(Billet en cours de rédaction, n’hésite pas à revenir. M-à-j n°5)
18h20 : je suis encore au boulot, mais il faut vraiment que j’y aille, idéalement je devrais être sur place avant 19h, en partant de Suresnes maintenant j’ai peut-être une chance de donner l’impression de ne pas mettre les pieds sous les tables, alors que les membres de mon groupe et de l’autre groupe sont en train de mettre en place le matériel. Je signale que je dois y aller, je file vers la gare. À peine arrivé à icelle, je sors mon portable pour regarder l’heure : 2 appels en absence, répondeur avec messages.
En substance, le chanteur et le guitariste m’informent que le concert annulé, suite à l’arrivée de la maréchaussée et de leur refus de nous laisser nous installer là sans un papier dûment validé par le commissariat de l’arrondissement, la préfecture du département, le conseil général de la région et la Présidence de la République. Pourtant déjà en retard, j’en rate mon train, ce qui de toute façon ne fait plus grande différence.
– « Bon, on a un plan B ? »
– « Ben, y’a Nam qui est chez lui là, il cherche sur Internet s’il y a moyen de se mettre ailleurs. Mais a priori le décret du Prefet est valable sur tout Paris, donc… »
Je songe à rentrer chez moi, mais ma meilleure moitié me pousse à ne pas baisser les bras : je me mets en route pour Paris, ma basse en bandoulière et mon sac à dos rempli de câbles et effets.
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Je sors de la ligne 14 à Chatelet. Foule bigarrée dans les Halles, beaucoup de goths/emo et de b-boyz. Je longe le quai en direction de l’Ile St Louis, notre désormais ex-lieu de concert. Avisant deux agents de la circulation qui devisent gaiement en bordure de la place du Chatelet, tandis que celle-ci est remplie de jeunes qui en attendent d’autres, ou s’installent avec une guitare. Je pense à ceux qui ne manqueront de venir s’installer avec une guitare folk là où on avait prévu moult matériel, et aborde les deux agents.
– « Bonsoir », je leur montre ma basse, « je suis censé rejoindre mon groupe, mais on nous a demandé de ne pas installer notre matériel. Pouvez-vous me dire depuis quand on ne peut plus s’installer dans Paris le 21 juin pour jouer de la musique ? »
– « Ah mais non, nous on ne nous a rien dit là-dessus. Le 21 juin c’est la fête de la musique, tout le monde s’installe où il veut. »
– « Pourtant on avait installé notre matériel sur l’Ile St Louis, et… »
– « Ah, pour l’Ile St Louis c’est peut-être particulier »
– « Ce serait le commissariat du 4e qui aurait y interdit les concerts ? »
– « C’est possible. »
– « On m’a dit qu’apparemment il y avait un décret préfectoral pour limiter les installations… »
– « C’est possible, je ne suis pas au courant, mais c’est possible. »
– « Bon, merci. »
– « Bonne soirée à vous. »
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J’arrive au bar face au pont Saint Louis, accompagné de Nam, le chanteur, que j’ai croisé sur le chemin. On retrouve Vince et Ludo (guitare et batterie), et des amis de Vince apparemment, donc un qui nous raconte son concert du midi avec les autres groupes de CE de Thales. Ca doit être bien d’avoir une boîte assez grosse pour avoir un CE intéressant. Quand je vois ce que recèlent les sous-sols de celui de Dassault Aviation, ça fait rêver…
La conversation tourne évidemment autour de la frustration et de l’énervement (« nik la polise », me dira ma chère et tendre). « Ca appelle une nouvelle compo, ça ». « Mais grave « , dis-je, « on devrait se mettre au hiphop pour l’occasion, genre ‘On s’était mis sur le quai, on voulait simplement jouer…' ».
Déception aussi de voir que le groupe qui partageait la scène avec nous, et qui s’était largement plus investi que nous (ils ont loué le Jumper, acheté des bâches de chantiers et des câbles de rallonge, acheté un jerrican d’essence, l’ont rempli…), ont pourtant déguerpi au premier problème venu (déjà que leur flyer pour l’occasion indiquait « En concert (sous réserve de temps sec) »). Rock’n’roll… not.
En effet, de ce que j’apprends (donc, les infos que je vous donne ne sont pas de première main), ils étaient arrivés sur place avec le jumper et avaient débarqué et installé tout le matériel avec l’aide de Vince et Ludo (et matériel il y avait, assez pour justifier un Citroën Jumper plutôt qu’un Jumpy), et avaient même commencé à faire les balances des instruments. Par le son attiré, les gendarmes du coin leur tint à peu près ce langage : « Il y a un nouveau commissaire dans le quartier, il veut faire sa marque, donc pas de concert sans autorisation ». Puis, apparemment, le commissaire en question est arrivé, et ça se serait changé en décret préfectoral. Qui dit « préfectoral » dit « on ne pourra jouer nulle part dans Paris », logiquement. « Veuillez quitter les lieux ». « OK, on range tout ». Et de rester pour vérifier qu’ils remettent bien tout le matos dans le camion. Et de partir. Et de s’envoler toute idée d’un possible plan B.
Finalement, ce plan B se sera transformé en plan bière. Je pars commander quatre demis de Leffe au patron.
Discours d’anciens combattants de la part de mes camarades de défaite. « Ca fait 10 ans que les groupes du CE Dassault jouent à cet endroit, y’a jamais eu besoin d’autorisation, ça date de cette année ». « Regarde, les années passées y’avait plein de groupes partout sur la rue, là y’a personne », et en effet, à part 5 musiciens brésiliens (enfin, des joueurs de bérimbau en tout cas) sur le pont St Louis (accompagnés de deux échasseurs habillés façon Louis XIV et cherchant les photographes), les animations sur l’île sont quasi nulles – juste une sono un peu plus forte que d’habitudes dans l’autre brasserie de la rue.
Passent Neuro et sa moitié. Celui-ci avait eu la gentillesse de parler du concert sur son blog, lu par tout bon catholique amateur de hentai. Ils ont fait le tour de l’île avant de nous trouver au bar – je n’avais pas vraiment eu le temps de prévenir qui que ce soit de l’annulation sine die du concert. Il range son appareil photo, conspue avec moi le Système (il est même question de Point Eolas), et ils repartent en quête de distraction.
Je rejoins les boys. Une légère bruine et un fort vent nous font nous séparer. Avec Nam, je vais voir ce à quoi ressemblait le lieu du concert, « pour voir ».
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La page dédiée du site de la Prefecture de Police de Paris (capture d’écran) nous informe (je grasse) :
« La fête de la musique repose, par principe, sur la spontanéité des animations. »
C’est la première ligne de la page (en dehors du titre). Mais, comme chacun sait, « What the big print giveth, the small print taketh away ». Et donc de suivre les quelques règles qui s’appliquent à ce soir-là, et un lien vers un gentil PDF (copie locale) à remplir complètement, et à envoyer avant le 22 mai, cachet de la Poste faisant foi. Avouez qu’on a connu mieux côté spontanéité.
La page étant hébergée sur le site du Ministère de l’Intérieur, on frise le point Eolas.
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(à suivre)