Cela m’a été confirmé hier soir [la rédaction de cet article a débuté le samedi 25 août] : certains en ce monde ne sont pas au courant de la disparition de Pluton de la carte de notre système solaire. Les implications sont pourtant gravissimes sur le plan des relation inter-galactiques.
Résumons. Pour la majeure partie de cette planète, certaines vérités sont indéracinables, car encrées au plus profond de notre bulbe rachidien par les années de redite via la méthode répétitive dans nos établissements scolaires : ainsi, le Mont Blanc mesure 4 807 mètres, la bataille de Marignan a eu lieu a 1515, et le système solaire comporte 9 planètes.
Tout cela est bien entendu faux, en particulier le dernier point, ce depuis le 24 août 2006 (oh, il y a un an !), du fait de la décision de l’Union Astronomique Internationale (UAI) de réviser sa définition d’une planète, suite à la découverte en 2005 d’un corps céleste, Éris, plus grand que Pluton et orbitant autour du soleil, cette dernière devenant donc le dixième plus grand corps céleste, Éris étant le neuvième. Logiquement, il fallait donc soit faire d’Éris une planète, soit trouver une nouvelle catégorie pour Éris et Pluton.
C’est cette second solution qui a été votée : la catégorie se nomme « planète naine« , et comprend également, outre les deux corps sus-cités, Cérès, le premier astéroïde découvert. De fait, les planètes officielles de notre système solaire ne sont plus qu’au nombre de 8, ce depuis un an tout juste.
Comme quoi les scientifiques savent vraiment se prendre la tête pour des choses essentielles à notre quotidien, hein ? Et comme il est hors de question que seuls les intellectuels certifiés puissent sodomiser des drosophiles en période estivale, le peuple de l’Internet a mis en place des pétitions à l’UAI, genre celle de PleaseSavePluto.org ou encore celle de PlutoPetition, voire sur le classique PetitiOnline… *soupir* Ils sont forts, sur le Net, pour prendre fait et cause pour la moindre option…
Mais ce mouvement en faveur du maintien de Pluton au statut de planète n’est cependant pas dénué de sens, et à mon goût repose sur plus que la simple fainéantise face à la nécessité de mettre à jour ses connaissances – ne serait-ce que pour retenir un nom de planète en moins. Non, sincèrement, ce pour quoi je suis inquiet tient à cela :
Les moins cultes d’entre vous ignorent peut-être de quoi il s’agit. This, my friends, est la plaque qui a été placée sur les sondes américaines Pioneer 10 et 11 – ou, plutôt, l’inscription gravée sur une plaque d’aluminium – à destination d’une possible intelligence extra-terrestre venant à croiser le chemin de l’une de ces deux sondes. Lancées respectivement en 1972 et 1973, elles ont aujourd’hui parcouru suffisamment de chemin pour être sorties de l’héliopause (là où le vent solaire est arrêté par les vents stellaires des astres environnants). En gros, un bon bout de chemin parcouru.
Cette plaque, conçue en trois semaines par Carl Sagan (qui a notamment mis en place le programme SETI, et aidé a la vulgarisation de l’astrophysique, un peu comme Hubert Reeves chez les francophones) et Frank Drake, et dessinée par Linda Sagan (femme de), a pour but de donner les informations de base pour permettre de faire comprendre notre existence et notre désir de communiquer.
On y retrouve donc une poignée d’éléments-clefs : taille de l’homme et la femme par rapport à la sonde elle-même, symbolisation de l’atome d’hydrogène (élément le plus présent dans l’univers, et dont la plaque utilise une représentation de sa période de transition hyperfine pour obtenir une mesure appliquée aux autres éléments d’icelle), position de notre soleil par rapport à 14 pulsars, et position de la Terre dans notre système solaire.
Bon, le plan de la transition hyperfine de l’atome d’hydrogène pour obtenir des mesures en centimètres et en années-lumières est suffisamment imbitable pour mon humble personne pour que je doute qu’une intelligence lointaine puisse y entraver guère plus que « bigre, leurs yeux ont des pupilles verticales ! », mais qu’à cela ne tienne.
Faisons fi des préjugés sur les p’tits hommes verts, et portons notre regard, je vous prie, sur une zone particulière de cette plaque.
Non, rhâh, bon sang, j’en étais sûr ! Ah bravo, je vous parle science et kryptonite, et vous ne pensez qu’à télécharger du Tentacle Hentaï plutôt que de lire ce texte, je ne vous félicite pas ! Bon, restez concentrés, s’il vous plaît, voici la zone dont je veux parler :
Si vous n’avez pas de problème avec vos synapses, vous aurez certainement reconnu notre système solaire, avec une grosse flèche pour bien indiquer d’où vient la sonde qui porte la plaque (ce qui n’aura sans doute strictement aucun sens pour toute civilisation n’était pas passée par une période primitive durant laquelle ses membres devaient chasser leur nourriture avec des arcs, des flèches et tout le toutim, mais passons).
Ce que je voudrais que vous compreniez bien, c’est que nous avons envoyé il y a plus de 30 ans une carte de visite avec notre adresse, et que la décision de l’UAI met à terre (haha) toute possibilité de faire le lien entre cette carte de notre coin de l’espace (NEUF planètes, bon sang de bois !) et la réalité (HUIT planètes. Eeeeet trois planètes naines. Ah, oui, et une ceinture d’astéroïdes, oui. Et les anneaux autour de Neptune et Uranus. Et…).
Comment voulez-vous, dès lors, que nous soyons découverts ?! On se donne un mal fou pour faire savoir à l’univers entier que nous ne sommes pas bien grands, même pas habillés, donc certainement mal armés ; mais également que nous sommes assez naïfs pour croire que les autres races de l’univers ne nous veulent que du bien, au point de donner une adresse précise (équivalent spatial du fait de mettre son nom, son adresse perso et son numéro de carte bancaire sur son blog) et d’espérer que tout ira bien ; bref, un mal fou pour dire « si tu me trouves, je suis mort », et maintenant que l’UAI a rendu sa décision, il est fort à parier que les races belliqueuses capables de décrypter un tel charabia devront abandonner toute idée de nous exploiter pour leurs expérimentations médicales une fois qu’ils se rendront compte que nous ne sommes même pas foutu de donner une indication géospatiale correctement, alors que la sonde/carte de visite n’est même pas encore sortie du nuage d’Oort local, nous prenant alors certainement pour un lot de déficients mentaux dont cette sonde est certainement avant tout une bouteille à la mer, jetée dans le maigre espoir d’améliorer leur misérable condition à l’aune d’une race assurément supérieure. Triste sort que le notre, doivent-ils penser. Et on ne peut pas les blâmer.
Bref, encore une occasion de se grandir que les humains ont manquée. Si c’est pas malheureux…
Oooh, bien sûr, je vous vois venir avec vos arguments : peut-être se douteront-ils que la sonde provient du système d’où elle sort à peine, peut-être ne sont-ils pas belliqueux, peut-être même qu’ils ont décidé d’adopter la même définition d’une planète que l’UAI, qui sait ? A cela je dis « peuh ! » J’ai depuis l’an passé abandonné l’idée d’être le Mike Donovan de ces Visiteurs, le David Vincent équipe d’un GPS, le Jayce qui retrouve Audric et élimine enfin les Monstroplantes…
Las, il est des rêves de gloires auxquels l’assemblée générale annuelle d’une organisation non-gouvernementale peut mettre un terme. C’est le cas ici, et il va me falloir partir en quête d’un nouvel avenir où mes capacités naturelles de meneur, mon charisme insensé et ma vision très personnelle de la cuisine andalouse sauront être reconnus à leur juste valeur.
Je ne manquerai pas de vous faire part de mes avancées sur le sujet.