J’ai vu un flim dimanche dernier. C’était ‘rôlement bien didon.
« Beuhaaar! »
Ca a commencé bien innocemment, avec une bande-annonce trouvée au coin du blog de Flaoua. Entre qualité graphique, citations en or et musique (NIN ? APC ?), voilà un film qui semblait bien réjouissant à mon cerveau reptilien.
Je transmets à Fabrice début mars, qui me dit être au courant (« ça à l’air terrible!!! »), et même avoir lu la bédé depuis un moment déjà, cool : vu que je doute de l’attirance démesurée de ma douce pour ce long métrage, ça me fera un camarade avec qui partager l’expérience, vu que je doute un peu de l’envie de ma douce d’assister à un tel défilé d’hémoglobine.
Puis Internet est passé par là. Je suis régulièrement le blog d’Accordion Guy, un geekofêtard de Toronto, et qui a suivi l’évolution de la hype autour de « 300 » d’assez près. Pour commencer, il a lancé un appel à ceux qui voudraient voir le film avec lui car, whoddathunk, sa femme ne le voulait pas. Comme d’hab dans ses posts, des petites phrases marrantes : « Bonus points for anyone who’ll join me for dinner at the Burger King there, and double bonus points for anyone who yells « Tonight we dine in Hell! » while doing so. »
Puis ça a été l’avalanche de parodies Photoshop. Mais, vraiment, l’avalanche… Penser à ce film ne me donnait plus que l’envie de crier « This! Is! Sparta! » – mais pas au point de dire « Tonite, we dine in hell » à la moindre occasion.
Fabrice et moi nous mettons d’accord pour voir la chose ensemble (« entre paires de couilles », comme il dit si bien), sa propre douce étant rebutée par la violence. Pierre-Antoine est également invité, mais il nous répond, à sa manière habituelle, « je l’ai déjà vu et en plus ils meurent tous à la fin. » Du coup, je ne peux m’empêcher de faire un mail avec une sélection de photoshopperies :
> Euh comment dire, je l’ai déjà vu et en plus ils meurent tous à la fin.
Ah ? Ça me surprend. Pourtant, dans la bande-annonce, t’as plutôt
l’impression qu’ils jouent à Jenga, puis au foot. A la fin tout le monde est content, ils font l’amour et s’en vont en musique.Je me demande vraiment si on parle du même film, Pierrot.
« Oui tu as raison, je dois confondre avec les 101 dalmatiens » fut sa réponse. Entre 300 spartiates et 101 dalmatiens, qui a le plus de chance de gagner ?
Bref, le film fut vu, au mk2 Bibliothèque même, tandis que nombre de parisiens profitaient du soleil sur le parvis de la TGB – tant mieux, moins de monde dans la salle.
« Han, fille toute nue ! »
Bon, je ne vais non plus faire une critique très étendue de la chose, hein. Le film tient largement les promesses de la bande-annonce : honneur, trahison, violence, patrie, muscles, jets d’hémoglobine, abnégation, sacrifice, envahisseur, gentils, méchants, musique pêchue, photo très graphique et proche de la bande dessinée… C’est 100% spectacle et on n’en demande guère plus : le contrat est rempli et bien rempli.
« Chat ! »
Un p’tit bout d’histoire, quand même, pour ceux qui vivent dans une caverne (mais arrivent quand même à avoir une connexion Internet, pour venir ici…) : film adapté de de la BD du même nom de Frank Miller (1998), elle-même inspirée du film « The 300 Spartans » (1962), qui relate la bataille des Thermopyles (-480) d’après les textes de Hérodote (-480 / -425) et de Diodore de Sicile (-90 / -30), principalement. Bref, ça copie sec dans les chaumières, j’espère que tout ça dispose d’une licence Creative Commons adéquate…
La bataille des Thermopyles (« Hot Gates » dans le film) est simplifiée en 300 spartiates, dont leur roi, qui partent défendre leur terre face à l’invasion de l’immense armée de l’empereur-dieu persan Xerxès Ier. Ils tiennent 3 jours dans un fin passage, faisant plus de 20 000 morts côté persan, avant de finir encerclés suite à la trahison de l’un des leurs. Bref, même Hulk Hogan verserait une larme face à tant d’héroïsme. Tsssk.
« Come to daddy ! »
Donc, pour simplifier un peu plus, nous avons d’un côté les gentils (droits, fiers, fraternels, forts, justes, prospères, peu nombreux) et les méchants (divergents, arrogants, perfides, médiocres, iniques, décadents, ‘achement nombreux sa mère).
Mais bon, tout ça ça reste quand même compliqué, donc pour bien s’assurer qu’on a compris qui est qui, le réalisateur a mis les formes : les gentils ont l’air de gentils, les méchants ont l’air de méchants.
Tiens, hop, grand jeu : dans l’image suivante, découvrez qui est gentil, et qui est méchant (attention, il y a un piège) :
On retrouve donc une vision assez cartésienne manichéenne binaire, où il est difficile de ne pas choisir son camp. Et bien entendu, les esprits chagrins de s’outrer face à une vision insultante des Persans – donc in extenso des Iraniens, mais c’est bien sûr -, à un parallèle jugé dangereux avec l’actuelle guerre en Iraq, à une propagande pro-eugénisme, à une réécriture homo-érotique de l’Histoire… « The Iranian Academy of the Arts submitted a formal complaint against the movie to UNESCO. » Au. Secours.
Ça doit être chiant de discuter avec les abrutis capables de telles théories abracadabrantes sur un film qui est tout sauf à prendre au sérieux. Là où je recommande expressément de laisser son cerveau au guichet lors du visionnage de ce film, d’autres semblent l’avoir retiré en sortant de la salle.
On a bien apprécié. Sérieux, les gentils ont, malgré tout, gagné par leur sacrifice, c’est beau comme la rosée au clair de lune, sincère comme une chanson reggae de Bernard Lavilliers, triste comme un enfant apprenant l’inexistence du Père Noël… Déjà la bande-annonce pour Pirate des Caraïbes III nous a mis sur la bonne voie avant le film (« Ouaiiiis, pirates ! »), et l’abnégation de nos héros a fini de nous emporter vers leur inéluctable mort, le sourire au lèvre face à ce sacrifice sur grand écran, dans les fauteils moelleux (et rouges) de la salle principale du mk2. Bref, on s’est pas pris le choux. Le film a comblé nos attentes. Tout va bien.
Après avoir discuté le bout de gras avec Fabrice, je me remets en route vers mon Home Sweet Home, et le signale à ma chère et tendre, par SMS, afin je suppose qu’elle ait le temps de faire partir Thorsten Agregarios, son amant. Je lui indique subrepticement mon enthousiasme pour le film que je viens de voir :
Sa réponse, qui ne tarde pas, me démontre par A+2 qu’elle partage totalement mon enthousiasme :
Mmmh.
Et puis, du coup, cette Fresque Historique Immortelle donne envie de se plonger dans le passé, et l’outil WikiCharts de Wikipedia ne s’y trompe pas, avec pour Mars 2007, sur la partie anglaise, « Battle of Thermopylae » et « 300 (film) » respectivement 6e et 8e du Top-100 (avec 7 pages spéciales dans le Top-10, ça va…), Sparta en 11, loin devant Sex et Sexual Intercourse, respectivement 19e et 18e. Pômel, au moins les jeunes s’intéressent à l’Histoire, du coup ! 😉
L’article « Sparta? No. This is madness » du Star canadien s’y intéresse aussi. Il a beau démolir la plupart des assertions du film (notamment, que ce sont les spartiates qui étaient réputé pour leur pédérasite, et non l’inverse, cf la page Wikipedia sur le sujet, qui nous indique en clair que « Sparte requérait de tous ses citoyens de nouer une relation pédérastique« ), j’en retiens un résumé assez juste de ce à quoi l’on peut s’attendre en allant voir ce film :
The Spartan warrior movie 300 is not for the meek, despite its visual virtues and high thrill quotient. It’s a total-immersion battle experience for eaters of red meat, worshippers of the male physique and lovers of extreme violence.
Bon, je ne suis pas un fanatique de la violence extrème, et n’apprécie le physique masculin que dans un cadre pure esthétique jalousé (un jour, moi aussi j’aurai 5 tablette de chocolat sur le bide. Ouais, et je pourrais gagner à n’Euromiyons aussi, qui sait?), mais il est certain que l’on a sa dose d’emportement lors de chorégraphies de combat parfaitement orchestrée, et de l’ampleur donnée aux attaques perses, tout cela combiné à une image très graphique, très BD, donnant la part belle à l’esthétique plutôt qu’à l’humainement plausible. Bref, ça claque
Tiens, pendant que j’en suis à violer le droit à la copie privée de propriété intellectuelle, autant faire de grosse citation d’un p’tit gars qui a tout compris, chez Ain’t it cool news:
I just saw a movie that’ll give your eyes boners, make your balls scream and make you poop DVD copies of THE TRANSPORTER. It’s called 300. I don’t know what the title has to do with the movie, but they could’ve called it KITTENS MAKING CANDLES and it’d still rule.
[…]
I can’t spoil the plot because THANK GOD THERE ISN’T ONE. Just ass kicking that kicks ass that, while said ass is getting kicked, is kicking yet more ass that’s hitting someone’s balls with a hammer made of ice but the ice is frozen whiskey.
TWO COOL THINGS ABOUT THE MOVIE AND ONE THING I DIDN’T LIKE:
COOL THING ONE:
HEAVY METAL DURING BATTLE SCENESWho gives a shit if the music isn’t historically correct? LORD OF THE RINGS could’ve used some Journey. This movie has that chu-CHUNG kind of metal that you hear in your head when your shift supervisor at Wetzel’s Pretzel is telling you that you’ll have to stay for clean up and you wish you had a sock filled with quarters in your hand.
COOL THING TWO:
FOES, MINI-BOSSES AND A BIG BOSSBasically, the Greek dudes are fighting these Persian dudes, but the director, who must have a dick made of three machine guns, does it all like a video game. The Greeks fight every death metal video from the last ten years. There’s wave after wave of giants, freaks, ninjas, mutants, wizards, and a hunchback who looks like he’s got Rosie O’Donnell on his back.
[…]
My final analysis is [that] 300 [is] the most ass-ruling movie I’ve seen this year, and will probably be the King of 2007 unless someone makes a movie where a pair of sentient boobs fights a werewolf.
Right on, dude.