Je me suis mis à la musique assez tard, rétrospectivement. Je n’ai commencé à m’y intéresser qu’à l’arrivée du câble sur la télévision familiale, et avec elle MTV (à l’époque où Ray Cokes y sévissait encore). Certains clips m’ont donné envie d’acheter mes premiers albums, et je ne me suis décidé à sauter le pas qu’une fois après avoir récupéré un mini-boombox qui faisait lecteur CD, que j’ai calé devant mon lit. On s’en fout.
Mon premier album acheté a dû être « Jagged Little Pill » d’Alanis Morissette – et par acheté, j’entends « commandé au Club Dial ». Ahem. J’ai dû donc me mettre à la « vraie » musique vers 1995 – soit vers mes 18 ans. Re-ahem.
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Enfin, quand ci-dessus je parle de musique, je parle de celle que l’on trouve en CD dans les magasins plus ou moins spécialisés, avec une production, un label, un système de distribution, un classement télévisuel animé par Marc Toesca, et la possibilité de payer pour écouter cette musique dans mon lecteur de K7.
Parce que même sans toute toutes ces fioritures superflues mais considérées comme essentielles par les musiciens qui veulent réussir, de musique elle-même, j’en ai quasiment toujours eu dans les oreilles, grâce à mon Amiga 500 (puis 1200) et au merveilleux monde de la scène démo. Là où certains mettaient une cassette audio pendant qu’ils bossaient leurs maths, moi je mettais un jeu ou une démo pour écouter leur musique… Aaaah, l’intro de Turrican II, le musicdisk Jesterday par Sanity, l’intro d’Epic, la démo Enigma par Phenomena… Good times… *larme à l’oeil*
Certains pourront dire que ce n’est pas là de la « vraie musique », mais pour moi c’est surtout pour simplifier la différence d’avec la musique de jeux vidéos ou de démos… Quelle que soit la provenance, c’est de la musique, tout simplement : que ce soit du Mozart, du Britney ou du chiptune de C64, ça reste un morceau sur lequel quelqu’un a posé sa créativité. L’outil ne change rien : si on doit dire que la musique faite par ordinateur n’est pas de la « vraie musique », alors à partir de quel outil commence la fausse musique ? La guitare électrique (1930) ? Les ondes Martenot (1928) ? Le Vocoder (1930) ? Le Mellotron (1960) ? La platine vinyle (1946) ? Le magnétophone (1935) ? Conneries. Même générée par des algorithmes, pour moi la musique est, point barre.
Je prendrai sans doute un jour le temps d’écrire un truc sur mon expérience de la démoscène (car ça n’intéresse personne, donc IL FAUT que j’écrive là-dessus), mais il suffit de dire que la musique que j’aimais pendant mes tendres années, était faite et jouée sur ordinateur, par des milliers de compositeurs inconnus, pour la plupart amateurs et bénévoles, avec l’espoir de se faire embaucher dans une boite de jeux vidéos.
Loin des Hendrix et autres Clapton, mes stars de l’époque portaient des noms qui font rêver et voyager, comme Walkman, Jester, Moby (non, pas celui-là, l’autre), Groo, Dizzy (non, pas Gilespie, un autre), Chris Hülsbeck ou Jogeir Liljedahl (dont je peux encore écrire le nom sans réfléchir). Les tubes qui tournaient en boucle sur mon Amiga (ou dont je sifflais la mélodie en me rendant à l’école) avaient pour titres « Klisje Paa Klisje », « More Than Music », « Face Another Day », « Coltris », « Oolah », « Wizardry »…
Walkman : Klisje Paa Klisje (qui signifie « pas à pas ») – 13 min 21 s
Du soft-rock à base de piano.
Moby : More Than Music – 21 min 59 s
Toutes les facettes du rock ! (attention, ce n’est pas « le » Moby)
Jogeir Liljedahl : Face Another Day (qui a eu droit à sa propre démo) – 22 min 11 s
Ambiance synthé new-age pour ce long titre.
Jester : Wizardry (l’un des titres du musicdisk Jesterday par Sanity) – 5 min 21 s
Jester était plutôt habitué à la musique boum-boum, là c’est plus, euh, péruvien 🙂
Dizzy : Coltris – 4 min 59 s
Quand un jazzman se lance dans la composition sur ordinateur, ça donne quelque chose de très original.
Groo : Oolah (tirée de la démo Stars) – 6 min 20 s
Grosse ambiance sombre et basse slappée.
(notez que c’est le seul titre de ma sélection à utiliser plus de 4 voix – en l’occurrence, 16)
(pour les connaisseurs : non, je n’ai pas mis Heatbeat, je n’ai jamais vraiment trop accroché avec ses modules…)
Je vous assure, j’ai dû rendre mes parents fou à forcer d’écouter cette « musique électronique » pendant des heures — sans compter celles passées à simplement regarder les notes et leurs effets défiler devant mes yeux, juste pour voir à quel point certains pouvaient exploiter 4 voix — et contourner les limites du format…
A écouter des musiques instrumentales longues de plus de 5 minutes, avec moult sous-parties, pas étonnant qu’aujourd’hui je suis un tel aficionado du post-rock…
Et d’ailleurs, j’écoutais même sans le savoir du Hendrix et du Clapton. Je veux dire, il m’a bien fallu une dizaine d’années avant de savoir que Hideaway Blues et Killing Floor étaient de vraies chansons, rendues populaires par Stevie Ray Vaughan ou Jimi Hendrix — pas seulement de putain de bons modules !
Chorus & Sid : Hideaway – 2 min 11 s
Chorus & Sid : Killing Floor
Stevie Ray Vaughan and Double Trouble : Hide Away
Jimi Hendrix : Killing Floor
J’avais par contre plus de doute pour les titres les plus rock de HitHansen, mais sans chercher à trouver l’origine. Ici encore, il m’a fallu plusieurs années, et même la puissance de l’Interweb, pour découvrir l’infâme vérité…
Mais revenons aux faits. Les premiers modules tenaient dans un fichier de moins de 100 Ko, préfixé de l’extension « mod. », comme « mod.kisjepaaklisje ». Ce préfixe (aujourd’hui devenu une extension normale .mod), c’est la marque du format MOD, qui décrit un module. Un module, c’est un fichier créé à l’aide d’un soundtracker. Faire de la musique avec un soundtracker, c’est ce dont j’ai envie de parler ce soir…
Pourquoi ? Simple : je suis dans une phase nostalgique ; il y a une grosse semaine, je me suis pris d’envie de me réécouter quelques bon vieux modules. J’ai téléchargé le tracker OpenMPT (port open-source de ModPlug Tracker), et une poignée de fichiers : MOD.klisje paa klisje.lng (Walkman), drink_my_pain_away.mod (Moby), more_than_music-1.mod et more_than_music-2.mod (Moby encore), my_bass_is_crying.mod (Moby toujours), et enfin MOD.Face Another Day (Jogeir). Puis je ressortit mon exemplaire de Mods Anthology Volume 1…
Good times. Je me devais de vous en parler, ne serait-ce que pour montrer que cet art est LOIN d’être oublié, ou même mineur…
Et vu que j’ai déjà commencé à m’étaler sur plus de 1000 mots, je vais couper ici et publierai la 2e partie quand elle sera finie. Je pense que j’aurai fait le tour du sujet au bout de 5 parties. A voir…
Exemples
En attendant cette seconde partie, quelques autres de mes morceaux préférés, qui remplissaient ma chambre de sons merveilleux longtemps avant que je ne songe à acheter un CD…
A tout seigneur tout honneur, quelques modules de Karsten Obarski, créateur du format : Amegas, Bluesong et Pretend (passer d’un .mod à 44 Ko à un mp3 de 1,50 Mo, ça fait mal 🙂 )
Amegas – 4 min 21 s
Probablement l’un des premiers modules créés sur Soundtracker.
Bluesong – 3 min 58 s
Plus calme, et boucle parfaitement bien.
Pretend – 48 secondes
Petit morceaux sans prétention, mais avec une jolie mélodie.
4-mat : L-F-F – 2 min 43 s.
Un bon exemple de chiptune, que l’on retrouve dans de nombreuses cracktros. J’adoooore ce morceau, les instruments sont très blip-blip mais la mélodie est top.
Chrylian : Sonate to Her – 6 min 24 s
Pour moi un morceau aussi bon que Kisje Paa Klisje, dont je parlais avant. Piano, multiples parties, nombreuses ambiances — et par un français cette fois 🙂
Moby : Drink my Pain Away, Elekfunk! et Livin’ Insanity (tirées de « Arte » par Sanity), et Raging Fire.
(non, c’est un autre Moby que celui connu de toutes et tous)
Drink My Pain Away – 4 min 29 s
Clairement un soir où ce bassiste était triste…
Elekfunk! – 3 min 21 s
Preuve que l’on peut faire groover avec des samples !
Livin’ Insanity – 3 min 06 s
Deuxème exemple de guitare samplée bien utilisée.
Raging Fire – 1 min 04 s
Court mais efficace !
Audiomonster : Alcoholic Score et Melonmania (main tune et outro tune de la démo « S.O.S. » de Melon Dezign)
Alcoholic Score – 4 min 50
Un autre champion du groove en module !
Melonmania – 2 min 46 s
Ambiance plus feutrée et guitare au lointain.
Romeo Knight : Boesendorfer PSS – 3 min 17
Final de la démo « Wicked Sensation » de TRSI.
Du piano de bout en bout, à je ne sais combien de mains 🙂
Walkman : TJA – 9 min 35
Enfin, retour à l’auteur de Klisje Paa Klisje, pour un autre trip, plus dark.
Rendez-vous dans un prochain article, pour partir aux origines du soundtracking et des machines qui font du bruit ! 🙂
Je suis en train de terminer difficilement la tome 4 du Cycle d’Ender d’Orson Scott Card, intitulé « Les Enfants de l’Esprit« . Difficilement, car ce cycle, qui a démarré avec un premier tome formidable et un 2e également de haute volée, s’est ensuite perdu dans deux tomes franchement laborieux et lourds. Je vais le finir, car « il faut que je sache », mais ne comptez pas sur moi pour les tomes suivants.
M’enfin bref, l’idée n’est pas de parler de l’œuvre de Card, mais des dernières pages lues ce week-end, qui font un écho intéressant à l’actualité récente (et ministèrement finale) de Christine Albanel, à savoir le projet de loi Hadopi.
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Contexte Hadopi :
La Fnac va mal : elle n’arrive plus à vendre ses CDs et DVDs malgré la hausse des prix. Donc son ancien PDG s’est dit qu’il allait jouer à la politique, et a fait proposer par le ministère de la Culture la mise en place d’une loi qui puni les internautes qui téléchargent illégalement — par contre, rien pour ne pas punir les honnestes gens de l’intro la plus casse-couilles de la Terre (c’est Prodigy qui doit être content. Ou pas).
Parmi les mesures de cette loi dite « Création et Internet« , il y a le fait d’imposer aux internautes pris en flagrants délit, l’installation sur leur ordinateur d’un logiciel-mouchard qui renverra des informations au serveurs d’on ne sait pas trop qui, indiquant que les données qu’il télécharge sont désormais surveillées.
« La nature des « moyens de sécurisation » – qui sont censés exonérer les titulaires d’un accès à Internet de la responsabilité démesurée qu’on veut leur faire porter – est désormais claire : il s’agit de dispositifs visant à faire obstacle à certains usages et certains protocoles, et qui font en outre un renvoi d’information à un serveur distant pour vérifier s’ils sont activés. En clair : des mouchards filtrants. »
Ce serait non seulement payant (il faut acheter le logiciel qui vous vole votre vie privée), mais ce serait aussi non-interopérable (ça ne marche que sur Windows (et OS X ?), donc « les utilisateurs de systèmes libres se retrouveront dans une insécurité juridique discriminatoire intolérable »).
Tu préfères Linux ou n’importe quel système libre ? Tu ne peux pas prouver que tu n’es pas un pirate…
Le truc drôle, c’est que ce mouchard est semble-t-il contournable assez simplement…
« Donc voici ce que je ferais si j’avais l’habitude de télécharger : je vais installer un de ces mouchards payants sur mon ordinateur de bureau, depuis lequel je ne télécharge pas. Il sera garant du fait que je ne télécharge pas. Et puis je vais continuer à télécharger comme un sourd depuis l’autre machine, celle qui est connectée à mon écran de télévision.
Je serais donc coupable, mais avec la preuve de mon innocence. Elle est pas belle, la loi ?
On me souffle dans l’oreillette qu’un 2eme PC, ça coute cher. Qu’à cela ne tienne, j’encourage les fauchés à investir dans une Fonera 2 avec un disque externe. Et hop ! »
Hadopi a été rejetée pour le moment, mais sûrement revenir en force, et il ne semble pas y avoir abandon de l’idée de mouchard…
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Contexte Cycle d’Ender :
Bon, le contexte va être un peu plus long à mettre en place… 4 livres à résumer, donc merci ours avec moi…
Grâce aux avancées technologiques, les humains ont pu se disséminer dans la galaxie, et une centaines de communautés se sont formées sur autant de planète, tout en étant régies par un pouvoir central, le Congrès. Si le voyage dans l’espace reste très lent, la communication est instantanée grâce à une technologie extra-terrestre, les ansibles.
L’une d’entre ces colonies, Lusitania, se rebelle afin de protéger une race intelligente indigène, et le Congrès envoie une force tactique afin afin de détruire la planète plutôt que de voir le virus fatal qui la caractèrise se propager sur d’autres systèmes.
La colonie est alors coupée de l’ansible grâce à Jane, une entité sentiente qui s’est développée depuis des milliers d’années dans le réseau de milliards d’ordinateurs reliés par ansible. Le Congrès comprend rapidement que seule l’existence d’une telle entité dans l’ansible même peut expliquer la soudaine disparition de Lusitania des réseaux de communication, et il est décidé de couper les ansibles plutôt que de se reposer sur un réseau occupé par une entité ennemie.
Une poignée de système a compris l’intérêt de Jane, et fait son possible pour maintenir en place un réseau d’ordinateur limité mais suffisant pour lui permettre de survivre, le temps qu’une meilleure solution se présente. Pendant ce temps, le Congrès autorisé la rouverture des ansibles sur tous les ordinateurs, sous certaines conditions, comme d’installer un logiciel qui bloque l’éventuel retour de Jane…
Citation :
« — Bien sûr, aucun de ces ordinateurs n’est officiellement connecté à quelque réseau que ce soit. (…) Nous suivons le règlement à la lettre, et obéissons comme les citoyens respectables que nous sommes ! Ici, par contre, je crains qu’il n’y ait eu quelques négligences. Par exemple, il semble y avoir un contact intermittent avec l’ansible de l’université. Chaque fois que l’ansible doit passer des messages vers d’autres systèmes, il est déconnecté des autres ordinateurs à l’exception du système officiel de protection par délai. Mais lorsque l’ansible est connecté à une série de destination peu communes (…), il est potentiellement relié à tous les ansibles des Cent Planètes – alors, parfois, une vieille connexion se reforme et l’ansible a accès à tout ceci.
(…)
— Et il y a encore une chose très étrange (…). Un des nouveaux ordinateurs a été installé ici, mais il a subi quelques modifications. Il ne semble pas répondre correctement au programme central. Il oublie de lui signaler qu’une connexion hyper rapide en temps réel a lieu à l’intérieur de ce réseau vétuste et officieux. Dommage, parce que cela enclenche évidemment une connexion complètement illégale entre ce vieux système relié au réseau ansible et le nouveau à l’épreuve de la déesse. Ainsi de s demandes d’information peuvent être passées, et elles paraîtront légales à n’importe quel logiciel de contrôle, puisqu’elles proviennent de ce nouvel ordinateur parfaitement légal mais curieusement imparfait.
(…)
Le message du Congrès leur signala que leur système était en règle et parfaitement sécurisé. Les bidouillages informatiques n’avaient pas été détectés. »
Les écrivains de science-fiction sont contre Hadopi pour une bonne raison : ils n’imaginent que trop bien les implications sociales que peuvent avoir les barrières technologiques, et leurs dérives…
Christine Albanel se félicite que le principe d’un dispositif pédagogique de prévention du piratage ait été validé par le Conseil constitutionnel.
Christine Albanel se rattache à ce qu’elle peut pour donner l’impression qu’elle n’a pas essuyé un violent camouflet de la part du Conseil constitutionnel, en majeure partie dû à son ignorance patente et éhontée de la Constitution française.
Il s’agit d’une avancée capitale dans la lutte qu’elle entend continuer à mener contre le pillage des droits des créateurs et en faveur d’un Internet civilisé.
Elle aimerait bien quand même garder son poste de ministre, s’il vous plaît.
La ministre regrette de ne pouvoir, comme le Gouvernement et le Parlement l’avaient souhaité, aller jusqu’au bout de la logique de « dépénalisation » du comportement des internautes, en confiant à une autorité non judiciaire toutes les étapes – y compris le prononcé de la sanction – du processus.
La ministre se demande vraiment pourquoi on ne pourrait pas confier la justice de ce pays à des autorités non judiciaires. A Universal, par exemple.
C’est quand même un comble de ne pas pouvoir faire de dépénalisation quand on est ministre de la Culture…
Elle prend acte sur ce point du choix du Conseil constitutionnel et proposera au Président de la République et au Premier ministre de compléter rapidement la loi Création et Internet pour confier au juge le dernier stade de la« réponse graduée ».
A l’instar du Traité de Rome Lisbonne — ratifié par le Conseil constitutionnel, ce en dépit du « Non » des Français au Projet de Constitution européenne et à l’incompatibilité du-dit Traité avec la Constitution français (obligeant donc à une modification d’icelle) — la ministre espère bien pouvoir faire accepter une version légèrement remaniée (mais fondamentalement identique) de son texte, en la faisant directement valider par le Président de la République.
En passant, elle lui glissera un petit mot selon lequel le Conseil constitutionnel fait de toute évidence partie des reliques du Gaullisme, et qu’il serait temps qu’il l’impose, sa VIe République. Genre avec une constitution moins contraignante pour ceux qui ne l’ont pas lue.
Parallèlement la mise en place de la Haute Autorité instituée par la loi, exclusivement chargée du volet préventif de la lutte contre le piratage, se fera selon le calendrier prévu et les premiers messages d’avertissement seront adressés dès l’automne aux abonnés à Internet.
PH34R quand même !
Avec la promulgation de la loi Création et Internet, ce sont plusieurs dispositifs très importants d’encouragement au développement de l’offre légale de contenus culturels, bénéfiques au public aussi bien qu’aux créateurs, qui vont entrer en vigueur : mise à disposition plus rapide des films en DVD et en vidéo à la demande (4 mois après leur sortie en salles), statut innovant pour les éditeurs de services en ligne, régime incitatif pour le droit d’auteur des journalistes.
I am high as a kite.
Christine Albanel tient à remercier l’ensemble des créateurs, des salariés, des entreprises et des organisations représentatives de l’audiovisuel, du cinéma, de la musique et de l’Internet, en France et dans le monde entier, du soutien qu’ils lui ont constamment manifesté dans la conduite de ce projet.
C’est-à-dire, tous ceux listés (volontairement ou non) dans la pétition de la Sacem ; Sacem à laquelle la ministre adresse un remerciement tout particulier : réussir en quelques jours à trouver 10 000 noms pour leur pétition, dont un bon nombre de non-artistes, c’est du beau boulot. En matière d’efficacité, on n’avait pas vu ça depuis les faux électeurs de Jean Tiberi.
D’aucun parmi vous dirait que je me fais plutôt rare ces derniers temps sur mon blog. Je l’avoue : je me suis dévoué à d’autres aspects de ma vie que mon antre cybernétique – mais ce n’est pas pour autant que je le renie, ou le monde des blogs en général, bien au contraire. Juste : ‘mieux à faire.
Sauf que là, j’ai envie d’écrire un truc. Le week-end a été pluvieux, je n’ai pas sommeil et 3 heures à tuer, et j’ai envie de m’amuser un peu avec les erreurs flagrantes d’autrui…
Je préviens par avance : quand je prends mon air méchant, c’est le plus souvent pour un truc qui m’amuse plus qu’il ne m’énerve. Mais parfois, juste pour le fnu, je tape (sur mon clavier) – comme je l’avais fait une fois en parlant de la vacuité du Grand Journal de Canal+.
C’est le cas ici…
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Je suis donc un peu absent de la « blogosphère, » mais je me suis malgré tout fendu cette semaine d’un peu d’écriture en ligne. Oh, ça ne parlera pas à grand monde dans mon entourage de La Vraie Vie™ : ça concernait WordPress, le logiciel qui fait tourner ce site, et quelques millions d’autres, et que j’aide modestement en le traduisant en français.
J’ai réuni plusieurs sources, ai tiré une conclusion qui me semblait valable, et ai pris le temps de la présenter à quelques spécialistes, sur une mailing-liste dédiée au sujet. Ma démonstration n’a pas été réduite en pièces par lesdits spécialistes, et j’en fus ma foi fort aise.
D’autres informations assez cruciales concernant WordPress sont ensuite passées sous mes yeux, et je me suis dit que cela pouvait justifier un article dédié sur le blog francophone dédié au sujet. N’étant pas mécontent de ma démonstration des jours précédents, j’ai décidé dans un élan d’impétuosité d’ajouter celle-ci en fin d’article, histoire de lui donner une plus grande visibilité.
Ceci fait, dans un curieux mélange d’embarras face à cette mise en avant personnelle fort peu digne du gentilhomme que je crois être, et d’orgueil gêné, j’appuyais sur le bouton Publier, puis allais me coucher (il était minuit passé, oula !). Mon texte, une fois de plus, a été accueillie avec magnanimité, et je pu souper le soir l’esprit apaisé face à la patiente compréhension des lecteurs, quiet dans la croyance que j’ai participé à améliorer le quotidien de la blogosphère en lui fournissant un contenu original et argumenté – deux qualificatifs qui ne sont que trop rares en ces temps de disette intellectuelle…
Sleep well, people, for the world is a safer place thanks to your selfless heroes…
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(attention, c’est ici que je commence à faire style je suis en colère et tout)
Et putain de bordel de merde je découvre à l’instant qu’un quelconque tâcheron sortit d’on ne sais où, a écrit un article reprenant point par point le mien, annonces publiques et recherche personnelle incluses.
J’insiste sur le « point par point » : j’aurai pu dire « mot à mot », mais le gredin n’est pas débutant, il a soigneusement tout fait pour qu’on ne l’accuse pas de repompage éhonté. Il a changé l’image, a réorganisé le texte, et a tout réécrit, mais il n’en reste pas moins que rien dans son article n’est tiré d’une réflexion originale, mais au contraire est repris en droite ligne du mien article. Morte-couille !
Pour tout salaire, le rustre m’octroie un lien vers mon article, sous le texte « Via » – manière de se dédouaner une fois encore de ne pas donner crédit à l’auteur originel, sans pour autant rendre explicite le triste plagiat. Le pasticheur, par ce lien sciemment imprécis, double ses torts d’un affront.
Fi !
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Je suis de ceux qui défendent les droits de l’auteur – j’ai même fait mon possible, dans mon introduction du Campus WordPress, pour obtenir l’autorisation de l’avocat-blogueur Maître Eolas afin de reprendre les grandes lignes de son article essentiel, Blogueurs et Responsabilité Reloaded. Sans son accord exprès, je n’aurai jamais publié le texte que j’avais écrit en m’inspirant du sien.
D’autant que mon introduction comportait également un passage clair sur le point qui nous anime ici, dans la section « Qu’est-ce qu’un bon blog » (page 3 de ce court extrait de l’intro, au format PDF), et que je vais me faire un plaisir de reprendre in-extenso sans autorisation de l’auteur (car c’est moi, l’auteur, oh) :
Il respecte le contenu d’autrui. Un blog doit faire preuve d’une certaine originalité pour sortir du lot. Certains blogs se sont fait une spécialité de reprendre mot pour mot les contenus d’autres sites (images, vidéos, parfois même textes) afin de surfer sur l’éphémère vague de « buzz » que ce contenu peut générer, et profiter des possibles requêtes Google sur le sujet – et, donc, espérer des clics sur leurs bannières publicitaires.
Si ces blogs sont certes populaires (dans le sens le moins noble du terme), cela ne présage pas de leur qualité : ils n’apportent rien à la conversation, n’étant qu’un relais vide de sens. Comme pour tout média, le droit de citation existe sur les blogs, et l’exigence de qualité ne doit amener la (courte) citation que pour mieux la discuter, non pour avoir sur son blog les mêmes mots-clefs que sur tant d’autres blogs ciblés « buzz ». Plus prosaïquement, le contenu d’un site étant une œuvre de l’esprit, il entre dans le cadre de la propriété intellectuelle. De fait, reprendre un contenu sans autorisation explicite de l’auteur peut s’apparenter à du piratage…
A sa décharge, notre camarade de jeu n’affiche aucune publicité sur son blog, et c’est tout à son honneur.
Nonobstant, je me propose par la présente de reprendre le contenu de notre jeune (j’imagine) ami, et mot à mot cette fois, afin de réaliser une autre démonstration, comme ça, juste pour faire le jeu du miroir…
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Allons-y pour le découpage en tranches (basée sur cette sauvegarde de l’article, datant du 6 juin)…
WordPress 2.8 disponible la semaine prochaine ?
Son titre. J’avais choisi le plus généraliste « Nouvelles du front« , mais cela ne fait sans doute pas assez buzz pour monsieur. J’ai utilisé pour ma part « WordPress 2.8 sortira la semaine prochaine » comme titre de seconde partie ; il l’a préféré, en lui adjoignant le point d’interrogation final, celui-là même qui a fait les douces heures de plus d’un article de TechCrunch – monsieur a appris avec les meilleurs !
A comparer avec mon propre choix. Possible l’un des seuls travaux d’investigation réalisés pour son article, il en est néanmoins resté à une slide de la présentation de Matt, lors du WordCamp de Hong-Kong. Là où j’ai préféré une image qui informe, il a choisi une image qui illustre. Soit.
A son crédit, on pointera du doigt qu’il utilise une image placée sous Creative-Commons en donnant correctement ses crédits, là où je ne fais que faire un lien direct (ouille) vers une image avec un copyright (horreur ! malheur !). Là où son bât blesse, c’est que l’image qu’il a choisie est en CC-SA (pour Share-Alike : celui qui utilise l’image doit le faire dans une oeuvre étant également en CC-SA), tandis que son blog est en CC-BY-NC-SA (Attribution, Non-Commercial, Share-Alike). Vu que je suis un peu fautif sur le thème des licences d’image ici, j’en resterai là.
On l’attendait initialement en mars, puis en avril, c’est finalement la semaine prochaine, le 10 juin, que WordPress 2.8 devrait finalement sortir.
Simple combinaison de mes « rappelons que la date initiale était fin mars, puis en avril, puis…) » et « Sauf problème majeur, WordPress 2.8 devrait sortirai mercredi prochain, le 10 juin. » Admirez, cher public, la parfaite copie des liens. Je suis déçu, il n’a pas repris ma mise en gras…
Une sortie qui s’est donc fait attendre, mais dont les raisons se comprennent facilement.
Rien à redire, a priori.
Bien qu’à l’époque l’information n’était pas encore connue du grand public, il s’avère que WordPress.org et WordPress MU (pour Multi Users) vont bientôt fusionner en une seule et même entité. Les codes des deux projets étant assez proches, il n’était plus justifié de développer les deux projets en parallèle.
Ici, il repique de toute évidence, mais à sa sauce, ce début de paragraphe : « Cette annonce – assez logique vu combien le code de WPMU est désormais proche de celui de WP – a été faite par Matt (…) ».
Or, si la fusion de WordPress.org et de WordPress MU n’est tout de même pas pour demain (certains évoquent WordPress 3.0 comme cap pour rendre effectif cette réunion), les responsables estiment qu’il faut d’ores et déjà préparer le code et les outils pour que cela se passe dans de bonnes conditions.
D’où les reports successifs de WordPress 2.8 pour résoudre un maximum de bugs et valider un certain nombre d’améliorations.
Ca se complique un peu, il reprend plusieurs points, je pense :
tout d’abord, « l’annonce est faite, tout le reste n’est que spéculation à l’heure actuelle » ;
ensuite, « Matt aurait dit (j’insiste sur le conditionnel) de “faire attention à la version 3.0″ » ;
enfin, « C’est tout d’abord dû aux quelques remises à plus tard de la date de sortie (…), ce qui a permis d’avoir plus de temps pour résoudre plus de tickets, mais c’est également dû au travail incessant de quelques fervents développeurs tiers dévoués à l’amélioration du projet« .
La partie du milieu est une transition assez maligne, mise en place pour intégrer correctement les deux parties clairement distincte de mon texte. Ainsi, là où je parle de la réunion de WP et WPMU puis fait mon laïus sur le nettoyage du code de WP, en supposant que finalement les deux sont sans doute liés ; lui prend clairement le parti de lier les deux, comme si c’était une évidence. Quel grand écrivain il ferait. S’il avait une réflexion personnelle, je veux dire. LOL, comme y disent les jeunes de nos jours.
Rappelons par ailleurs qu’en tant que version majeure du développement de WordPress, la 2.8 a reçu pas moins de 785 tickets ouverts selon l’outil Trac.
Attention, ici commence la partie où il reprend à son compte tout ce que j’ai pris le temps de compiler grâce à mes visites sur le Trac (sait-il seulement de quoi il s’agit ?). Ca vient de là : « Parmi toutes les versions majeures de WordPress recensées sur l’outil Trac, la 2.8 est celle qui a vu les plus de tickets ouverts (plus de 800), et surtout celle qui a vu le plus grand nombre de tickets fermés, donc de bugs résolus ou d’améliorations validées : 766 au moment où j’écris ces lignes. »
Devant l’ampleur de la tâche, deux mois supplémentaires pour améliorer l’application n’était pas de trop.
WOW, une réflexion personnelle ! Color me surprised! On passera sur le pluriel manqué…
Au final, à quelques jours du lancement de WordPress 2.8, 98% des tickets ont été fermés (donc résolus) soit 773 sur 785. Ne reste qu’à s’occuper des 12 tickets restants.
OMG, il a cliqué sur le lien pour mettre à jour les chiffres que je donne (« le plus grand nombre de tickets fermés, donc de bugs résolus ou d’améliorations validées : 766 au moment où j’écris ces lignes« ) ! Par ailleurs, il a sorti sa calculette magique ; ce type est un génie ! Pourquoi n’y ai-je pas pensé ?!? Quelconquelconquelcon !
Cette nouvelle mouture est donc sans doute l’une des plus saines et des plus stables de toutes les versions de WordPress.
Polom pom pom… « Au final, la 2.8 sera sans doute l’une des versions les plus propres de ces dernières années, et les versions suivantes profiteront certainement de ces fondations saines. »
Par ailleurs, en plus d’un nettoyage complet du code avec la résolution de tous les problèmes, les outils pour son fonctionnement doivent aussi évoluer.
Nouvelle habile transition pour caler une autre partie, totalement distincte, dans le flux de sa réécriture. Y’a pas, il s’y connait en falsification ; si je devais imprimer des euros en quantité industrielle, je l’embaucherais direct, mec.
Pour fonctionner, le logiciel (WordPress 2.7 et 2.8) a besoin au minimum de PHP 4.3 et MySQL 4.0 (respectivement sortis il y 7 ans et 6 ans).
De mon côté, « A l’heure actuelle, WordPress 2.7 (et donc 2.8) requiert au minimum PHP 4.3 et MySQL 4.0, respectivement sortis il y 7 ans et 6 ans« . Hé, t’as vu, moi aussi j’ai fait péter la calculette magique, truc de ouf.
Mais à l’avenir, il faudra faire évoluer le langage de scripts et le système de gestion de base de données.
C’est beau, on croirait lire le rapport de stage d’un consultant en informatique, didon…
Ainsi, pour la version 2.9, WordPress recommandera sans doute PHP 5 (sorti il y a 5 ans) et MySQL 4.1.3 (idem).
Méga-combo texte, lien, bévues et boulettes !
« la prochaine version majeure de WordPress, WP 2.9, requerra MySQL en version 4.1.2 au minimum » ;
« La version de MySQL qui sera requise pour faire tourner WordPress 2.9, la 4.1.2, est quant à elle sortie il y 5 ans presque jour pour jour » ;
« La version de PHP qui pourrait un jour être requise pour faire tourner WordPress, la 5.0, date elle aussi d’il y a 5 ans presque jour pour jour.«
Pinaise, ce mec est plus efficace que le Konami Code ! Bon, dans sa hâte à faire du copier-coller, il s’est pris les pieds dans le tapis et affirme que WP 2.9 requerra PHP5. Erreur de débutant, sans doute. Ou de mec qui n’y comprend rien à ce qu’il dit et se dépatouille avec ce qu’il trouve sur Internet. J’vous l’dis moi, ce mec finira consultant !
Vu l’ancienneté de ces outils, il est tout de même fort probable que les hébergeurs supportent cette évolution.
Ah, là je pense qu’il est allé chercher dans les commentaires de mon article, peut-être celui de CUI : « Je pense que si WP imposait le passage à php5, ça les [les hébergeurs web] ferait bouger un peu ! »
Discuss.
Mais au cas où, des tests seront ajoutés à l’outil de mise à jour automatique pour s’assurer que seuls les utilisateurs disposant de MySQL 4.1.3 pourront récupérer effectivement WordPress 2.9. Dans le cas contraire, il leur sera proposé de contacter leur hébergeur pour s’enquérir de la situation. Même chose pour PHP 5.
On termine en douceur, par un petit duo :
le plus gros vient de toute évidence de cette phrase : « Dans cette optique, des tests seront ajoutés à l’outil de mise à jour automatique pour s’assurer que seuls les utilisateurs disposant de cette version de MySQL pourront récupérer la 2.9, les autres recevant un message leur suggérant de contacter leur hébergeur à ce propos. » ;
la dernière phrase est un résumé rapide de cette autre phrase : « De la même manière, l’outil de mise à jour automatique de WordPress 2.9 se verra ajouter des tests pour afficher un message aux utilisateurs encore sous PHP 4, leur recommandant de passer à PHP 5 (sans pour autant l’imposer).«
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Allez, je me sens en veine ce soir, je faire une représentation graphique de tout ça ! PH34R MY WR47H, N00B !
Side-by-side comparison, dude!
Tout d’abord, saluons l’effort indéniable de concision :
Ah, ça, il aurait cartonné au Bac français s’il avait choisi l’épreuve « Résumé de texte ».
Mais comme j’ai dû temps à tuer (en fait non, mais il pleut aujourd’hui, et ça m’amuse de perdre quelques minutes sur ce genre futilité), je vais pousser mémé dans les orties. BEHOLD MY GIMP LEETNESS!
C’est là que l’on se rend compte :
J’ai voulu écrire un article rapide, en fait il est plutôt carrément long – étrange, venant de ma part (ironie inside) ;
Il a vraiment pioché à droite à gauche pour reconstruire l’article de toutes pièces.
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Mais bon, je dois m’estimer heureux : il respecte a peu près la licence de l’article (CC BY-NC-SA : il fait un lien vers l’article original, son site n’a pas de pub et il utilise la même licence pour son contenu), mais en plus il a fait l’effort (rendons à Fanny ce qui est à Marius) de le rendre plus concis, prenant les points essentiels et faisant fi des digressions inutiles. En cela, notre ami fait montre d’un certain talent dans la falsification.
Du coup, en parcourant ses articles, on en vient à douter du personnage : tout son blog n’est-il que copie de ce qu’il trouve ailleurs ? Sûrement pas, mais tout comme les billets sponsorisés mettent à mal l’ensemble de la blogosphère, il suffit de quelques articles repompés pour jeter le doute sur l’ensemble du blog…
Faites ce que je dis, pas ce que je fais, en somme.
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Redevenons sérieux pour le grand final, si vous le voulez bien.
Information capitale : l’article original (« le mien article », comme on dit) est sous licence Creative CommonsBY-NC-SA, tout comme l’article réécrit (les deux sites partagent la même licence – et pour cause). Notre camarade de jeu pour ce soir a donc a priori respecté la licence à la lettre : attribution, pas de pub, même licence – comme je l’ai déjà dis plus haut.
What are moral rights, and how could I exercise them to prevent uses of my work that I don’t like?
In addition to the right of licensors to request removal of their name from a work when used in a derivative or collective they don’t like, copyright laws in most jurisdictions around the world (with the notable exception of the US except in very limited circumstances) grant creators “moral rights” which may provide some redress if a derivative work represents a “derogatory treatment” of the licensor’s work. Moral rights give an original author the right to object to “derogatory treatment” of their work; “derogatory treatment” is typically defined as “distortion or mutilation” of the work or treatment that is “prejudicial to the honor, or reputation of the author.” Creative Commons licenses (with the exception of Canada) do not affect any moral rights licensors may have. This means that if you have moral rights as an original author of a work, you may be able to take action against a creator who is using your work in a way you find objectionable. Of course, not all derivative works you don’t like are necessarily “derogatory.”
Je n’ai bien entendu aucune intention de m’en prendre à notre malfaiteur. Juste, je voulais vérifier que j’étais en droit d’être… comment dire… « surpris » ?… « outré » ?… de voir qu’on pouvait s’octroyer le travail d’un autre juste en faisant un bête lien.
Tiens, parlons-en, de ce lien « Via » qui, je l’avoue, est un peu à l’origine de mon ire. Le texte dit :
How do I properly attribute a Creative Commons licensed work?
If you are using a work licensed under one of our core licenses, then the proper way of accrediting your use of a work when you’re making a verbatim use is: (1) to keep intact any copyright notices for the Work; (2) credit the author, licensor and/or other parties (such as a wiki or journal) in the manner they specify; (3) the title of the Work; and (4) the URL for the work if applicable.
You also need to provide the URL for the Creative Commons license selected with each copy of the work that you make available.
If you are making a derivative use of a work licensed under one of our core licenses, in addition to the above, you need to identify that your work is a derivative work, ie. “This is a Finnish translation of the [original work] by [author]” or “Screenplay based on [original work] by [author].”
Et paf. En gros, notre pirate numérique n’a pas respecté les règles d’attribution. Pourtant, il l’a fait correctement au moins une fois : en bas de sa section « Mentions légales », on découvrira à loisir cette mention : « Version librement adaptée des Mentions légales publiées sur WordPress-FR.net« . (nous avons affaire à un habitué de WPFR, en somme 🙂 ).
Cela étant, j’ai l’impression que même dans ses mentions légales dûment attribuées, il a repris du texte : la section « Publication de commentaire », que l’on retrouve telle quelle chez Embruns, ainsi qu’un peu sa section « Cookies », hein, avouons-le 🙂
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Ma conclusion sera donc multiple :
Créateurs de contenu qui décidez de placer celui-ci sous licence CC : soyez conscient de ce que vous faites et de ce que cette licence implique, faites attention à la licence que vous utilisez et indiquez-le clairement et visiblement, et utilisez une licence Non-Derivative (BY-ND ou BY-NC-ND) si vous ne voulez pas voir votre création modifiée/récupérée par d’autres sans votre accord explicite ;
Utilisateurs de contenu CC : faites attention à ce qu’implique une licence, et respectez au maximum l’auteur original – notamment en le nommant, et en indiquant clairement qu’il s’agit d’une modification d’un travail original.
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Au final, rien ne se perd, rien ne crée : tout se transforme. Et j’écris cela avec d’autant plus de conviction qu’Antoine-Laurent de Lavoisier est mort depuis des lustres, et donc que son œuvre est dans le domaine public.
Merci mon gars, je me suis bien amusé en écrivant mon article, j’avais besoin de ça pour m’y remettre 🙂 Par contre, sois plus prudent à l’avenir ! 😉
That’s the 7 o’clock edition of the news, goodnight.
Ça fait un bout de temps que je n’ai pas écrit ici. Mais je n’ai pas arrêté d’écrire pour autant.
Ecrire un livre
C’est pas facile. Ca prend du temps (beaucoup. beaucoup plus qu’on ne le pensait à départ). Ca demande une attention particulière aux détails les plus infimes – surtout quand on veut du travail bien fait, surtout quand on écrit sur une version qui n’est même encore prête. Ca nécessite plusieurs centaines de mails, surtout quand on bosse à trois, chacun dans une région différente.
Et surtout, tout ceci est fait pour l’amour de l’art : déjà qu’un livre se vend peu, imaginez un livre technique ; maintenant, divisez cela par le nombre d’auteurs (pour simplifier) 🙂 Bref, il faut aimer son sujet, car même nous, au bout de six mois de préparation et de rédaction, nous en venions à détester notre sujet et à nous énerver les uns et les autres. Mais nous en sommes sortis vivants ! 🙂
Pour la petite histoire
Ce livre a eu une genèse longue est difficile. L’éditeur avait tout d’abord contacté WPFR afin de faire une validation technique de la traduction d’un livre en anglais. Malheureusement, le livre était écrit pour WordPress 2.3, et la version 2.5 venait de sortir, avec la nouvelle interface que nous connaissons. Il ne s’agissait donc plus d’une validation, mais également d’une réécriture (notamment parce que nous estimions le livre très faible techniquement), ce pour quoi nous n’avions pas le temps.
Le projet a alors échu à Francis, qui a accepté de réécrire les parties nécessaires, mais s’est vite retrouvé à devoir réécrire totalement le texte, ayant remarqué comme nous les faiblesses de l’ouvrage. Arrive le WordCamp Paris, et Francis raconte ses mésaventures à Amaury et moi-même. Le voir réécrire un livre dont tout l’honneur reviendrait à l’auteur original nous semblait démoralisant, aussi lui avons-nous promis de le soutenir s’il proposait à Pearson de carrément leur écrire un livre complet et techniquement correct, plutôt que de sortir la réécriture de la traduction d’un livre médiocre…
On n’a pas eu longtemps à discuter : mi-juin, le projet était signé, avec le mois de novembre en objectif de sortie – donc le texte complet rendu fin août… Mais rapidement, on s’aperçoit que les développeurs de WP comptent à nouveau revoir entièrement l’interface, via l’étude CrazyHorse. Dilemme : si l’on doit rendre notre texte fin août, on ne peut prendre en compte que WP 2.6, alors que le bouquin sortirait à quelques jours de WP 2.7 – et donc serait obsolète avant même sa sortie !
L’idée initiale est donc d’écrire pour la 2.6, tout en prévoyant un chapitre à part à propos de la 2.7. Mais rapidement, on se rend compte qu’il n’est pas possible de sortir un livre basé à 95% sur une version dépassée. Commence alors la valse des reculs de la date de remise du texte : de fin août, cela passe à la mi-octobre, puis début novembre, tandis que la date de publication est repoussée à mi-décembre, puis début janvier (tant pis pour Noël). Nous sommes obligés de faire en fonction des prévisions de sortie de cette fameuse 2.7, car comme pour tout projet open-source, la 2.7 sera prête « quand elle sera prête »… sans compter que l’on veut aussi fournir un CD-ROM avec le livre, avec l’archive de WP dessus… Mais par chance, Pearson est un bon éditeur qui veut sortir un bouquin de référence, pas « un livre sur WordPress parce que le sujet est vendeur », donc nous parvenons à faire valoir nos arguments – à vrai dire, l’éditeur tout comme les auteurs sont ici liés au bon vouloir des développeurs de WP…
Ajoutons à cela la nécessité d’harmoniser après-coup les styles de chacun afin de ne pas avoir un contenu trop disparate, le fait de devoir appliquer des feuilles de styles spécifiques, de faire quelques centaines de captures d’écrans, espérer les préfaces et prologues de Matt et Michel, gérer les vacances, maladies et impératifs familiaux de chacun, et enfin la nécessité de traduire toutes les préversions de WP 2.7 quasiment au jour le jour afin de faire de captures en français (et découvrir que « feature freeze » ne signifie certainement pas « design freeze »), et vous comprendrez que nous sommes parvenus épuisés à la fin du parcours (au point d’en voir certains craquer et écrire « WordPress me tape de plus en plus sur les nerfs ces derniers temps… (…) Feraient mieux de prendre exemple sur Habari pour ça… ou même dotclear…. » 🙂 ), et sommes maintenant très heureux de voir cet objet enfin accessible à tous.
Ce livre, c’est le résultat de nombreuses heures de travail, et presque une année de conception et de décisions fatidiques, donc quelques mois de rédaction pure. Après coup, on aurait certainement pu améliorer tout notre processus en préparant mieux notre travail, mais vu que nous devions écrire un livre sur une version en cours de développement (d’où lecture quotidienne du Trac de WP, par exemple), je pense que nous nous en sommes très bien sortis.
Un grand merci, donc, à notre éditrice Patricia Moncorgé pour avoir chapeauté ce projet depuis le début en supportant les hauts et le bas de nos conditions d’écriture, ainsi qu’à Amandine Sueur du service éditorial de Pearson pour avoir fait un énorme travail de vérification, ainsi que notre correctrice Béatrice Hoareau d’être passée derrière nous…
Saluons au passage Stephanie Booth, qui nous a bien aidés en officiant comme relectrice et bonne conseillère sur l’ensemble du projet, et aussi François Houste, qui avait écrit une introduction spécialement pour le projet initial de traduction passé à la trappe, introduction qui devrait être publiée sur son site 🙂
Au final
Le classement change toute les heures, mais c’est sympa de voir ce genre de chose 🙂
Lâchez les coms chez Amazon ! 🙂
Mise à jour du samedi 17 : allez, on peut arriver au top 50 des ventes ! 🙂