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Reprendre les idées n’est(-il) pas recopier (?)

Temps de lecture / Reading time : 13 minutes.

D’aucun parmi vous dirait que je me fais plutôt rare ces derniers temps sur mon blog. Je l’avoue : je me suis dévoué à d’autres aspects de ma vie que mon antre cybernétique – mais ce n’est pas pour autant que je le renie, ou le monde des blogs en général, bien au contraire. Juste : ‘mieux à faire.

Sauf que là, j’ai envie d’écrire un truc. Le week-end a été pluvieux, je n’ai pas sommeil et 3 heures à tuer, et j’ai envie de m’amuser un peu avec les erreurs flagrantes d’autrui…

Je préviens par avance : quand je prends mon air méchant, c’est le plus souvent pour un truc qui m’amuse plus qu’il ne m’énerve. Mais parfois, juste pour le fnu, je tape (sur mon clavier) – comme je l’avais fait une fois en parlant de la vacuité du Grand Journal de Canal+.

C’est le cas ici…

Je suis donc un peu absent de la « blogosphère, » mais je me suis malgré tout fendu cette semaine d’un peu d’écriture en ligne. Oh, ça ne parlera pas à grand monde dans mon entourage de La Vraie Vie™ : ça concernait WordPress, le logiciel qui fait tourner ce site, et quelques millions d’autres, et que j’aide modestement en le traduisant en français.
J’ai réuni plusieurs sources, ai tiré une conclusion qui me semblait valable, et ai pris le temps de la présenter à quelques spécialistes, sur une mailing-liste dédiée au sujet. Ma démonstration n’a pas été réduite en pièces par lesdits spécialistes, et j’en fus ma foi fort aise.

D’autres informations assez cruciales concernant WordPress sont ensuite passées sous mes yeux, et je me suis dit que cela pouvait justifier un article dédié sur le blog francophone dédié au sujet. N’étant pas mécontent de ma démonstration des jours précédents, j’ai décidé dans un élan d’impétuosité d’ajouter celle-ci en fin d’article, histoire de lui donner une plus grande visibilité.

Ceci fait, dans un curieux mélange d’embarras face à cette mise en avant personnelle fort peu digne du gentilhomme que je crois être, et d’orgueil gêné, j’appuyais sur le bouton Publier, puis allais me coucher (il était minuit passé, oula !). Mon texte, une fois de plus, a été accueillie avec magnanimité, et je pu souper le soir l’esprit apaisé face à la patiente compréhension des lecteurs, quiet dans la croyance que j’ai participé à améliorer le quotidien de la blogosphère en lui fournissant un contenu original et argumenté – deux qualificatifs qui ne sont que trop rares en ces temps de disette intellectuelle…

Sleep well, people, for the world is a safer place thanks to your selfless heroes…

(attention, c’est ici que je commence à faire style je suis en colère et tout)

Et putain de bordel de merde je découvre à l’instant qu’un quelconque tâcheron sortit d’on ne sais où, a écrit un article reprenant point par point le mien, annonces publiques et recherche personnelle incluses.

J’insiste sur le « point par point » : j’aurai pu dire « mot à mot », mais le gredin n’est pas débutant, il a soigneusement tout fait pour qu’on ne l’accuse pas de repompage éhonté. Il a changé l’image, a réorganisé le texte, et a tout réécrit, mais il n’en reste pas moins que rien dans son article n’est tiré d’une réflexion originale, mais au contraire est repris en droite ligne du mien article. Morte-couille !

Pour tout salaire, le rustre m’octroie un lien vers mon article, sous le texte « Via » – manière de se dédouaner une fois encore de ne pas donner crédit à l’auteur originel, sans pour autant rendre explicite le triste plagiat. Le pasticheur, par ce lien sciemment imprécis, double ses torts d’un affront.

Fi !

Je suis de ceux qui défendent les droits de l’auteur – j’ai même fait mon possible, dans mon introduction du Campus WordPress, pour obtenir l’autorisation de l’avocat-blogueur Maître Eolas afin de reprendre les grandes lignes de son article essentiel, Blogueurs et Responsabilité Reloaded. Sans son accord exprès, je n’aurai jamais publié le texte que j’avais écrit en m’inspirant du sien.

D’autant que mon introduction comportait également un passage clair sur le point qui nous anime ici, dans la section « Qu’est-ce qu’un bon blog » (page 3 de ce court extrait de l’intro, au format PDF), et que je vais me faire un plaisir de reprendre in-extenso sans autorisation de l’auteur (car c’est moi, l’auteur, oh) :

Il respecte le contenu d’autrui. Un blog doit faire preuve d’une certaine originalité pour sortir du lot. Certains blogs se sont fait une spécialité de reprendre mot pour mot les contenus d’autres sites (images, vidéos, parfois même textes) afin de surfer sur l’éphémère vague de « buzz » que ce contenu peut générer, et profiter des possibles requêtes Google sur le sujet – et, donc, espérer des clics sur leurs bannières publicitaires.
Si ces blogs sont certes populaires (dans le sens le moins noble du terme), cela ne présage pas de leur qualité : ils n’apportent rien à la conversation, n’étant qu’un relais vide de sens. Comme pour tout média, le droit de citation existe sur les blogs, et l’exigence de qualité ne doit amener la (courte) citation que pour mieux la discuter, non pour avoir sur son blog les mêmes mots-clefs que sur tant d’autres blogs ciblés « buzz ». Plus prosaïquement, le contenu d’un site étant une œuvre de l’esprit, il entre dans le cadre de la propriété intellectuelle. De fait, reprendre un contenu sans autorisation explicite de l’auteur peut s’apparenter à du piratage…

A sa décharge, notre camarade de jeu n’affiche aucune publicité sur son blog, et c’est tout à son honneur.

Nonobstant, je me propose par la présente de reprendre le contenu de notre jeune (j’imagine) ami, et mot à mot cette fois, afin de réaliser une autre démonstration, comme ça, juste pour faire le jeu du miroir…

Allons-y pour le découpage en tranches (basée sur cette sauvegarde de l’article, datant du 6 juin)…

WordPress 2.8 disponible la semaine prochaine ?

Son titre. J’avais choisi le plus généraliste « Nouvelles du front« , mais cela ne fait sans doute pas assez buzz pour monsieur. J’ai utilisé pour ma part « WordPress 2.8 sortira la semaine prochaine » comme titre de seconde partie ; il l’a préféré, en lui adjoignant le point d’interrogation final, celui-là même qui a fait les douces heures de plus d’un article de TechCrunch – monsieur a appris avec les meilleurs !

[Image]

A comparer avec mon propre choix. Possible l’un des seuls travaux d’investigation réalisés pour son article, il en est néanmoins resté à une slide de la présentation de Matt, lors du WordCamp de Hong-Kong. Là où j’ai préféré une image qui informe, il a choisi une image qui illustre. Soit.

A son crédit, on pointera du doigt qu’il utilise une image placée sous Creative-Commons en donnant correctement ses crédits, là où je ne fais que faire un lien direct (ouille) vers une image avec un copyright (horreur ! malheur !). Là où son bât blesse, c’est que l’image qu’il a choisie est en CC-SA (pour Share-Alike : celui qui utilise l’image doit le faire dans une oeuvre étant également en CC-SA), tandis que son blog est en CC-BY-NC-SA (Attribution, Non-Commercial, Share-Alike). Vu que je suis un peu fautif sur le thème des licences d’image ici, j’en resterai là.

On l’attendait initialement en mars, puis en avril, c’est finalement la semaine prochaine, le 10 juin, que WordPress 2.8 devrait finalement sortir.

Simple combinaison de mes « rappelons que la date initiale était fin mars, puis en avril, puis…) » et « Sauf problème majeur, WordPress 2.8 devrait sortirai mercredi prochain, le 10 juin. » Admirez, cher public, la parfaite copie des liens. Je suis déçu, il n’a pas repris ma mise en gras…

Une sortie qui s’est donc fait attendre, mais dont les raisons se comprennent facilement.

Rien à redire, a priori.

Bien qu’à l’époque l’information n’était pas encore connue du grand public, il s’avère que WordPress.org et WordPress MU (pour Multi Users) vont bientôt fusionner en une seule et même entité. Les codes des deux projets étant assez proches, il n’était plus justifié de développer les deux projets en parallèle.

Ici, il repique de toute évidence, mais à sa sauce, ce début de paragraphe : « Cette annonce – assez logique vu combien le code de WPMU est désormais proche de celui de WP – a été faite par Matt (…) ».

Or, si la fusion de WordPress.org et de WordPress MU n’est tout de même pas pour demain (certains évoquent WordPress 3.0 comme cap pour rendre effectif cette réunion), les responsables estiment qu’il faut d’ores et déjà préparer le code et les outils pour que cela se passe dans de bonnes conditions.

D’où les reports successifs de WordPress 2.8 pour résoudre un maximum de bugs et valider un certain nombre d’améliorations.

Ca se complique un peu, il reprend plusieurs points, je pense :

  • tout d’abord, « l’annonce est faite, tout le reste n’est que spéculation à l’heure actuelle » ;
  • ensuite, « Matt aurait dit (j’insiste sur le conditionnel) de “faire attention à la version 3.0″ » ;
  • enfin, « C’est tout d’abord dû aux quelques remises à plus tard de la date de sortie (…), ce qui a permis d’avoir plus de temps pour résoudre plus de tickets, mais c’est également dû au travail incessant de quelques fervents développeurs tiers dévoués à l’amélioration du projet« .

La partie du milieu est une transition assez maligne, mise en place pour intégrer correctement les deux parties clairement distincte de mon texte. Ainsi, là où je parle de la réunion de WP et WPMU puis fait mon laïus sur le nettoyage du code de WP, en supposant que finalement les deux sont sans doute liés ; lui prend clairement le parti de lier les deux, comme si c’était une évidence. Quel grand écrivain il ferait. S’il avait une réflexion personnelle, je veux dire. LOL, comme y disent les jeunes de nos jours.

Rappelons par ailleurs qu’en tant que version majeure du développement de WordPress, la 2.8 a reçu pas moins de 785 tickets ouverts selon l’outil Trac.

Attention, ici commence la partie où il reprend à son compte tout ce que j’ai pris le temps de compiler grâce à mes visites sur le Trac (sait-il seulement de quoi il s’agit ?). Ca vient de là : « Parmi toutes les versions majeures de WordPress recensées sur l’outil Trac, la 2.8 est celle qui a vu les plus de tickets ouverts (plus de 800), et surtout celle qui a vu le plus grand nombre de tickets fermés, donc de bugs résolus ou d’améliorations validées : 766 au moment où j’écris ces lignes. »

Devant l’ampleur de la tâche, deux mois supplémentaires pour améliorer l’application n’était pas de trop.

WOW, une réflexion personnelle ! Color me surprised! On passera sur le pluriel manqué…

Au final, à quelques jours du lancement de WordPress 2.8, 98% des tickets ont été fermés (donc résolus) soit 773 sur 785. Ne reste qu’à s’occuper des 12 tickets restants.

OMG, il a cliqué sur le lien pour mettre à jour les chiffres que je donne (« le plus grand nombre de tickets fermés, donc de bugs résolus ou d’améliorations validées : 766 au moment où j’écris ces lignes« ) ! Par ailleurs, il a  sorti sa calculette magique ; ce type est un génie ! Pourquoi n’y ai-je pas pensé ?!? Quelconquelconquelcon !

Cette nouvelle mouture est donc sans doute l’une des plus saines et des plus stables de toutes les versions de WordPress.

Polom pom pom… « Au final, la 2.8 sera sans doute l’une des versions les plus propres de ces dernières années, et les versions suivantes profiteront certainement de ces fondations saines. »

Par ailleurs, en plus d’un nettoyage complet du code avec la résolution de tous les problèmes, les outils pour son fonctionnement doivent aussi évoluer.

Nouvelle habile transition pour caler une autre partie, totalement distincte, dans le flux de sa réécriture. Y’a pas, il s’y connait en falsification ; si je devais imprimer des euros en quantité industrielle, je l’embaucherais direct, mec.

Pour fonctionner, le logiciel (WordPress 2.7 et 2.8) a besoin au minimum de PHP 4.3 et MySQL 4.0 (respectivement sortis il y 7 ans et 6 ans).

De mon côté, « A l’heure actuelle, WordPress 2.7 (et donc 2.8) requiert au minimum PHP 4.3 et MySQL 4.0, respectivement sortis il y 7 ans et 6 ans« . Hé, t’as vu, moi aussi j’ai fait péter la calculette magique, truc de ouf.

Mais à l’avenir, il faudra faire évoluer le langage de scripts et le système de gestion de base de données.

C’est beau, on croirait lire le rapport de stage d’un consultant en informatique, didon…

Ainsi, pour la version 2.9, WordPress recommandera sans doute PHP 5 (sorti il y a 5 ans) et MySQL 4.1.3 (idem).

Méga-combo texte, lien, bévues et boulettes !

  • « la prochaine version majeure de WordPress, WP 2.9, requerra MySQL en version 4.1.2 au minimum » ;
  • « La version de MySQL qui sera requise pour faire tourner WordPress 2.9, la 4.1.2, est quant à elle sortie il y 5 ans presque jour pour jour » ;
  • « La version de PHP qui pourrait un jour être requise pour faire tourner WordPress, la 5.0, date elle aussi d’il y a 5 ans presque jour pour jour.« 

Pinaise, ce mec est plus efficace que le Konami Code ! Bon, dans sa hâte à faire du copier-coller, il s’est pris les pieds dans le tapis et affirme que WP 2.9 requerra PHP5. Erreur de débutant, sans doute. Ou de mec qui n’y comprend rien à ce qu’il dit et se dépatouille avec ce qu’il trouve sur Internet.  J’vous l’dis moi, ce mec finira consultant !

Vu l’ancienneté de ces outils, il est tout de même fort probable que les hébergeurs supportent cette évolution.

Ah, là je pense qu’il est allé chercher dans les commentaires de mon article, peut-être celui de CUI : « Je pense que si WP imposait le passage à php5, ça les [les hébergeurs web] ferait bouger un peu ! »

Discuss.

Mais au cas où, des tests seront ajoutés à l’outil de mise à jour automatique pour s’assurer que seuls les utilisateurs disposant de MySQL 4.1.3 pourront récupérer effectivement WordPress 2.9. Dans le cas contraire, il leur sera proposé de contacter leur hébergeur pour s’enquérir de la situation. Même chose pour PHP 5.

On termine en douceur, par un petit duo :

  • le plus gros vient de toute évidence de cette phrase :  « Dans cette optique, des tests seront ajoutés à l’outil de mise à jour automatique pour s’assurer que seuls les utilisateurs disposant de cette version de MySQL pourront récupérer la 2.9, les autres recevant un message leur suggérant de contacter leur hébergeur à ce propos. » ;
  • la dernière phrase est un résumé rapide de cette autre phrase : « De la même manière, l’outil de mise à jour automatique de WordPress 2.9 se verra ajouter des tests pour afficher un message aux utilisateurs encore sous PHP 4, leur recommandant de passer à PHP 5 (sans pour autant l’imposer).« 

Allez, je me sens en veine ce soir, je faire une représentation graphique de tout ça ! PH34R MY WR47H, N00B !

Side-by-side comparison, dude!

Tout d’abord, saluons l’effort indéniable de concision :

mindoverflow-sidebyside
"Ah ! Non ! C'est un peu court, jeune homme ! On pouvait dire... oh ! Dieu ! ... bien des choses en somme..."

Ah, ça, il aurait cartonné au Bac français s’il avait choisi l’épreuve « Résumé de texte ».

Mais comme j’ai dû temps à tuer (en fait non, mais il pleut aujourd’hui, et ça m’amuse de perdre quelques minutes sur ce genre futilité), je vais pousser mémé dans les orties. BEHOLD MY GIMP LEETNESS!

Couleurs primaires
Couleurs primaires

C’est là que l’on se rend compte :

  • J’ai voulu écrire un article rapide, en fait il est plutôt carrément long – étrange, venant de ma part (ironie inside) ;
  • Il a vraiment pioché à droite à gauche pour reconstruire l’article de toutes pièces.

Mais bon, je dois m’estimer heureux : il respecte a peu près la licence de l’article (CC BY-NC-SA : il fait un lien vers l’article original, son site n’a pas de pub et il utilise la même licence pour son contenu), mais en plus il a fait l’effort (rendons à Fanny ce qui est à Marius) de le rendre plus concis, prenant les points essentiels et faisant fi des digressions inutiles. En cela, notre ami fait montre d’un certain talent dans la falsification.

Non seulement ça, mais d’autres n’ont pas forcément eu la chance d’être réécrits : son « Décryptage : Sarkozy et son oeuvre de contrôle du net » est une reprise  intégrale (hors image) de l’article de Numerama (placé sous licence CC, mais laquelle ?) ; son « Contourner Hadopi en 27 secondes » est un copier-coller de l’article éponyme de Daniel Glazman, mais avec un peu enrobage perso pour faire passer la pilule, enrobage qui comprend un tutoriel Linux repiqué ailleurs ; il s’offusque du renvoi du cadre de TF1 pour critique d’Hadopi en remettant à sa sauce l’article d’Ecrans-Libération ; l’intro de son « Greenpeace épingle Nicolas Sarkozy sur ses ambitions charbonnières » n’est rien de moins que celle de l’article de Wikipédia sur « 10 ans pour agir« , et la fin est recopiée du descriptif de la dernière vidéo Greenpeace France sur Dailymotion ; et probablement plein d’autres choses mieux dissimulées…

Du coup, en parcourant ses articles, on en vient à douter du personnage : tout son blog n’est-il que copie de ce qu’il trouve ailleurs ? Sûrement pas, mais tout comme les billets sponsorisés mettent à mal l’ensemble de la blogosphère, il suffit de quelques articles repompés pour jeter le doute sur l’ensemble du blog…

On sourira tout de même de le voir s’offusquer du caviardage de Wikipédia par le gouvernement (« La grande classe ces réécritures !« , je suis bien d’accord, surtout qu’il s’agit d’une reprise de l’article de Benjamin Ferran de L’Expansion), ou de ses applaudissements face à l’article « Les droits d’auteur pour les nuls » de (encore lui !) Maître Eolas 🙂

Un pourfendeur

Faites ce que je dis, pas ce que je fais, en somme.

Redevenons sérieux pour le grand final, si vous le voulez bien.

Information capitale : l’article original (« le mien article », comme on dit) est sous licence Creative Commons BY-NC-SA, tout comme l’article réécrit (les deux sites partagent la même licence – et pour cause). Notre camarade de jeu pour ce soir a donc a priori respecté la licence à la lettre : attribution, pas de pub, même licence – comme je l’ai déjà dis plus haut.

Comme il a plutôt tendance à être fan des licences CC (jusqu’à mettre à son nom et sous CC des travaux mis dans le domaine public, pour ensuite s’en donner l’attribution – d’ailleurs je me demande à quel point ce dernier lien n’est pas à son tour repiqué de celui-ci…), nous allons plonger à la source :

What are moral rights, and how could I exercise them to prevent uses of my work that I don’t like?

In addition to the right of licensors to request removal of their name from a work when used in a derivative or collective they don’t like, copyright laws in most jurisdictions around the world (with the notable exception of the US except in very limited circumstances) grant creators “moral rights” which may provide some redress if a derivative work represents a “derogatory treatment” of the licensor’s work. Moral rights give an original author the right to object to “derogatory treatment” of their work; “derogatory treatment” is typically defined as “distortion or mutilation” of the work or treatment that is “prejudicial to the honor, or reputation of the author.” Creative Commons licenses (with the exception of Canada) do not affect any moral rights licensors may have. This means that if you have moral rights as an original author of a work, you may be able to take action against a creator who is using your work in a way you find objectionable. Of course, not all derivative works you don’t like are necessarily “derogatory.”

Je n’ai bien entendu aucune intention de m’en prendre à notre malfaiteur. Juste, je voulais vérifier que j’étais en droit d’être… comment dire… « surpris » ?… « outré » ?… de voir qu’on pouvait s’octroyer le travail d’un autre juste en faisant un bête lien.

Tiens, parlons-en, de ce lien « Via » qui, je l’avoue, est un peu à l’origine de mon ire. Le texte dit :

How do I properly attribute a Creative Commons licensed work?

If you are using a work licensed under one of our core licenses, then the proper way of accrediting your use of a work when you’re making a verbatim use is: (1) to keep intact any copyright notices for the Work; (2) credit the author, licensor and/or other parties (such as a wiki or journal) in the manner they specify; (3) the title of the Work; and (4) the URL for the work if applicable.

You also need to provide the URL for the Creative Commons license selected with each copy of the work that you make available.

If you are making a derivative use of a work licensed under one of our core licenses, in addition to the above, you need to identify that your work is a derivative work, ie. “This is a Finnish translation of the [original work] by [author]” or “Screenplay based on [original work] by [author].”

Et paf. En gros, notre pirate numérique n’a pas respecté les règles d’attribution. Pourtant, il l’a fait correctement au moins une fois : en bas de sa section « Mentions légales », on découvrira à loisir cette mention : « Version librement adaptée des Mentions légales publiées sur WordPress-FR.net« . (nous avons affaire à un habitué de WPFR, en somme 🙂 ).

Selon les textes, j’ai donc le droit de me sentir lésé. Je l’ai d’autant plus qu’il m’en donne lui-même le droit, dans son article « Le droit d’auteur, c’est avant tout le droit de l’auteur » où il cite Daniel Vangarde.

Cela étant, j’ai l’impression que même dans ses mentions légales dûment attribuées, il a repris du texte : la section « Publication de commentaire », que l’on retrouve telle quelle chez Embruns, ainsi qu’un peu sa section « Cookies », hein, avouons-le 🙂

Ma conclusion sera donc multiple :

  • Créateurs de contenu qui décidez de placer celui-ci sous licence CC : soyez conscient de ce que vous faites et de ce que cette licence implique, faites attention à la licence que vous utilisez et indiquez-le clairement et visiblement, et utilisez une licence Non-Derivative (BY-ND ou BY-NC-ND) si vous ne voulez pas voir votre création modifiée/récupérée par d’autres sans votre accord explicite ;
  • Utilisateurs de contenu CC : faites attention à ce qu’implique une licence, et respectez au maximum l’auteur original – notamment en le nommant, et en indiquant clairement qu’il s’agit d’une modification d’un travail original.

Au final, rien ne se perd, rien ne crée : tout se transforme. Et j’écris cela avec d’autant plus de conviction qu’Antoine-Laurent de Lavoisier est mort depuis des lustres, et donc que son œuvre est dans le domaine public.

Merci mon gars, je me suis bien amusé en écrivant mon article, j’avais besoin de ça pour m’y remettre 🙂 Par contre, sois plus prudent à l’avenir ! 😉

That’s the 7 o’clock edition of the news, goodnight.

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Mangeons du clown

Temps de lecture / Reading time : < 1 minute.

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Pièce à conviction 2 :

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Pièce à conviction 3 :

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Pièce à conviction 4 :

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Ma foi, Radiohead arrive toujours à faire de bien jolies chansons

Temps de lecture / Reading time : 18 minutes.

Je crois avoir déjà bien documenté ici mon attachement de longue date au groupe Radiohead. Pour ceux qui auraient manqué des épisodes, je vous renvoie vers nodata, site que j’ai co-tenu (avec Caleb) et dont nous avons fait, à l’époque, LE site francophone d’actualités sur Radiohead, en concurrence cordiale avec le fanclub officiel. Quand je compte, ça n’a vraiment duré qu’un an, de mai 2000 à mai 2001 – un arrêt brutal suite à la fin de mon célibat 🙂 – mais cette période m’a donné l’impression d’avoir duré au moins deux ans tant j’étais impliqué dans la communauté française du groupe – notamment, pour les happy few, la Forêt Magique…

Je passais quasiment toutes mes fins de soirées à mettre à jour nodata, à chercher et retranscrire les dernières informations, à une époque (2000-2001) où Google News n’existait pas (qui se souvient de Net2one ?), où les blogs n’étaient pas encore monnaie courante (et encore moins les flux RSS) et donc où tout se faisait à la main… et à une époque aussi où je pouvais me coucher à 2h et me lever à 7 sans trop le ressentir le lendemain 🙂 J’écrivais déjà beaucoup à l’époque, et prévoyait même une biographie exhaustive (merci encore à Caro pour le prêt des nombreux bouquins) pour une mise à jour complète du site, qui n’est jamais venue, fin du célibat oblige 🙂

Bref, je les connais un peu sur le bout de doigts, ces petits garçons de Rh.

Après OK Computer, ce ne fut pas facile d’être fan de Radiohead. Déjà, ils ont pris leur temps entre cet album, énorme, et son successeur, Kid A (double successeur si l’on compte Amnesiac, tiré des mêmes sessions d’enregistrement), et le résultat n’était pas franchement à la hauteur de mes attentes. Je n’ai vraiment apprécié qu’une moitié de chacun de ces deux albums, au point de compiler mon propre Kid Amnesiac (le 23 février 2004, si j’en juge par la date de création du dossier sur mon disque-dur). Tiens, je vais vous en filer la trackliste, hop, cadeau :

  1. You And Whose Army?
  2. How To Disappear Completely (and never be found) k
  3. Optimistic k
  4. The National Anthem k
  5. Dollars & Cents
  6. Idiothèque k
  7. Morning Bell k
  8. I Might Be Wrong
  9. Pyramid Song
  10. Knives Out k
  11. Life In A Glasshouse
  12. Like Spinning Plates

Je me suis limité à 74 minutes de musique (9e Symphony oblige), donc forcément il y a certains choix drastiques. Par exemple, j’adore la version démo de Motion Picture Soundtrack, mais la version de Kid A est toute nase à côté selon moi (tiens, allez, cadeau, je vous la file, de toute évidence ils n’exploiteront pas cette version commercialement, ce n’est donc pas du piratage). Aucun regret par contre pour Treefingers, In Limbo, Kid A (la chanson), Packt Like Sardines in a Crushd Tin Box (même si la version en concert déchire sa génitrice, aussi transcendée que Planet Telex), Pulk/Pull Revolving Doors, Morning Bell/Amnesiac (‘faudrait voir à pas nous prendre pour des poissons rouges)…

Tiens, amusant, du coup, je pensais vaguement que je préférais globalement Amnesiac à Kid A, et taper cette liste me permet de vérifier cela : 7 titres viennent d’Amnesiac, les 5 autres de Kid A (les k) – et encore, je ne suis pas un grrrros fan de Knives Out ni Optimistic, qu’aujourd’hui je remplacerai sans doute par Everything in It’s Right Place et la démo de Motion Picture Soundtrack (cqfd).

Bref, ce n’était pas facile d’être fan de Rh après OK Computer, tout d’abord parce qu’ils ont mis trois ans à sortir Kid A (1997 – 2000, Amnesiac en 2001), et que le gamin de 20 printemps que j’étais en 97, qui avait littéralement passé les mois de juillet à décembre 97 à ne faire qu’écouter en boucle OKC dès qu’il rentrait d’Epita, en était venu dès 98 à chercher des alternatives en mesure d’épancher sa soif de rock alternatif, justement. Et de chercher dans toutes les directions, parfois divergentes, mais toutes conséquences logiques d’un album grandiose (et de son prédécesseur, The Bends) :

  • le post-rock de Godspeed You! Black Emperor avec F♯A♯∞ (1997), puis celui d’Explosions in the Sky avec Those Who Tell the Truth Shall Die, Those Who Tell the Truth Shall Live Forever
  • le stadium-rock grandiloquent de Muse avec Showbiz (1998, eux on peut dire qu’il sont arrivés pile au bon moment)
  • le rock psyché/expérimental de Mercury Rev avec Deserter’s Song (1998)
  • le génial space-rock de The Flaming Lips avec The Soft Bulletin (1999)
  • la pop ciselée de Travis avec The Man Who (1999, produit par Nigel Godrich, déjà responsable d’OKC) ou de Coldplay avec Parachutes (2000)
  • ou simplement le rock alternatif d’Elbow avec Asleep in the Back (2001 – bof) ou de Mansun avec Attack of the Grey Lantern (1997 – enfin, surtout la chanson Wide Open Space, seule valable au final).

Dans mon esprit, les copies ne manquaient pas, mais rien ne remplaçait l’original ; des succédanés du grand succès de ces années (yeah, trop fort) ; des ersatz de larsens (mouais) ; des scories de mon high-score (ok, j’arrête là). Il a fallu faire preuve de beaucoup de patience.

Patience qui faisait monter la pression, et qui a mené à une certain déception face à deux demis-albums (Kid A et Amnesiac), tant le groupe (enfin, Colin Greenwood – le bassiste – dans une interview, si je me souviens bien) avait annoncé que « ce serait dans la lignée de Talk Show Host, face B de OKC sortie pour le film Romeo+Juliet, chanson qui déchirait toutes les mamans du Gloucestershire, et qu’au final je me retrouvais à devoir défendre la qualité de certaines chansons malgré moi (genre, le riff principal de Knives Out n’est pas repiqué directement de Paranoid Android…).

Tiens, hop, anecdote : je faisais partie de la trois-centaine de valeureux insomniaques à assister au premier webcast de Radiohead. Aujourd’hui, les webcasts de Radiohead sont de véritables barnums, annoncés longtemps à l’avance (parfois une semaine! quel luxe!), tournés avec du matériel professionnel capable d’accommoder des milliers de netspectateurs, et mis en ligne le lendemain sur tous les sites de partage de vidéo. C’était une autre histoire en ce jeudi 9 décembre 1999 (review de Greenplastic.com, auquel j’envoyais pas mal de news à cette époque, au point de me retrouver remercié entre Mel de w.a.s.t.e. et Max K., ce qui ne parlera qu’aux happy fewsma review ici, en bas, au 16 mai, date de la reprise de nodata) : à cette époque, la vidéo avait la taille d’un timbre poste, et passait par un serveur Real Player incapable de tenir la charge. De mon côté, je comptais sur mon modem US Robotics Sporster 28.8 et ma connexion à Infonie pour suivre tout cela. Après de longues sessions de disque-jokeying, à passer des disques pendant que la webcam tournait dans la maison qui hébergeait le webcast, le groupe s’est retrouvé autour d’un arbre de Noël pour jouer Knives Out en d’avant-première. Le webcast terminé, tout le monde se retrouvait sur le msgboard pour tenter d’attirer l’attention des membres du groupe. Je me souviens avoir laissé un message du genre « quand même, le riff de Knives Out, c’est pas une resucée de celui de Paranoid Android ? », bouteille à la mer de messages postés par la centaine de connectés, à laquelle Phil, le batteur, a eu la gentillesse de répondre : « Come on, we were just busking it« . Yeah, right.

Mais revenons à nos moutons… Amnesiac, donc, relevait à mon goût le niveau par rapport à Kid A, mais ce n’était pas encore « ça ». Hail To The Thief (HTTT), sortit en 2003, n’arrivait toujours pas au niveau d’OK Computer. Certains titres sont prenants, comme Where I End and You Begin ou A Punchup at a Wedding, voire trippants comme Myxomatosis ou A Wolf at the Door, mais d’une manière totalement différente d’OKC. Je me retrouvais alors dans un cycle Kübler-Ross classique, correspondant normalement au cycle de réactions usuelles face à la perte d’un être aimé, mais ici appliqué à l’évolution musicale non-voulue d’un groupe que l’on adore :

  1. Refus : « La moitié des chansons sont inutiles, je vais faire mon Kid Amnesiac« 
  2. Colère : « Bon sang, mais quelle idée d’utiliser un Moog pour Motion Picture Soundtrack ? C’est n’importe quoi ! »
  3. Marchandage : « J’aime bien Travis et Coldplay, ça ressemble assez à The Bends« 
  4. Dépression : « Chérie, tu devrais t’intéresser à Muse, c’est pas si mal finalement »
  5. Acceptation

…et le fait est que jusqu’à il y a quelques mois, je n’étais pas parvenu à ce 5e stade. Sans être sombré dans la dépression (chez moi, le verre est toujours bien rempli), j’étais partagé entre petite colère et marchandage, ou plus simplement Radiohead était sortit de mes groupes préférés, n’étant dans mon top 5 que pour des raisons historiques. S’il y a eu acceptation, c’est de voir Radiohead relégué au rang des groupes qu’on a aimé, et non qu’on aime ; ceux dont les nouvelles chansons ne parviennent pas à nous émouvoir comme avant, tout ça… Il y a même eu du rejet : par le jeu des relations, je me suis retrouvé à être interviewé, ainsi que deux autres aficionados, pour la sortie de Kid A par le jeune magazine Rock Sound (ou un nom du même acabit), auquel à la réponse « Quel est votre album préféré ? », je répondais « The Bends« . Mona analysa cela de la manière suivante : j’ai tellement mal accepté Kid A que j’en suis venu à revenir un album en arrière, prendre mes distances… Bah… Les faits sont là : j’attendais encore l’album qui allait me remuer de bout en bout, à nouveau.

Surtout que ceux qui ont adoré The Bends ont eu droit, pour patienter avant la sortie d’OK Computer, à la magnifique chanson Lucky, enregistrée en une journée et offerte pour l’album caritatif Help. Et nous, qu’avons-nous eu pour attendre le successeur de HTTT ? Chic, ils vont participer au nouvel album Help ; et avec quoi ? Cette déception de I Want None Of This, non mais vraiment, y’a de quoi rester au premier stade. Lâche ton clavier, Thom, il faut accepter que tu ne peux pas pondre une merveille comme How I Made My Millions tous les matins – pensa-je.

Heureusement, l’émotion reste intacte avec d’autres formations : Explosions in the Sky, Mogway, Tool, Wilco, Incubus, Eels, Elliott Smith, Blur & Graham Coxon, Ghinzu, Mud Flow, The Mars Volta, Supergrass, Girls in Hawaii, DJ Shadow, Nada Surf, PJ Harvey, Nine Inch Nails, …

Oh, bien sûr, on trouvait des fix ici ou là, temporaires mais nécessaires pendant cette époque de disette, ces albums entiers achetés dans le seul but d’entendre la voix de Thom par exemple. Rabbits in your Headlights pour l’album Psyence Fiction du projet U.N.K.L.E mené par DJ Shadow (1998) ; le duo El President pour l’album White Magic For Lovers de Drugstore (1998, et je suis même allé les voir en concert) ; l’album Terror Twilight de Pavement avec Jonny Greenwood à l’harmonica (!?!) ; cinq chansons étonnantes sur la bande originale du film Velvet Goldmine (1998) ; le décevant I Have Seens It All en duo avec Björk pour la bande originale du film Dancer In The Dark (2000) ; le duo beaucoup plus intéressant This Mess We’re In avec PJ Harvey sur son album Stories From The City, Stories From The Sea (2000)…

Mais toujours, narguant dans un coin de mémoire, cette réflexion : quand même, Radiohead, c’était mieux avant. Leur concert à Rock en Seine m’a conforté dans cette croyance. Dans un monde où la Tektonik règne et ou Skyrock ne passe que du R&B en boite, serais-je devenu un vieux con ?

Le 7e album de Radiohead, In Rainbows, a été annoncé sur le blog du groupe le 1er octobre 2007, 10 jours avant sa sortie/ »fuite officielle » – désormais libre de ses engagements envers EMI. Je ne vous apprends rien : chacun pouvait le télécharger au prix qu’il voulait. J’ai choisi de ne rien payer – 0.0 livre sterling (ou euro, ou dollar, ça revient au même hein). Ce n’est pas le premier album que je teste avec d’acheter, je n’allais pas l’acheter s’il ne me plaisait pas, même si je savais, ex fan des sixties oblige, que je finirai par l’acheter.

Je suis bientôt retourné l’acheter en ligne – mais pas pour payer les fichiers mp3s « pour bien faire », ni pour commander juste le CD, non, non : l’album au format « discbox », une boite relativement énorme (et chère, environ 60 euros), contenant le CD, un second CD (les faces B), deux disques vinyles, un livret… Et je l’ai racheté dans un magasin physique (Virgin), à nouveau, au format digipack, dès que je me suis rendu compte que le format discbox était quand même bien peu pratique. J’ai acheté deux places pour l’un de leurs concerts à Bercy mi-juillet, ainsi que deux places pour celui prévu dans les arènes de Nimes peu après, avec réservation d’hôtel et de train à l’appui. Je n’ai jamais autant dépensé pour Radiohead depuis notre court séjour à San Sebastian en 2002, afin d’assister à leur concert – qui s’est révélé pour nous être une déception assez énorme, nous faisant alors refuser d’aller les voir à Bercy quelques mois plus tard.

Pourquoi toute cette thune dépensée sans compter et avec plaisir, pour un groupe qui me lassait ? Mais parce que In Rainbows est le meilleur album de Radiohead depuis OK Computer, bordel de merde ! Mais d’une manière totalement différente, et c’est là la chose amusante : en cet album se cristallise selon moi les années de recherches et d’expérimentations qui ont données Kid A, Amnesiac et HTTT. J’y trouve du planant, du trippant, mais aussi ce truc en plus, ces ambiances qui évoluent, se construisent et montent, ce son « plein » et maitrisé. C’est très con à dire, mais cet album me semble l’aboutissement serein de la recherche fébrile d’un renouvellement (et d’un éloignement volontaire du mastodonte OK Computer). Peut-être est-ce le poids en moins de ne plus être lié à un contrat avec EMI, de ne plus avoir à livrer régulièrement des galettes qui vendent…

Nous avions de grands espoirs, mais aussi de grosses craintes vis à vis de cet album. Thom Yorke a sortit en 2006 un album solo, The Eraser, très influencé par le son électro qu’il affectionne ; tout en gardant une certaine « patte » (même producteur oblige), c’était plus du « Thom kiffe l’électro » qu’un album de Radiohead, donc on pouvait espérer que grâce à cette tangente solo, Thom aurait viré le surplus d’idée électro et de sempiternels mêmes accords plaqués au piano, qui ont miné/plombé/pourri nombre de titres des 3 albums précédents (putain mais Sit Down Stand Up, quoi, quelle erreur !). Mais quelques semaines plus tard, la prestation du groupe, au complet, lors du festival Rock en Seine, nous laisse plus que sur notre faim en ce qui concerne les nouveaux titres : ils ont l’air mou du genou, où est le rock, pourquoi ont-il encore raté une chanson à l’origine fantastique (Nude, a.k.a. Big Ideas (don’t get any), allez c’est cadeau, même réflexion que plus haut), pourquoi n’ai-je kiffé le son que pour les titres plus anciens, période The Bends ou OKC (cf. mon reportage du samedi) ? Même la version de studio de Fog (initiallement appellée par les fans Alligators in New-York Sewers) a subit le même traitement de mollitude, et seule une version live au piano (dans l’EP Com-Lag, enregistrée lors d’un concert pour Arte) nous empêche de les détester pour cela. Pourquoi cette inspiration molle ? Pourquoi ce manque de punch ? POURQUOI ????!

Tout simplement parce que je refusais encore et toujours l’évolution cherchée par Radiohead. Dans le contexte post-OK Computer, l’ancienne version de Nude (qui date de 1995/97, quand même) permettait de raccrocher les wagons à une période musicale adorée. Nude existe désormais en version définitive dans In Rainbows, et si je regrette encore la version qui « sonne » comme OKC, j’accepte désormais cette version comme légitime, car j’ai accepté avec In Rainbows les directions prises par le groupe pendant les trois précédent albums. Un album-aboutissement tel qu’In Rainbows permet au fan que je suis de mieux comprendre et assimiler le parcours laborieux documenté par Kid A, Amnesiac et Hail To The Thief.

J’me prends la tête, hein ?

C’est que la transition/acceptation a été plus rapide pour d’autres. Je pense particulièrement à Explosions In The Sky, pour moi le meilleur groupe de post-rock qui soit, qui a enchaîné son puissant Those Who Tell the Truth Shall Die, Those Who Tell the Truth Shall Live Forever par le très mélodique The Earth Is Not a Cold Dead Place – abandonnant d’un album a l’autre les guitares très saturées, pour les remplacer par un son très clair et des arpèges aériens. J’ai commencé par rejeter cette perte de puissance, que je croyais essentielle à leur musique, pour ensuite n’en apprécier que plus les incroyables mélodies qu’ils pouvaient faire sortir de leur guitare. EITS a enchaîné avec un album encore plus « mou », ai-je cru en allant les voir en concert au Trabendo (bon sang, des claviers ! Hérésie !), et puis si l’on adopte une perspective un peu différente, on se rend que le génie est toujours là, que la beauté de la musique n’en est peut-être que transcendée, et que putain qu’est-ce que ça fait chier ce cerveau qui a du mal à sortir des sentiers battus…

Voilà. Tout ça pour dire, chers membres de Radiohead, que je vous pardonne vos errements passés, et accueille avec joie cet album dans mon classement des meilleurs albums de 2007 – qui n’est pas encore fait, mais je vous promet que vous êtes parmis les 5 meilleurs, voire les 3, voire en pole position, bourdjil.

Et je ne suis pas seul à le dire. Certes, l’époque a changé, et comme on aime à le dire pour critiquer ironiquement le succès de Windows, « 15 millions lemmings can’t be wrong », mais le fait que la semaine suivant la mise a disponibilité d’In Rainbows, les statistiques hebdomadaire du site Last.fm (réalisées automatiquement à partir des écoutes des milliers de membres du site) présentaient un classement des chansons les plus écoutées, où toutes les places du classement étaient occupées par les 10 pistes de l’album – dans l’ordre. Oh, oui, bien fûr, vous allez me rétorquer, « mais forcément, nous vivons à une époque de téléchargement pirate incessant, tout le monde a vu que Radiohead sortait un album ‘gratuit’, donc ils se sont précipités dessus ». Je suis tout à fait d’accord avec cette proposition. Mais il faut quand même prendre en comte que le 26 février 2008, Last.fm annonçait que Radiohead avait foutu leur classement par terre – 18 semaines après la sortie de l’album, celui-ci occupait toujours l’intégralité du classement. A la 20e semaine, grâce à ses Grammy awards, Amy Whinehouse a réussit a placer deux titres dans ce classement, mais pour le reste, pffft, toujours Radiohead. Et si je regarde aujourd’hui, dimanche 13 avril, 8 titres sur les 10 viennent toujours d’In Rainbows, avec probablement une rébellion des fans de Muse, qui sont parvenu à hisser le titre Starlight en 7e place à force l’écouter tous en boucle (nous ne voyons pas d’autre explication), suivit du Rehab d’Amy. Excusez-moi si j’ose dire qu’il ne s’agit pas là d’un effet de mode ou d’un mouvement de foule, mais bien d’un putain d’album qui déchire tout sur son passage. Compatissons pour le blogueur de Last.fm, qui écrit « Please, somebody, anybody, release something awesome and save the charts from Radiohead! »

‘Nuff said.

(Mise à jour du 15 mai : ah, l’album gratuit de Nine Inch Nails, The Slip, a remplacé In Rainbows pour les 10 premiers titres. In Rainbows sera tout de même resté 31 semaines à squatter ce classement…)

(Mise à jour du 9 juin : bon, bah le slip n’a pas tenu, les titres de d’In Rainbows occupent 10 des 17 premières places, 6 des 10 premières, et 3 du Top 5. Pan dantagl, Trent.)

Pour autant, Radiohead n’a pas fait un disque populaire. In Rainbows au premier abord ne semble pas être l’album le plus accessible qui soit : ceux qui écouteront la première piste seront certainement rebutés par le son sciemment électro de l’intro – moi-même ça m’a gêné. Mais il faut se souvenir que c’est une coutume du groupe de commencer ses albums avec un titre un peu électro, ce depuis leur 2e album :

The Bends : Planet Telex avec des claviers pas très rock’n’roll (en live, toutes les guitares ressortent)
OK Computer : Airbag avec sa piste de batterie faite de samples, inspirée par ce que fait DJ Shadow.
Kid A : Everything in its Right Place, encore un clavier pas très rock’n’roll.
Amnesiac : Packt Like Sardines in a Crushd Tin Box, des boucles qu’on dirait tirés directement d’un claver Bontempi.
HTTT : 2+2=5, intro avec boite à rythme de location.
In Rainbows : 15 Steps, rien de bien organique dans ces 15 premières secondes.

Pour ceux qui ne suivent pas la groupe, ils ont aussi une habitude à chaque album – c’est une théorie personnelle, hein, je suis sans doute dans le faux : mettre en 2e piste le titre qui « définit » l’album, et là c’est depuis le début :
Pablo Honey : Creep, LE single, qui leur colle encore à la peau 16 ans après.
The Bends : The Bends, même titre.
OK Computer : Paranoid Android, LE single qui fera sortir le groupe de l’ombre de Creep.
Kid A : Kid A, même titre.
Amnesiac : Pyramid Song, premier single de l’album.
HTTT : Sit Down, Stand Up, euh là je n’ai pas d’explication, titre assez pourri.
In Rainbows : Bodysnatchers, putain cette intro, méga basique mais avec un son énorme, ROCK’N’ROLL!

Et les petits zigotos de Radiohead ne font pas grand chose pour aider le petit peuple innocent à aimer leur album : en titre de single, ils ont évitent une évidence telle que Bodysnatchers, et ont utilisé à la place Nude. Voici le clip, sans doute fait-maison :

Avouez que comme chanson, il y a plus « catchy » que cette litanie lancinante, qui au demeurrant est une excellente chanson qui se termine avec un montée vocale assez impressionnante, mais pas de quoi réchauffer la chaumière en ces temps de disette météorologique.

Celle pour Weird Fishes a été réalisée dans le cadre de la campagne EXIT de MTV contre le travail des enfants.

Pour le fun, un étudiant en communication visuelle a fait un remix de Nude… particulier :

Enfin, celle-ci a été réalisée par l’artiste numérique Robert Hodgin, pour le fun, puis proposée aux concours AniBoom.

—–

Mais vu qu’ils sont malins comme des singes, et forts de leur liberté retrouvée, ils vont chercher les fans là où ils se trouvent : sur Internet. Non contents d’avoir sans doute prouvé que l’on peut vendre un CD même s’il est gratuit (m’enfin bon, ça marche surtout si on est très connu, n’est-ce pas Saul Williams ?), les p’tits gars ont investit le net de manière assez phénoménale.

Pour commencer, ils ont remis en place des webcasts, cette fois de manière super professionnelle : plein de caméras dans le studio, widget kivabien, son nickel, large bande passante, et tout en ligne le lendemain sur leur page YouTube. Donc, dans l’ordre, les webcasts Entanglement, Thumbs Down, et Scotch Mist, dernier en date, diffusé pour le nouvel an. Puis, à la mi-Janvier, un « petit » concert dans un magasin londonien, pour le fun, également diffusé sur radiohead.tv.

On peut par ailleurs trouver une page dédiée au groupe sur Facebook, mais comme Rh n’est pas du genre à se laisser enfermer par une plate-forme trop propre pour être honnête, ils ont lancé leur propre réseau social – et là j’ai peur…

On se dit que c’est déjà pas mal. Mais c’est sans compter les possibilités offertes par le Net. Alors hop!, un concours pour réaliser un clip animé pour un titre au choix, et surtout un site pour ceux qui veulent remixer Nude (le premier single de l’album), avec à la clef, bin, heu, l’honneur d’avoir participé. Voici d’ailleurs les participations de deux camarades, Vince avec qui j’ai joué précédemment, et Sourya avec qui j’ai aussi précédemment joué, mais de manière beaucoup plus ephémère.

Mon remix « ukulele » : http://radioheadremix.com/remix/?id=1792

Remix « piano » de Vince : http://www.radioheadremix.com/remix/?id=872

Remix « electro » de Sourya : http://www.radioheadremix.com/remix/?id=864

Jeu sans gain autre que celui d’être numéro 1 du classement (et encore, la liste est par défaut présenté avec les remix les plus populaires en premier, donc personne ne va voir les nouveaux mixes qui ont besoin de vote, donc le système est cassé à la base), il s’est achevé officiellement le 1er Mai 2008.

Sans gain, sauf pour Radiohead. Pour faire un remix, il fallait acheter les 4 pistes (voix, batterie, basse, ambiance/violons) séparément sur iTunes. Plus d’un s’est arrangé pour les récupérer gratuitement ailleurs (moi le premier), mais mine de rien cette masse d’achat de Nude en diverses versions a fait largement monter le classement global de cette chanson, si j’en crois mes lectures. Après, savoir si le groupe a fait cela pour l’argent ou pour le fun, mon ex-fannitude me tend à pencher pour le seconde solution, mais qui sait, p’tet qu’ils sont en mal d’argent ?

D’ailleurs, pas de clips à 1 million de livres sterling pour Radiohead : pour l’heure, le clip de Nude est tiré d’un de leurs webcasts. Pour le prochain clip, ils ont depuis quelques mois déjà lancé un concours sur le site AniBoom, enjoignant les réalisateurs en herbe à proposer un story-board animé/monté pour l’une des chansons de l’album. A l’heure où j’écris cette ligne (14 mai, le temps passe), ils en sont à une poignée de semi-finalistes qu’il reste à départager. Le vainqueur aura tout loisir de développer pleinement son idée. Après, savoir si ça passera à la télé, pfffft.

Mais reste que cela rentre dans l’ordre d’idée « Radiohead est-il à court de thune depuis qu’ils ont quitté EMI ? » Forcément, EMI n’est plus là pour faire des avances faramineuses en sachant que le prochain album de leur poule aux oeufs d’or se vendra comme des petits pains quoi qu’il advienne, et XL Records, leur nouveau label, n’a certainement pas les poches aussi profondes qu’EMI. Mais pour autant, nous savons que les petits gars de Radiohead ont gagné bien des sous avec In Rainbows, et je les imagine mal à sec. Non, simplement, ils s’amusent. Ils savent qu’ils ont plein de fans prêts à jouer le jeu (bon, et à raquer, aussi), et donc lancent les sites et les initiatives en ligne à tout va. La dernière en date, lancée à l’occasion de leur tournée, c’est un site dédié à la promotion des meilleurs moyens de ne pas envoyer trop de CO2 dans l’atmosphère en allant à un de leur concert…

Mais bon, je déblatère, je tergiverse, je dilettante, le fait est que tout ce qui précède n’est qu’un préliminaire que je ne pensais même pas écrire, ça m’est juste venu comme ça, en me lançant. De fait, si vous avez lu jusqu’ici, acceptez toutes mes excuses pour ce temps perdu (mais pas trop j’espère). Pour me permettre de m’y retrouver, si vous avez lu jusqu’ici, merci d’écrire en commentaire le nom de votre personnage de dessin-animé préféré à l’heure actuelle. Moi ce serait Bob L’Éponge Carrée, par exemple.

Non, ce dont je voulais à la base vous parler, c’est de Phil Selway, le batteur.

Phil, c’est le membre le plus vieux membre de Radiohead.

Phil, c’est aussi un excellent batteur, carré au point d’en être métronomique. Il faut bien ça pour trouver la partie de batterie de Morning Bells, ou pour jouer celle de Airbag en live.

Phil, c’est également un mec sympa, qui dès que le groupe jouait au Japon, ne manquait pas une occasion de rendre visite à la poignée de membres de son fanclub dédié local, « Phil Is Great » (oui, ça fait PIG), où on lui servait ses plats préférés pour finir par une grande partie de bingo tous ensemble. Enfin, c’était le cas quand le fanclub existait toujours : créé parce que Phil était le seul membre du groupe à ne pas avoir SON fanclub dédié, il a été dissous face au risque d’offenser les autres membres (car ils seraient alors « not great », je suppose).

Phil, c’est un bon samaritain, littéralement : il a été volontaire dès 1987 pour une association oxonienne, The Samaritans, qui tiennent une ligne téléphone anonyme pour venir en aide aux personnes dépressives, voire suicidaires. Phil était plus d’un fois là pour répondre au téléphone à ceux qui avaient besoin de parler à quelqu’un.

Phil, enfin, a un tic. Enfin, disons plutôt une sorte de signature, vous savez, le genre de caractéristique que l’on retrouve ici ou là dans le travail d’un artiste, cet élément précis que celui-ci recrée, consciemment ou non, régulièrement ou non, mais présent si l’on y porte attention. Vu toutes les périodes aux travers desquelles les membres de Radiohead sont passés, toutes les variétés de sons et de rythmes, on peut logiquement à s’attendre, au bout de centaines de chansons, à trouver des signature ici ou là, subtiles mais présentes – tout à l’opposé de ces artistes qui prennent juste la musique d’un titre et la changent un minimum pour le refaire – Destiny’s Child et Nickelback, je vous regarde particulièrement.

Le tic, la signature, je la décris comme ceci : patapa patapa, patapoum patapoum, ou patapshi patapshi. En bref, deux séries identiques de trois coups, les deux premiers coups de chaque série étant sur la caisse claire (pata), le dernier de chaque série pouvant porter soit sur la caisse claire (pa), la grosse caisse (poum) ou la charley/une cymbale crash (pshi). Une série de trois, on appelle ça un triolet, pour info.

Ce tic de Phil, je l’ai découvert par hasard, sans vraiment y faire attention au début. C’était pendant le visionnage de la vidéo Meeting People Is Easy (MPIE pour les fans de base), où l’on voyait le groupe évoluer durant sa première tournée promotionnelle pour OK Computer, en 1997-98. Pendant la séquence « la tournée au Japon », on voit le groupe faire ses balances (apparemment, ou alors ils essayent de nouveaux titres sur la route) avec la chanson Follow Me Around, qui obtiendra rapidement un statut culte auprès des connoisseurs. Voici la vidéo de cette performance (début avec Thom seul à la guitare, suite de Thom seul coupé par des extraits typiques de MPIE, retour à la chanson quand les autres membres entrent en jeu, dont Phil bien sûr) :

Vous avez capté le tic de Phil ? Moi ça m’a sauté aux oreilles parce que je connais un peu les chansons des 3 premiers albums par coeur, mais bon, p’tet que vous aussi… Allez, je vous aide, voici les quelques secondes incriminantes :

La première fois que j’ai entendu cette chanson dans MPIE, j’ai aussitôt pensé à Planet Telex, première piste du 2e album The Bends, où on la retrouve sous cette forme :

Je n’ai plus repensé à ce patapoum patapoum depuis lors, jusqu’à l’arrivée d’In Rainbows, dont la 2e piste, Bodysnatchers, contient cette forme de la signature :

Du coup je me suis dit, « tiens, si j’écrivais un post parlant de ça, ça pourrait relancer mon blog. » Puis, « ah ouais, mais ‘faudrait que je vois si y’en a pas d’autres. » Dont acte :

Faithless the Wonder Boy (face-b de Pablo Honey, et 3e piste du fameux Itch EP) :

My Iron Lung (8e piste de The Bends) :

Palo Alto (face-b d’OK Computer, 7e piste du maxi How Am I Driving) :

Morning Bell (9e piste de Kid A) :

Et pour conclure, la fin de There There (9e piste de HTTT) :

Il y en a peut-être encore d’autres, allez savoir…

Voilà, je voulais juste parler de ça. Mais comme trop souvent, je me suis laissé emporter par le sujet. Tant pis, ça vous a fait de la lecture pour quelques temps. Et, oui, j’ai d’autres posts du même acabit sous le coude, qui attendent leurs heures, attendent, attendent…

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Jouer avec/sur Seesmic

Temps de lecture / Reading time : 7 minutes.

(Attention : article très lourd en vidéos qui se chargent d’un coup, désolé pour ceux qui ont un modem, le lecteur de vidéos de Seesmic est très mal foutu car il charge directement l’intégralité de la vidéo, ce qui vous oblige à télécharger dès l’arrivée plusieurs méga-octets sans forcément appuyer sur Play. Loic Le Meur, si tu m’entends…)

Contexte 1 : Comme vous le savez sans doute, je n’ai plus de groupe avec lequel jouer depuis un certain concert, et joue désormais de mon côté, plutôt pour améliorer ma technique de jeu grâce à des cours papier/vidéo, et aussi bien sûr pour ne pas perdre la main par manque de motivation collégiale.

Contexte 2 : Seesmic est une société de conversations vidéo, actuellement en phase de test semi-ouvert, avec plusieurs centaines de personnes déjà en train de parler par vidéos interposées. Ce n’est pas de la conversation en direct, comme on pourrait le faire lors de vidéo-conférence, mais un système de messagerie : j’enregistre mon message qui est ensuite placé dans le flux constant de messages vidéo enregistrés par les membres du site ; si mon message interpelle un autre membre au niveau du vécu, icelui/icelle peut y répondre par un nouveau message vidéo, et ainsi de suite. Les vidéos peuvent donc s’enchaîner rapidement tout du long de la journée – ou verra ainsi fréquemment des anglais souhaiter une bonne nuit à leurs contacts californiens…

J’ai obtenu le 3 janvier un code d’invitation à ce site via Stephanie, sans vraiment savoir ce que j’allais en faire… Rapidement m’est venu l’idée de m’en servir pour m’enregistrer à la guitare. L’idée fait son chemin pendant le week-end, et culmine avec l’idée de créer mes voeux de bonne année de la sorte. Mais il faut donc rester discret, je ne veux pas que ma demoiselle découvre en quelques secondes mon objectif final en me voyant enregistrer des reprises pour publication sur le Web…

La solution, donc : profiter qu’elle parte au taff une heure avant moi pour faire un enregistrer, chaque matin, une petite reprise avant de partir au boulot (et, accessoirement, après avoir fait la vaisselle). Le deal, donc :

– que ce soit la dernière chose faite avant de partir au boulot – inutile de perdre trop de temps
– limiter au maximum le nombre de prises – là encore, évitons les pertes de temps
– se foutre donc des éventuels « pains » (en langage musical, une erreur, une note mal joué, etc.)

Bref, faire du vite fait mal fait, afin de pouvoir, le jour de l’enregistrement des voeux (qui ne sont alors qu’une vague idée dans ma tête) pouvoir boucler ça rapidement et sans fioriture.

En route le lundi 7 janvier, avec un premier test pour voir comment marche Seesmic. J’y fais déjà preuve d’un talent certain pour la mise en scène :


« Chaussons »

Je kiffe mes chaussons.

Talent qui est vite repéré : l’un des membres du site, Scott, est apparemment malade dans son lit, et passe le temps avec Seesmic. Il me signifie son appréciation pour mon test :


« Re: Chaussons »
(update: Scott a quitté le site entretemps, ses vidéos ne sont plus disponibles, dommage. Sur celle-ci, il me donnait le pouce levé de César)

Sans savoir que j’ai reçu cette réponse, j’enchaîne avec un test avec la guitare – juste un petit riff rapide, adapté de la reprise de « Je N’en Connais Pas La Fin » par Jeff Buckley, que je foire royalement – souvenez-vous, on se contre-cogne des pains :


« Petit bout de guitare »

Ici encore, trop pressé que je suis, je ne vois pas les réponses de Scott : « You are a very melodic player » et surtout son cri dans la nuit (big up à Brigitte en passant), « Play more, PLAY MORE!« . De son côté, un autre membre, Gianni, publie également une réponse à ce rapide test, « I’d like to hear longer sessions« .

Toujours aussi peu au fait des réponses qui me sont faite, je répond sans le savoir aux attentes de Gianni avec un test pour voir si je peux enregistrer un titre complet. Ce sera une chanson de Supergrass que j’affectionne, « Mama & Papa » :


« Playing Supergrass’ « Mama & Papa » »

Ce test « grandeur nature » (même si je ne comptais pas utiliser Seesmic pour le produit final) me permet cependant de voir que le stress d’être vu et l’angoisse de foirer une note (et donc de devoir reprendre à zéro) joue dès que la touche Record est pressée : le coeur bat plus vite, les gestes sont moins assurés, je ressent le besoin d’avoir le texte sous les yeux – ce qui n’arrange pas la chose vu que du coup je lit tout en jouant, alors qu’en temps normal je me contente de faire du yahourt… Bref, j’arrive malgré tout au bout de la chanson.

Bien content que tous ces enregistrements se soient bien passés, je maltraite cette dernière chanson lors d’un second enregistrement rapide avant de prendre le chemin des écoliers. Après-coup, j’aurai dû éviter…

Scott reste cependant tout aussi enthousiaste (je le soupçonne d’être légèrement drogué par ses médocs) : un « I could see it was close to you » au bord des larmes, et la question qui tchue, « So… What can you tell me about your mummy and your daddy?« . Sounds creepy, mais le personnage est en fait sympathique, comme je le découvrirai quelques jours plus tard dans un épisode de Seesmix (compilation des vidéos du jour selon un thème), « A Tribute to discoScott« , épisode qui selon moi est extrêmement révélateur de l’intérêt humain de Seesmic.

Bref, le fait est que toutes ses réponses, je ne les découvre que plus tard dans la journée : en testant le moteur de recherche de Seesmic avec les titres de mes tests, je tombe sur ces réponses. Bien entendu Scott et Gianna n’ont pas reçu de réponse de ma part, mais pourquoi pas, c’est un manière d’aborder la chose : on ne voit pas mon visage, juste mes mains, ça reste dans l’esprit d’Ennui, mon blog anonyme – qu’il faut que je ravive d’ailleurs…

C’est bon pour l’égo tout ça, mine de rien. D’un petit test pour voir comment j’arrive à m’enregistrer de bout en bout, je reçois des avis sympathiques ! C’est donc partit, je ferai un « Morning Song » sur Seesmic pour les jours qui suivent. Les voici, avec les réponses là où cela m’a semblé pertinent…


The House of Love, « Loneliness is a Gun »

Une très belle chanson d’un groupe que m’a fait découvrir ma douce. Assez peu connue d’ailleurs vu que c’est une face B. Ca s’entend sans doute, je lis les paroles… Gianni me félicite : « Easily becoming my favorite… Well, one of my favorite musicians on Seesmic« .


Bob Telson, « Calling You » (Bagdad Café)

Déjà mise en avant sur ce blog, c’est typiquement le genre de chanson que j’aime bien apprendre, parce qu’elle consiste en plein d’accords un peu compliqués, tout en restant accessibles à mon niveau. Bon, cette fois je chante, c’est le jeu. Pardon.


dEUS, « Instant Street »

Premier hoquet dans ce projet avec « Instant Street » : la chanson est plus longue que la moyenne (je m’arrête cependant à 5 minutes, jouer en acoustique à ses limites), je lis les paroles en même temps, donc j’ai dû pour la première fois m’y reprendre, le premier essai se révélant trop plein d’erreurs abominables – même si je suis très tolérant là-dessus pendant ces tests.

Arrive vendredi, et je me dis que vais essayer un truc différent : sur Metafilter ils ont les Friday Flash Fun, alors moi je vais faire les Friday French Fun, où je reprend une chanson en français. Bon, je commence avec l’inénarrable « Les Champs-Elysées« , je ne met qu’un lien, ce n’est pas très intéressant – d’ailleurs je ne filme que ma main gauche. On enchaîne…


Blur, « You’re So Great »

Appréciez le séchoir sur la droite 🙂 Chanson de Blur/Graham Coxon que j’adore, et un autre membre du site m’en dira autant : « I’d really love you to play (…) ‘Freaking Out' », me demande Pivic. Omagawd, une demande de chanson, découvre-je lors de ma pause-déjeuner ! Quiconque m’a déjà observé en soirée avec ma guitare sait que j’adore jouer des reprises pour le plaisir de tous (pas pour rien que j’ai deux Diapason Rouge chez moi). C’est plus fort que moi, après avoir récupéré les accords, je lui réponds le lendemain matin :

Mon horrible accent parle pour lui-même… Pivic, de son côté, est content de moi : « That was amazing, marvelous! The first well-played tune by request that I’ve seen on Seesmic« . Je découvre sa réponse en arrivant au taff, ça a « fait mon matin », comme on dit chez les britons.

Avant cette réponse démontrant mon aisance avec la langue de la crème anglaise, j’avais cependant enregistré un morning song que j’aime également, « Morning Theft » :


Jeff Buckley, « Morning Theft ».

Ici encore, j’ai dû m’y reprendre deux fois avant d’arriver à un résultat satisfaisant. Chanson un peu longue, positions de doigts un peu chiantes… La version présente n’est vraiment pas exempte de défauts, mais je n’avais pas le temps de faire mieux si je voulais répondre au monsieur et ne pas arriver au taff à une heure Samyesque… Passe le jour, passe la nuit : nouvelle chanson :


The Smashing Pumpkins, « Tonight Tonighte (reprise) »

Version très épurée de la phénoménale chanson des SP. Ca me fait mal de m’entendre la flinguer comme ça, gnnn…

Viens vendredi. Pour le Friday French Fun, j’ai envie de jouer « Un jour » de FFF, tirée de leur meilleur album, mais je me rend compte que je suis infoutu de chanter en même temps que je joue l’arpège pourtant simple. Je m’enregistre donc en instrumental, pas le temps de trouver une autre chanson à jouer… Rien de passionnant donc, lien direct. Ca me saoule d’autant de ne pouvoir la chanter tout en jouant que je découvre dans l’après-midi qu’un autre y arrive a peu près… Tant pis.

Changement d’ambiance la semaine suivante : j’ai reçu un ukulélé à Noël (au cas où vous ne le sauriez pas), et la fin du mois approchant, je voulais boucler cette série de tests concluants en m’amusant un peu avec ce nouvel instrument – l’occasion d’apprendre quelques chansons, et donc accords. Vous êtes prêts ? Allez, c’est partit !


Eels, « I like birds »

Bon, trois accords, rien de très compliqué (qui remporte cependant son petit succès : « That was really nice« , « I like… that« , « That was actually really good« , « I really enjoyed that song« ), si on montait la barre un peu plus haut ?


Nancy Sinatra, « Bang Bang »

Ah, c’est déjà plus intéressant. Réactions : « That was much, much better than Nancy Sinatra did« , « That was beautiful, I love that song« . Bon, il ne me reste plus qu’à reprendre l’hymne des ukulélés partout dans le monde :


Israel Kamakawiwo’ole, « Somewhere Over The Rainbow / What a Wonderful World »

Y’a tout : long (5 minutes), je ne connais pas bien les accords donc je lis, je ne connais pas les paroles dont je lis une autre feuille. Moult pains, mais ça passe. Réaction : « Thank you for your performance, that was really lovely« . Phew.

Et voilà… La suite, comme ils disent, est de l’histoire : j’ai fini de rédiger mes voeux vers 2h du matin le 31 janvier, je les ai enregistré au matin, j’ai fait la compression et la mise en ligne à midi, tout ça pour arriver à l’article précédent.

Merci pour avoir supporté mon chant pendant ces quelques vidéos.

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Jamais trop tard pour bien faire

Temps de lecture / Reading time : 3 minutes.

Ahem…

*s’éclaircit la gorge*

« On est toujours au mois d’janvier,
J’ai donc encore un peu le temps
D’envoyer des voeux d’bonne année
Sans passer pour un fainéant.

Le plus dur n’est pas de s’y mettre
Mais de trouver une bonne idée :
Dépassée la mode des lettres,
Il faut savoir évoluer… »

La suite ici :


Jamais trop tard pour bien faire from Xavier B. on Vimeo.
Vidéo également disponible sur Dailymotion.

Ci-après, les paroles, car je dois bien avouer que je les ai terminées hier soir, donc que ce n’est pas du par-coeur – d’où le regard tourné vers la droite (ma gauche, où se trouve l’écran, donc le texte) tout le temps, les problèmes de prononciations, tout ça… Pas top, mais on fait comme on peut 🙂

Ah, et avec les accords, pour les intéressés 🙂

G
On est toujours au mois d’janvier,
D/F#?
J’ai donc encore un peu le temps
Em
D’envoyer des voeux d’bonne année
D
Sans passer pour un fainéant.

C
Le plus dur n’est pas de s’y mettre
G
Mais de trouver une bonne idée :
Am
Dépassée la mode des lettres,
B
Il faut savoir évoluer.

Donc bonne année !
Des voeux dans une jolie chanson,
Quelle bonne idée !
Moins d’chances de passer pour un con.

Avant j’passais des heures,
Ecrire un mail que personn’lit.
Fini d’faire cette erreur :
Une webcam et c’est partit !

A toi ma belle, meilleure moitiée,
« First and not least » – c’est d’circonstance -,
Je te dédicace un couplet
Te dire combien j’ai de la chance

De t’avoir rencontré naguère,
Et que tu me supportes encore.
Sans vouloir être trop vulgaire,
J’aime autant ton esprit qu’ton corps !

Youpi l’année !
Tu es maint’nant sur la bonne pente :
Celle des lauriers,
Tu ne seras plus remplaçante.

Je serais là, mon coeur,
Pour te soutenir jusqu’au bout,
Si jamais tu prends peur,
Tu peux compter sur ton Pouyou !

Toi qui fais partie d’ma famille,
Y’a un mariage à l’horizon.
Donner un nom à un pupille
(c’est important, c’est un garçon).

On va pouvoir se retrouver
Tous ensemble – moi j’en hâte -,
Parler, danser, rire et chanter,
S’en j’ter un derrière la cravate !

Une bonne année
A vous parents, frangins, cousins
Et vos moitié(e)s,
Mêm’les enfants (chuis pas radin) !

A toute ma famille
Eparpillée au grès du vent,
Recevez ces jonquilles –
Euh, virtuelle, en attendant.

G
A vous mes potes, mes vieux amis,
On devrait se voir plus souvent ;
A7
Depuis que Pierrot est partit,
C’est dur de s’trouver un divan.

C
Je suis l’premier à oublier,
B
De passer des coups d’fil, pourtant
Em D
Croyez-moi, z’êtes dans mes pensées,
G
Il ne me manque que le temps.

Mais bonne année !
‘faut qu’on se fasse un p’tit gueuleton
Décontracté,
Avant la prochaine saison.

Se raconter nos vies,
Nos projets ou nos amertumes,
Descendre une eau-de-vie
Sans s’endormir sur le bitume.

On est (ou a été) confrères,
Votre influence sur mes journées,
M’a fait oublié les horaires
Un instant, le temps d’rigoler.

Dans l’temps y’avait une série
Une peu débile sur le train-train,
Ca s’appellait « Vivement lundi »,
Grâce à vous, j’comprends leur entrain.

Glop glop l’année !
Que je vous souhaite « de réussite »
Une apogée,
du succès et puis quelques cuites.

Partager un bureau
Crée des liens, c’est évident.
J’vous les souhaite amicaux,
L’inverse, ce serait trop chiant.

Blogs, IRC, forums et autres,
J’ai croisé bien des gens en ligne.
J’écris des textes, je lis vôtres,
Et on se retrouve à la ligne.

Certains j’en suis sûr ne croient pas
Qu’on puisse écouter en lisant,
Mais nous savons tous, n’est-ce pas ?,
Que ça va mieux en l’écrivant.

Ah quelle année !
Elle verra naître bien des écrits
Décomplexés –
Surtout si c’est écrit en p’tit.

Vous êtes de ce Web
Le coeur qui bât, mes chers ténors,
N’écoutez pas la plèbe
Qui donne le blogue pour mort !

Amour, famille, amis, collègues :
C’est vous qui fait’ ma bonne année !
Des voeux chantés par un mec bègue :
La vôt’ commenc’ pas mal, avouez !

Si ces voeux vous ont fait sourire,
Alors c’est mission accomplie.
Gardez cela en lign’ de mire :
Le rire efface vos ennuis.

Youhou l’année !
Première année, même, pour Joseph !
Qu’elle soit chanmée,
Et qu’elle vous apporte bézef!

Levez-vous du bon pied,
Dites bonjour à vos voisins,
Et d’ici l’mois d’janvier
Vous vous s’rez fait quelques copains !

En fin de compte une chanson
Ca prend nettement plus de temps
A préparer qu’un mail bidon
Surtout pour l’enregistrement.

L’année prochaine, c’est décidé,
Je ne joue pas au baryton,
Surtout si c’est pour m’retrouver
Dans l’best-of de Rires et Chansons.

Et bonne année !
Ca y’est, c’est bon, j’en ai fini !
Ca va couper,
De toute façon j’ai plus d’batterie.

Je vous remercie bien
D’avoir regardé jusqu’ici,
Rendez-vous l’an prochain
Pour je ne sais quelle ineptie !

Donc bonne année.

A vot’ bon coeur…