou passionné. Lost n’est pas une série qui marche pour ses énormes qualités scénaristiques, l’empathie possible avec chaque personnage ou l’envie de voir Kate se faire poutrer par Jack ou Sawyer, n’importe lequel, mais merde qu’au moins ils se décident. Non, rien de tout cela (enfin bon, un peu quand même. Surtout pour Kate, quoi. Biotch). Ca marche, parce que ceux qui ont été happés lors des premiers épisodes, ceux-là mêmes qui sont les plus vus de toute la saison à chaque fois, ces spectateurs tombent dans le panneau du « Il faut que je sache », et qu’ils regardent, et qu’ils cherchent sur Internet, et qu’ils se trouvent les uns les autres, qu’ils font des wikis et des blogs, que ça créé du volume et du contenu pour Google, et qu’ils y retournent pour convaincre leurs amis de regarder, que c’est vraiment important, qu’il y a beaucoup plus de choses derrière les rideaux, qu’il faut dépasser les personnages stéréotypés pour parvenir à la substantifique moelle, que quand même j’espère que Kate va sortir avec Jack parce que Sawyer et bah c’est un méchant, lol.
Ces wikis sont donc devenus ma manière de rendre intéressante la visualisation des épisodes emmerdants de la série. Grâce à la magie de BitTorrent, je voyais la série avec simplement un ou deux jours de retard par rapport aux membres de mon cercle familial immédiat qui habitent les États-Unis d’Amérique, ce qui m’évitait de trop troublants spoilers – même si l’évènement majeur cité plus haut dans ce post m’a été divulgué par une fan mécréante.
Balancer à mon tour quelques spoilers innocents n’est donc qu’une manière de me venger de cette surprise manquée, mais j’espère qu’en fournissant en même temps les clefs à cet univers parallèle et microscopique (dans le sens « pas accessible à l’oeil nu ») de Lost, les fans de base qui officiaient dans mes commentaires deviendront non plus des fans, mais des chercheurs en détails affichés pendants un quart de seconde, et agrégateurs d’informations aussi diversement liées qu’inutiles au quotidien. On appelle cela des « useless trivia », et c’est l’une des joies de l’Internet mondial, qui a pris de fait le relais du Quid dans le coeur des omniscients compulsifs comme moi.
Bonne soirée sur TF1 les enfants. Moi ce soir je vais voir Vénus.