J’ai découvert Pink Martini grâce à mon grand frère, et leur album « Sympathique » qui a été la bande sonore des vacances de l’été 1999 (je crois – en tout cas, l’année de sa sortie en France). Tant de gens autour de nous ont dansé aux rythmes de cet album, que nous nous plaisons à croire que, finalement, c’est mon frère qui à aidé Pink Martini a gagner sa popularité en France.
Ils ont ensuite sorti un second album, « Hang on little tomato », qui s’il conserve le charme du premier, n’arrive pas à recréer cette ambiance de ‘Sympathique ». Nonobstant, on se plaît à se plonger dans ses mélodies, et apprécier la musicalité qui s’en dégage.
C’est dans l’espoir de les redécouvrir que nous avons pris nos places pour leur concert à la salle Pleyel, au demeurant une petite salle charmante et familliale, qui a su rester simple par l’usage de couleurs chaudes :
Il fallait bien ça pour accueillir non seulement le groupe en entier (quelques 13 membres à eux seuls), ainsi que l’Orchestre National d’Île-de-France (92 musiciens de tous poils).
Donc, pour les connaisseurs, imaginez Pink Martini jouant accompagné d’un orchestre symphonique, dans la salle Pleyel. Même là vous n’êtes pas à la moitié de ce que nous avons ressenti pendant cette prestation.
On peut apprécier Pink Martini pour son apport de latinosité dans nos journées autrement mornes, mais c’est vraiment sur scène que l’on s’aperçoit de la grande qualité de ce groupe.
Bon, déjà, il y a China Forbes et Thomas Lauderdale, respectivement chanteuse et pianiste, le coeur du groupe. La voix envoûtante de Fobres n’a d’égale que la virtuosité de Lauderdale au clavier.
Mais le reste n’est pas en reste : tous déchirent leurs génitrices en matière de virtuosité. Le grand à cheveux blancs qui fait du tam-tam dans son coin au début ? Il déchire à la batterie. Le trompetiste et le tromboniste dans leurs coins. Ils déchirent. Les cordes prostrées ? Elles déchirent. Le morne bassiste, le choriste inutile, le guitariste caché ? Ils déchirent. Tous. Sans exceptions, et surtout sans frime aucune : ils ne partagent que sourire entre eux, et humilité face à la salle et ses applaudissements, que jamais ils ne viendront soliciter mais qui seront toujours largement mérités.
Alors, Pink Martini fait pas mal de reprises, souvent à sa sauce. Thomas Lauderdale se lève régulièrement de son piano pour nous parler de la chanson à venir, dans un français très correct mais cherchant auprès de Forbes et des autres une traduction qu’il croit hésitante.
Il ne manque pas de nous faire rire, par exemple quand il parle avec passion de « Que Sera Sera », dont il trouve l’original trop « skippy », dit-il en faisant des petits sauts, et dont il a voulu faire une version plus… « mysterioso » :
Le reste se passe sans encombre, emportés par la voix et les gestes de China Forbes, et la centaine de musiciens face à nous.
Malgré la salle un poil guindée (on me souffle d’ailleurs que Lauderdale n’a pas utilisé un piano Pleyel) et les différences d’âges dans l’assistance (jeunes, vieux, bobos, familles avec enfants…), le groupe fera un rappel prévu, et un autre imprévu mais tout aussi prenant que le reste du concert. Prestation sans faille d’un groupe qui croit petit, et qui se révèle non pas grand, mais immense.