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Le tempo d’un succès

Temps de lecture / Reading time : 9 minutes.

J’imagine que nous faisons tous attention aux motifs de nos vies, ces répétitions que l’on se croit seul-e-s à voir/entendre, jusqu’à se demander si elles ont un sens.

Ok, donc ça c’était l’intro bidon (et sans LLM), passons au coeur du sujet : les chansons qui ont eu plus de succès une fois qu’elles ont été remixées — et moi de me demander si les artistes en sont tristes, ou satisfaits1Bon, vu le chiffres de ventes/diffusions des remix, gageons que la satisfaction pécuniaire est là, ou du moins que la tristesse trouve sa compensation. Ah mince, je viens de répondre à ma question principale pour cet article ! Bon, mettons que vous n’avez rien vu.… et surtout, donc, si un motif se détache parmi ces remix.

Voici quelques exemples entendus ces dernières années.
Il y en a bien sûr moult autres, mais c’est mon blog, oh.

Asaf Avidan & the Mojos
« Reckoning Song »

L’original, en 2008.
Le remix par Wankelmut, en 2012.

Reckoning Song est une chanson folk touchante créée par l’artiste Asaf Avidan et son groupe The Mojos. La tessiture de voix d’Avidan est très particulière : rauque, aiguë, comme arrachée à la gorge — un de mes collègues de l’époque PrestaShop, cherchant à décrire son chant, m’avait dit qu’il chante « comme une vieille femme ».
Le single et l’album se vendent bien dans leur Israël natale, et correctement en Europe. Ils sortent deux autres albums, puis le groupe se sépare en 2011, Avidan se lançant en solo.

Le DJ allemand Wankelmut s’empare du titre (et change le titre, devenant « One Day » pour tout le monde), l’accélère, rajoute une section rythmique (basse + batterie), quelques effets sur la voix… et c’est le succès dans toute l’Europe, en étant numéro 1 des ventes dans de nombreux pays.

Phoebe Killdeer & The Short Straws
« The Fade Out Line »

L’original, en 2011.
Le remix par The Avener, en 2013.

The Fade Out Line est une chanson bluesy envoûtantes créée par l’amie Phoebe Killdeer, avec un riff parfait apporté par la guitare du français Cédric Le Roux, et un texte coécrit avec Craig Walker2Selon moi le meilleur chanteur d’Archive, mais je digresse….
Ce morceau est la pièce maîtresse du second album du groupe Phoebe Killdeer & The Short Straws, intitulé Innerquake, et en tout objectivité je vous le recommande si vous aimez le blues-punk sombre et enfumé.

Le DJ français The Avener s’empare du titre (et change le titre, devenant « Fade Out Lines » pour tout le monde), l’accélère, rajoute une section rythmique (basse + batterie), quelques effets sur la voix… et c’est le succès dans toute l’Europe, en étant numéro 1 des ventes3Ça doit faire tout de même faire mal aux fesses quand Wikipédia parle de ta chanson en ouvrant d’abord sur le mec qui l’a remixée, et avec le mauvais titre… dans certains pays.

Je disais quoi déjà à propos des motifs ?

Lilly Wood & the Prick
« Prayer In C »

L’original, en 2010.
Le remix par Robin Schulz, en 2014.

Prayer in C est une complainte langoureuse du duo français Lilly Wood & the Prick, portée par la voix râpeuse de Nili Hadida et la guitare claire de Benjamin Cotto — et une flûte.

Le DJ allemand Robin Schulz s’empare du titre (et ne change pas le titre, ouf), l’accélère, rajoute une section rythmique (basse + batterie), quelques effets sur la voix… et c’est le succès dans toute l’Europe, en étant numéro 1 des ventes dans de nombreux pays.

Je… Euh… Motifs !

Isabelle Pierre
« Le Temps Est Bon »

L’original, en 1971.
Le remix par Degiheugi, en 2014.
Le remix par Bon Entendeur, en 2018.

Le Temps Est Bon est une balade insouciante chantée par l’artiste québécoise Isabelle Pierre et écrite par Stéphane Venne. Venue directement du post-Summer of Love américain canadien4Elle a été écrite pour le film Les mâles, une comédie dans laquelle deux hommes qui ont fui la société décident de combler leur manque de présence féminine… en kidnappant une jolie infirmière du village voisin, par ailleurs fille du chef de police, provoquant recherches et rencontres de personnages hauts en couleur., l’original est aujourd’hui une chouette chanson de début de soirée.

Le DJ franç… non, ce serait trop simple 🙂
Chanson québécoise sur le thème du trouple, elle a été « retrouvée » en 2010 pour le film de Xavier Dolan (québécois également), « Les Amours imaginaires »… lui-même sur le thème du trouple5trouple \tʁupl\ masculin (Famille) Couple à trois..

Deux ans plus tard, le DJ malouin6« Ni Français, ni Breton, Malouin suis », telle est leur devise 🙂 Degiheugi7Jérôme Vildaer, dont l’alias initial était DJ E-J. Maintenant vous arrivez mieux à prononcer son pseudo. propose un remix créatif, reconstruisant notamment le fredonnement de l’intro, en faisant de la chanson un tube des dancefloors.
Et ça cartonne pendant ses concerts, et sur les radios ! Degiheugi l’ajoute donc à son album Dancing Chords And Fireflies, sorti en 2012.

Sauf que.

Sauf qu’il n’a pas les droits pour en faire un usage commercial. Et les p’tits gars de Bon Entendeur, eux, ont fait les démarches pour les avoir, ces droits8On peut admirer l’effort : « A l’été 2018, le manager du groupe fonce au Québec, y retrouve la piste de Stéphane Venne et surtout celle d’Isabelle Pierre (via l’annuaire !) aujourd’hui représentée par un ayant-droit. Un accord est alors trouvé entre les parties pour exploiter la chanson, caution financière à l’appui. » (20 minutes). En effet, depuis janvier 2014, presque tous les mois, le duo sort des mixtapes avec une personnalité en « thème » principal9Dont DSK, Chirac, Rhabi, Beigbeder, … Parfois une certaine vision de la France, quoi. et c’est sur la Summer Mixtape de 2017, illustrée avec Omar Sy, que le public découvre Le Temps Est Bon, présentée comme « leur » chanson10La setlist indique « 12:16 – 15:55 : Bon Entendeur – Le Temps Est Bon ». Aucune mention d’Isabelle Pierre ici, alors que toutes les autres chansons sont correctement attribuées. Y’a sûrement une raison valable, hein..

Leur remix est moins créatif que celui de Degiheugi côté sampling, mais propose une jolie réorchestration du titre, sorte de « mise à jour » de la chanson qui fonctionne moins pour le dancefloor et plus pour l’apéro.

Et la maison de disque de Bon Entendeur s’assure de garantir les droits de diffusion : la version « Remaster » de Dancing Chords & Fireflies, sortie en 2021, ne contient plus le remix, et l’EP « Le temps est bon – Remix » est tout simplement supprimé des catalogues.

Degiheugi est un peu dég’11Pun intended. :

Tout comme le single sorti en 2012, cet EP fut retiré de la vente lors de la sortie d’un remix d’un collectif de DJ et le rachat des droits du sample original par Sony, et une belle chasse au sorcière pour effacer toute trace de ce titre, et ainsi faire oublier qu’ils avaient bien piqué cette belle idée…

Site officiel de Degiheugi (archive)

On trouve en ligne des références à ce « pompage », soit sarcastiques (archive), soit plus factuelles (archive sans les vidéos). À chacun-e de choisir son camp…

A priori pas de succès international ni même français cette fois, mais le titre reste près de 60 semaines dans le Top 200 français, avec une pointe à la 58e place pendant l’été 2019.
Et Bon Entendeur, comme de bien entendu12Hoho !, de faire la tournée des festivals pendant les étés suivants — et de revendre les droits pour des publicités TV.

Matt Simons
« Catch & Release »

L’original, en 2014.
Le remix par Deepend, en 2016.

Revenons à l’apaisement…

Catch & Release est une chanson méditative de l’américain Matt Simons, sur le fait de prendre du recul sur les déboires de la vie, et trouver « son » endroit, là où l’on peut être soi, en paix. Le refrain nous parle de laisser vivre les moments qui nous touchent au quotidien, à la manière de la pêche sportive13Kamoulox..
Accompagné d’une rythmique chaloupée14Vous aussi vous vous attendiez à entendre Laurent Voulzy au début ?, on se croirait déjà sur un bateau, voguant vers une île isolée15C’est d’ailleurs l’imagerie du clip, je ne suis pas allé chercher l’idée bien loin.

Bon, vous connaissez la musique16Hoho !: DJ qui passe par là, accélération, boum-tsi-boum, paf succès.
Cette fois, c’est le duo de DJ néerlandais Deepend qui s’empare du titre (et ne change pas le titre, dingue), l’accélère, change la section rythmique, met quelques effets… et c’est le succès dans toute l’Europe, en étant numéro 1 des ventes dans de nombreux pays.

Deepend’s remix of Matt Simons’ « Catch & Release » song has become the second most played song on Dutch radio in 2016.

Page Wikipédia de Deepend.

Bien.

Pour la bonne bouche, j’ajoute une reprise, qui précède d’ailleurs le succès international du remix de Deepend : en 2015, Julien « Voicycle » Muller, « evercycling gypsy troubadour » allemand installé à La Rochelle17Où il joue sur le port et chante lors de mariages, quand il ne parcourt pas l’Europe à vélo ou produit ses propres chansons. reprend la chanson de Matt Simons à la guitare, en faisant de belles harmonies avec l’allemande Lina Brockhoff, au piano pour sa part18Peu visible sur la vidéo, mais le piano est bien là. Il est plus visible sur cette autre reprise du duo..

La reprise par Julien Muller & Lina Brockhoff, en 2015.

Pour le coup la chanson est ralentie (71 BPM au lieu de 87), et les harmonies sont beaucoup plus jolies que sur l’original, je trouve — notamment la note tenue sur « …and find how faaaaaar to go…« .
Pas de succès international pour eux deux hélas, mais leur version mérite largement d’être écoutée et partagée. Dont acte.


Bien sûr, je pourrai continuer sur plusieurs pages19Au moins trois deux ! 20Par exemple, « I Follow Rivers » de Lykke Li, « Tom’s Diner » de Suzanne Vega, « I Took a Pill in Ibiza » de Mike Posner, « Lights » d’Ellie Goulding, etc.. Mais stoppons là notre étude.

Les plus attentifs parmi vous n’auront cependant pas manqué de noter l’absence d’un titre très précis.
Un titre dont tout le monde connaît le remix au point d’avoir oublié même l’existence de l’original.

The Mother of All Success Remixes.

🥁🥁🥁

Je parle bien sûr de « Missing », du groupe anglais Everything But The Girl.21Et non, désolé, pas « Professional Widow » de Tori Amos, sorti en 1996 et remixé la même année — avec l’approbation d’Amos — par Armand van Helden. Car, bon, je ne l’ai jamais vu comme un remix, plutôt une création originale de van Helden sur laquelle il a collé des samples de Tori Amos pour remplir le contrat. Meh.

L’original, en 1994.
Le remix par Todd Terry, en 1995.

It initially did not achieve much success until it was remixed by Todd Terry and re-released in 1995, resulting in worldwide success, peaking at or near the top of the charts in many countries.

Page Wikipedia de la chanson « Missing »

Sauf que c’est typiquement l’exception qui infirme la règle que j’ai mise en place pour cet article : le remix de Todd Terry a strictement le même tempo que l’original, 123 BPM… au point qu’ils ont même pu réutiliser le clip vidéo de l’un pour illustrer l’autre 🙂

Donc, ne l’incluons pas dans notre tableau.
Tableau ? Oui, car tableau il va y avoir. Lisez donc…

Les conclusions
que l’on peut en tirer

On notera que l’un des points clefs des remix sus-cités, outre le boum-tsi-boum de bon aloi, est le tempo du remix : celui-ci a un BPM22Beats Per Minute, ou Battements Par Minute. Comme votre coeur, oui. N’oubliez pas de dire à vos amis que vous avez trouvé cette info sur un blog culturel. plus rapide que l’original.

Faisons, donc, un tableau comparatif.

TitreBPM de l’originalBPM du remixDifférence de BPM
Reckoning Song / One Day104119+14.42%
The Fade Out Line / Fade Out Lines104119+14.42%
Prayer In C94123+30.85%
Le Temps Est Bon8298⨓+19.51%
Catch & Release87105℘+20.68%
Moyenne94,2112,8+19.74%
BPM tirés en majorité de la base SongBPM.
⨓ : Le remix « officiel » de Bon Entendeur, pas le remix initial de Degiheugi.
℘ : Le remix de Deepend, pas la reprise de Julien Muller & Lina Brockhoff.

Deux remarques mineures :

  • Égalité totale entre Reckoning Song et The Fade Out Line, j’en suis le premier surpris. Les motifs, tout ça…
  • Prayer In C a été accéléré de plus de 30% ! ‘faut dire que la chansons originale est vrrraiment lente, et le remix est le plus rapide de notre liste.

Et une remarque majeure : partant de ce postulat, on peut stipuler qu’en prenant n’importe quel titre un peu folk/lent, en l’accélérant et en ajoutant du boum-tsi-boum, on peut créer un tube national, voire international — et ce faisant, relancer la carrière d’un groupe en quête de succès23Ou lui voler la reconnaissance qui lui est due, c’est selon..

Mais il y a certainement une science de l’accélération et du boum-tsi-boum… Fondamentalement, en changeant le tempo, on change le genre musical, le meilleur exemple étant sans doute la bossa nova, qui est « juste » de la samba détendue24J’adore le fait que « Bossa Nova », « New Wave » et « Nouvelle Vague » sont un même nom pour des formes artistiques très différentes. C’est d’ailleurs toute la blague du groupe français Nouvelle Vague, qui initialement reprenait des morceaux de New Wave à la manière de chansons Bossa Nova, avec différentes chanteuses — dont la Phoebe Killdeer sus-nommée. Quel blog culturel, tout d’même !.
En l’occurrence, pour avoir du succès et devenir un hit des dancefloors, il faut apparemment (selon notre tableau de mesures) monter au-dessus de 120 BPM, et donc que le remix tienne de la dance music, du disco ou de la house music.

La house est un style musical au tempo relativement rapide. Les tempos standards de la dance moderne sont moins élevés, généralement entre 118 et 135 BPM — à peu près 10 BPM de moins que le disco.

Page Wikipédia sur la House music

On voit clairement que les artistes qui ont remixé Asaf Avidan & the Mojos, Phoebe Killdeer & the Short Straws et Lilly Wood & the Prick visaient les dancefloors25Je n’ai aucune assurance sur le fait que remixer un groupe avec « & » dans son nom puisse forcément aboutir à un succès international, notez., avec un BPM oscillant entre 119 et 123 — ce dernier étant accessoirement le même BPM que le titre « Missing » de Everything But The Girl, tant l’original que le remix.
Ceux derrière Le Temps Est Bon et Catch & Release, entre 98 et 105 BPM, visaient plutôt le début de soirée et le cocktail de mariage.

Nous avons donc la recette d’un succès imparable :

  1. Dégotter une chanson peu connue voire oubliée26C’est plus facile pour obtenir les droits…, avec une ligne vocale plutôt sympa et accrocheuse (un « hook« )27Dixit WP : « Une accroche est un motif utilisé dans la musique populaire ». Motif ! On y revient : it’s patterns all the way down..
    • Idéalement, il faut une chanson avec l’orchestration la plus légère possible, histoire que l’on puisse facilement l’éliminer et la remplacer par la sienne propre. Donc, sans doute de la folk, un truc guitare-voix ou piano-voix un peu lancinant…
  2. Accélérer son tempo jusqu’à 100 voire 120 BPM, grosso modo et selon le bon sens de l’oreille qui remixe.
  3. Rajouter le « boum-tsi-boum », nécessaire motif (…) rythmique — bien calé sur le temps, en bon « four on the floor » 28Un blog culturel, je vous dis !.
  4. Mettre quelques effets à gauche à droite.
  5. Et voilà !

Il y a d’autres détails, mais je pense que nous avons là l’essentiel.

Poussons le bouchon
un peu trop loin

Dans une vidéo récente29Oui, je fais une veille sur la rédaction technique, et parfois je retiens des idées., j’ai entendu la phrase suivante :

Once you recognize patterns, you can repeat them. (…)
Pattern recognition is how we learn as humans.

Jordan Miller, lors de sa conférence « How to Find the Write Rhythm for your Software Composition » pour Clojure/conj 2023 (à 8’05).

Supposément, donc, ayant reconnu ce motif de « je trouve un titre lent, je l’accélère, je lui ajoute du boum-tsi-boum et quelques effets » pour parvenir à un tube, on devrrrrrrait pouvoir facilement avoir de l’or en barres entre nos oreilles.

   

Facile. Fingers in ze nose.

   

* soupir *

   

Je vais donc tester pour vous.

  

… dans une seconde partie à venir 🙂

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Soundtracker Origins, interlude: The coders behind the Cambrian explosion

Temps de lecture / Reading time : 48 minutes.

Remember Part 31Wow, that previous part had an estimated 21-minute reading time, and back then I thought that was really too long for an article about my little nostalgic trip down memory lane. Well now, GUESS WHAT? of this series of articles on Soundtracker?
Those were the days!

I fondly remember writing the following, near the end of that article:

The next parts will focus on each of the two parallel paths that I highlighted above:

  • The Fairlight CMI path: finding out how they came up with the idea for their Page R sequencer.
  • The « Commodore » path, going down the JMS rabbit hole, and their Multitrack Composer.

Will there be more parts? Who knows? I sure don’t!

Me, the hopeful pessimist.

Good times! Look at me, making sincere promises and everything:

  • Sure, I could easily write that Fairlight CMI article, mostly just by copy-pasting the content of email answers dating back from 2019.
  • And as for the Jellinghaus (JMS) article, along with a couple other ideas thrown in in order to tie it all together, well it’s a quick road to publication, methinks.

But where’s the fun in that?

I say we go the usual ADHD route: stop at 80% completion, and start something new altogether!2But let’s keep it in the same overall context, so as to not feel too much guilt. Structured procrastination: 60% of the time, it works every time.

Let me therefore add an interlude to this series of articles, in order to tell you a story.

A story of pioneers, of sharing, of standing upon the shoulders of giants, of youth, of friendly competition, and of bad blood.
A story of humans making History without even knowing it.

As with all good, heartwarming stories, it starts with…

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Soundtracker origins, part 3: Facing a stone mountain

Temps de lecture / Reading time : 19 minutes.

So, the story so far1Click to « Steinberg, you say? » if you’ve already read the previous articles.:

  • In April 2019, I started a thread-based Twitter love letter to my years as an Amiga fan, back in the days when I didn’t have to worry about bills, taxes, and dating apparently. This thread tried to give an overview of demos, modules (the musical kind), and music tools on the Amiga (especially ProTracker, and its inspiration: The Ultimate Soundtracker).
    That thread lasted only three days2And 25 or so tweets, in 3 separate threads. ‘cos if it’s easy it ain’t fun., but got me thinking: Where did the author of The Ultimate Soundtracker, Karsten Obarski, get the idea for his paradigm-shifting3Important topics require important-sounding words, mate. tool?
    That threw me down a rabbit hole of searches and deleted forum posts and date comparisons and emailing people left and right, trying to answer that one question: When did the « tracker » way of composing music (or, the music sequencer) made the jump from a hardware, physical product to a software product? 4Did I succeed in answering that question in the end? Read on…
  • In July 2021, I turned my 3 love-letter threads into a proper blog post, which quite innocently ended with a single5but very lengthy question, which I’ll sum up as this:
    « Did step-sequencing really made a single jump from the expensive, Australian-made Fairlight CMI II sampling workstation in 1982, to the cheap, German-made Soundtracker software in 1987, as Wikipedia implies? »6Told you it was lengthy. I already had the answer in several notes, links, and emails. I just needed to write that down. 7Welcome to today, four years after the initial threads and searches, where the present article is finally scratching the surface, yaaaay procrastination (and fatherhood)!
  • In September 2021, I started this « Soundtracker origins » series, where I presented the context of the creation of The Ultimate Soundtracker by Karsten Obarski, its demise as a commercial product, its rebirth in a thousand free clones, the vanishing of its creator, and his apparent inspiration: Chris Hülsbeck’s SoundMonitor, in 1986. Getting closer to 1982, woohoo!
  • On January 1st, 2023, I published part 2 of my Soundtracker Origins series, where I explored the origins of SoundMonitor, got to interview Chris Hülsbeck himself, and learnt that his inspiration could be8His memory of 1985 is foggy, understandably. I don’t even remember what I had for lunch yesterday, let alone 30 years ago. Probably Nutella crêpes, come to think of it. Steinberg’s MIDI Multitrack Sequencer.

And now, today.

To remind you of the steps to cover, we’re trying to go from this to that.

Steinberg, you say?

In Part 2 of this series, Chris Hülsbeck told me that he remembers using Steinberg’s MIDI Multitrack Sequencer tool on the Commodore 64 computer, around the time he wrote his own tool, Soundmonitor.

Steinberg9By the way, if you are germanophone, please excuse the sad pun in the title of this present article…? In 2023, they are one of the biggest musical software/hardware company, with industry-defining contributions such as Cubase of course, and the VST plugin interface, amongst other inventions.
In terms of well-known names for professional and amateur studio musicians, they’re up there with Digidesign/Avid (makers of Pro Tools) and Ableton (makers of Ableton Live).

But 40 years ago, in 1983, they were three, working from a living room in Hamburg: Karl « Charlie » Steinberg (31), Manfred « Manne » Rürup (32), and Nicole Rürup, Manfred’s wife (age unknown).

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De la bonne prise en main d’une bouteille de lait

Temps de lecture / Reading time : 6 minutes.

Préambule

Je ne suis pas fou.

Dramaticule

Longtemps je me suis levé de pas si bonne heure, mon seul objectif restant, une fois les nuages dissipés, de me poser devant le téléviseur familial et de tremper l’une après l’autre mes deux tartines matinales dans mon mug de chocolat chaud (et matinal).
Petit-déjeuner classique, certes, à cet âge, mais petit-déjeuner de champion quand même.

Cette coutume m’a suivi une fois le nid parental quitté et le CDI trouvé. Ce dernier a d’ailleurs eu une forte influence sur mes matinées : je me devais d’arriver à l’heure au bureau malgré la distance en trains de banlieue, mais je ne voulais pas pour autant sacrifier mes heures de sommeil.
J’ai donc choisi le sacrifice ultime : fi des tartines tartinées ; fi de la poudre de cacao lactée. Juste le lait, frais, dans un verre, siroté en regardant pensivement par la fenêtre.

Toujours le même verre, bleu ; toujours le même format de bouteille de lait, avec une poignée. Consistency is key.

J’avais à l’époque cette curieuse compréhension, sans doute d’influence familiale, qu’il ne fallait pas retirer entièrement l’opercule afin de mieux préserver le lait1J’en vois qui se moquent, mais selon un sondage auprès d’une large population de pas moins de 38 personnes sur Mastodon et sur Twitter, près de 42% de la population française l’a fait (41,25%, pour être précis), voire le fait encore.. Je l’ouvrais donc seulement à moitié, versais le blanc nectar, repliais l’aluminium de l’opercule pour recouvrir l’orifice de la bouteille, et vissais le capuchon par-dessus l’opercule plié avant de ranger le tout au frigo, bien à la verticale, jusqu’au lendemain matin.

Combien de bouteilles bues ? combien d’opercules semi-ouverts ? je ne saurai l’estimer…

… si ce n’est pour cette courte période de ma vie où je les ais comptées.

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Soundtracker origins, part 2: Welcome to Turrican, aah hahahaha

Temps de lecture / Reading time : 17 minutes.

It’s high time I write part two of this series of articles on the origins of Soundtracker, since the content itself has been lying in my inbox for well over two years now…

As a reminder: I’ve been writing about my « quest » of looking for the missing link between what seems to be the first « tracker-like » interface1The Page R sequencer, from the Fairlight CMI Series II workstation. At least, according to Wikipedia. and Karsten Obarski’s Ultimate Soundtracker tool, which introduced a cheap tracker interface2Meaning: patterns formed of per-channel columns and single-note rows. But fret not, this loose definition of tracking will soon change. to Amiga musicians back in 1987.


So, where were we?

In part 1 of this series, we learnt more about Karsten Obarski, who became the « Father of the Soundtracker » at age 22. Through existing interviews, we got to understand where he came from, how he came to create his Ultimate Soundtracker tool on Amiga in 1987, why he called it quits a few months afterwards… and where he probably took his inspiration for The Ultimate Soundtracker.

Version 1.21, from December 1987.

Said inspiration was, by all accounts, an earlier tool named Soundmonitor, which German developer & musician Chris Hülsbeck wrote and released on Commodore 64 in 1986 — a year before Obarski’s own Ultimate Soundtracker. Hülsbeck was 18.

Soundmonitor V1.0
Soundmonitor 1.0, released in October 1986.
I guess kids those days didn’t really need a manual.

Chris Hülsbeck went on to become world-famous by creating game music, not the least being the Turrican series of games3If the title of this article wasn’t enough of a subtle clue already.. He nowadays creates royalty-free music, and oversees orchestral renditions of the Turrican soundtrack, amongst other things. Looking at his Bandcamp page, you could say he keeps himself busy. Buy the vinyls!

Now you know why I chose that title for this article.

So that’s the status of our quest: Soundmonitor seems to have been the original tracker.

Or was it?